Ponçage des rivets, tube et
butée afin de les ramener à hauteur de palquette. Il faut
y aller doucement
avec de nombreuse pause pour ne pas brûler le bois (le
ponçage fait chauffer le métal). Puis montage
à blanc.
J'ai normalisé trois fois la lame à 830, 815 puis
800°C. Avec la remontée en température incluse, la
lame a séjourné chaque fois 2'30" dans le four (la
première remontée a duré 1', les deux autres 45"
à chaque fois). Refroidissement à l'air en faisant de
grands moulinets jusqu'à ce que la lame soit à nouveau
noire avant de repartir au four (sauf à la fin où je l'ai
laissé sur l'étau, posée sur le dos).
J'en ai profité pour laisser l'axe dans le four éteint
porte fermée afin de lui faire subir un recuit.
J'ai recouvert la lame d'une fine couche de boue argileuse dans le but
de limiter le "voile" gazeux isolant
au moment de la trempe. Pas facile aux doigts, je me suis aidé
d'un pinceau en me concentrant surtout
sur le premier tiers de la lame. Idéalement la couche fait 0,1
à 0,2 mm d'épaisseur.
La boue sèche, j'ai ensuite mis une couche de colle
mastic réfactaire sur les deux tiers supérieure
de la lame. Il s'agit de préserver cette zone d'une trempe trop
sévère afin d'avoir une trempe dite
sélective (avec une jolie ligne révélée
plus tard): le but c'est d'avoir un dos de lame assez "souple"
pour la résilience et un tranchant dur pour la tenue du fil.
Je voulais employer la recette de Gérard Heutte à savoir
un mélange d'argile, de sable et de charbon de bois
mais j'ai retrouvé ma colle mastic réfractaire qui
m'avait servi à coller les briques de mon four de
trempe. Autant s'en servir, il m'en reste plein et il ne sert plus
à rien. La couche fait environ 3 mm
d'épaisseur après séchage et un coup de râpe
à bois. (Excusez la qualité de la photo)
J'ai mis l'ensemble à 790°C pendant 3'30", remontée
en température après ouverture de porte incluse
(la remontée a duré 1'35"). Puis trempe dans l'eau de
pluie à 22°C. La lame a fait pschitt pendant au
moins 10 bonnes secondes. Au sortir la gangue de réfractaire
s'est détachée toute seule. La couche
de boue argileuse semble bien marcher pour diminuer/éviter le
voile gazeux. Lame intacte, aucune
fissure. Je l'ai placé ensuite dans mon congélateur vers
-20°C.
Pour éliminer encore davantage d'austénite
résiduelle, après 25 minutes à -20°C, j'ai
encore abaissé
la température de la partie très trempée du
tranchant (premier tier de la hauteur de lame) avec un
spray réfigérant à -52°C.
Ensuite séjour 60 minutes à 200°C (avec mon
thermomètre étalonné dans le four; on ne peut pas
toujours faire confiance à l'indication du four mais dans mon
cas entre 150 et 200°C, mon four
de cuisine Siemens est étonnament précis en mode air
pulsé/chaleur tournante)
Nouveau séjour à -20°C pour 20 heures (25 minutes
suffisent mais je suis allé dormir).
Dernier séjour de 55 minutes à 200°C.
Et encore un séjour à -20°C pour 24 heures (encore
une fois 25 minutes c'est assez mais là je suis parti en
weekend).
Voici la lame après tous ces traitements. La photo rend
très mal, mais le premier tiers de la lame
a des reflets jaunes, ce qui correspond bien à un revenu aux
alentours de 200°C. Comme le reste
n'a pas vraiment pris de couleur j'en déduis que la trempe n'a
pas prise avec la même intensité.
Ponçage de la lame jusqu'à P2500 puis aux disques
à polir avec de la pâte 6.5 et 2 microns.
Ajustage du dos de la lame avec le dos du manche.
Gravure électro chimique du logo.
Ici avec un process un peu amélioré et tellement rapide
que les
bords nets du logo ont été ratés.
Pour gagner du temps, au back, chanfreins à 45° sur les
bords du manche.
Avec le lapidaire de mon vieux petit combiné j'ai fait des
chanfreins à 45° à l'avant également.
Puis on arrondi patiemment à la main tous les chanfreins avec
des allers-retours de fines bandes
abrasives de P80, P120 et P180.
Après un nettoyage du bois et montage de la lame, immersion sous
dépression
dans du durcisseur de bois. La dépression aide le produit
à pénétrer très
profondément dans le bois (noyer et samba que je trouve pas
assez dense).
C'est la recette pour obtenir du bois dit stabilisé. J'ai
monté la lame afin que
par absorption la zone du pivot ne gonfle pas trop: je me dis que la
lame fera
un peu barrage au durcisseur. Pour le noyer, 8 heures ont suffit pour
qu'aucune
bulle d'air ne s'échappe plus du bois.
Après retrait, il faut compter au moins 3 heures de
séchage, puis on peut passer de la paille de fer
afin de lisser / casser les fibres du bois qui se sont
redressées sous l'effet du liquide. Le noyer s'est
sacrément assombri, sa couleur est plus profonde.
Le début des finitions: petit coup de papier de verre
très fin (P1000) puis polissages successifs aux
disques de coton avec des pâtes de 40 et 2 microns. Le bois se
salit souvent entre les diverses étapes
de polissage. Il faut toujours le nettoyer avant de poursuivre.
J'utilise pour cela du décireur pour bois.
L'essence de térébentine doit faire le même effet.