Le passage dragonne est plus petit que sur le manche car sinon il ne
resterait pas assez de matière
au bout de la plaquette (fragilité éventuelle). Poids
avec manche 96 g (nu 72 g).
En toute objectivité, le grip est excellent, le confort aussi.
Les plaquettes sont environ 0.25 mm en
retrait du bord du manche. Je l'ai fait volontairement pour
l'esthétique. 0.5 mm serait peut-être mieux.
Mais quelque chose ne va pas: visuellement le manche semble bien trop
petit par rapport à la lame.
Ça n'a pas l'air équilibré comme dessin. Il aurait
peut-être fallu prolonger les plaquettes de 10 mm
vers la pointe ou alors les réduire façon Izula pour
redonner de la "beauté" sous forme de "contraste"
visuel. Bref je ne suis pas satisfait esthétiquement. C'est
dommage après tout ce travail.
24-SEP-2011:
Jeu à domicile, la Chine contre l’artisanat 1:0
A son retour de vacances en Espagne mon frère
est passé par Thiers et sa région. Il m’en a
ramené un petit pliant, à friction, avec ressort, manche
en bois et une mitre acier. Ce type s’appelle l’Alsace,
l’Alsacien ou le Massu selon mes recherches.
Il l’a acheté chez un artisan
coutelier, reconnu et qui serait un personnage haut en couleur. Tant
mieux. Notre sympathique bonhomme a même un joli site Internet.
Ses créations sont sympa, parfois inventives et bien
léchées. Les prix commencent à 120 EUR environ.
Mais mon couteau est plutôt un entrée
de gamme. Après torture, mon frère m’a avoué
l’avoir payé environ 20 EUR. Contrairement à moi,
mon frère n’est pas radin mais musicien chômiste de
son état, il ne le chie pas le pognon. Personne ne lui en veut
pour autant. Un jour je vous donnerai un lien vers sa page myspace. Je
le trouve doué avec sa guitare mais il faut l’observer en
secret. En public, j’ai l’impression qu’il perd un
peu ses moyens. Mais il s’entraine et je sais que cela va finir
par payer. Mais nous parlions de couteau...
Hier soir je l’ai examiné de
près pour la première fois, ce couteau. Ma critique va
être féroce et je m’en veux. Du coup je
préfère ne pas citer de nom. Ce Type ne mérite
sans doute pas ma vérité crue. Je suppose que ce couteau
existe parce qu’il faut un produit d’entrée de gamme
pour une certaine clientèle. Je pense sincèrement que ses
créations "normales" font certainement honneur à sa
réputation.
La conclusion est que si on veut aller se battre
contre la Chine il ne faut pas aller sur leur terrain mais faire en
sorte qu’eux ne puissent venir sur le vôtre. En clair,
à faire du bas de gamme nos Tinois sont les meilleurs. Pour
qu’un Français tire les prix vers le bas en faisant tout
dans notre beau pays, il faut
- Des matières bon marché (acier carbone type XC75, bois
de rose)
- Le moins de main d’œuvre possible et s’il y en a,
que ce soit l’apprenti avec max 1 minute par couteau
- Le plus de choses réalisées par de l’outillage
avec du "rendement".
Le couteau en soi
Livré avec une petite housse bas de
gamme, mais l’attention est charmante. Acier au carbone pour la
lame, le ressort et la mitre. Ça rouille. Neuf mon exemplaire a
des traces de corrosion au dos de la lame. Comment voulez-vous
appâter le client avec ça? Vous regardez les femmes moches
dans la rue vous? La lame n’est pas droite. Les émoutures
ne sont pas dans l’axe de la lame et ne semblent pas avoir le
même angle. Comme si elles avaient été faites
à main levée. Bizarre. Je suis pourtant sûr que le
brut de la lame est découpé dans une bande d’acier.
Pour le façonnage je m’attendrai à un petit montage
fixe qui va et vient devant une meule. Celui-ci doit être
géométriquement complètement
déréglé.
Pour les traitements thermiques, le prix est bas
tant qu’on peut mettre des centaines de lames dans les
mêmes fours et bains. Je ne vois aucun problème de ce
côté sur le couteau. Après il faut encore polir les
lames et finalement les affûter. Mon exemplaire est incapable de
couper du papier. La loupe révèle un tranchant avec une
largeur très irrégulière et un état de
surface très rugueux.
Au niveau du pivot il y a beaucoup trop de jeu. La
forme du manche est bien ajustée aux platines mais tous les
arrondis ont des "méplats" un peu partout. Il manque soit le
coup de main ou le temps. Je ne voudrai pas que ce couteau porte
mon nom sur la lame.
C’est le plus mauvais de tous mes couteaux.
Même le truc de Taiwan à pompe arrière et lame inox
de ma caisse de chantier du bâtiment est mieux: il n’est
battu que pour le manche. Son acier, sa mécanique, son
affûtage d’origine sont de loin meilleurs. Quand on voit ce
qu’on a chez Opinel mais surtout chez SRM pour 10 à 12 EUR
port compris par le Net en provenance de Chine (lame inox milieu de
gamme sans défaut et très bien affûtée
d’origine, cran d’arrêt par platine bloquante, pivot
réglable avec rondelles laiton et Téflon,
entièrement démontable, manche toute matière
très bien ajusté, clip, passage dragonne) et grâce
à un cour du dollar avantageux, on se dit qu’il vaut mieux
ne pas faire d’entrée de gamme en Europe et sous son nom
au risque de voir juger le reste de sa production à l’aune
de ce produit. La conséquence c’est que cela risque de
faire hésiter une clientèle qui se sentirait des envies
de montée en gamme.
Je m’en veux de ce jugement
sévère mais c’est la vérité.
T’es qu’un salaud i4. J’avoue également que si
je faisais ce couteau moi-même, le résultat serait sans
doute bien pire! Par contre je ne vais pas le jeter avec l’eau du
bain. Je vais refaire l’affûtage avec mon support pour
donner un angle correct et constant, puis aller jusqu’au
tranchant rasoir poli miroir et ça fera un très bon outil
pour ouvrir cet hiver les sacs de granulés (65 !) de mon futur
poêle du même tonneau.
Addendum du 26-SEP-2011:
j'ai affûté le couteau à environ 22°. Coticule
et cuir, bref la totale avec le poli miroir. Pourtant il y a encore des
refus de coupe par endroit sur le tranchant. La loupe
révèle la cause. Par endroit sur le fil, il manque de la
matière. C'est comme si de temps en temps un gros grain d'acier
s'en allait lors de l'affûtage. Le traitement thermique semble
mal maitrisé. Il a laissé de gros grains se former alors
que son but est justement d'affiner le grain. Cette lame est
restée trop longtemps à haute température avant la
trempe.
26-SEP-2011
Au boulot j'ai pu trouver des vis FHC M4-10-10.9
brunies. Un collègue m'a suggéré que des vis
noires seraient peut-être plus esthétiques sur le BK14. Il
a juste fallu les raccourcir.

Le noir des vis rappelle le revêtement de la lame.
Sinon je me suis également aperçu que
les plaquettes glissent un peu latéralement sur le manche
malgré le serrage énergique. J'ai donc
décidé
d'ajouter des petits rebords de centrage et de maintien au dos des
plaquettes, comme sur l'Izula. Décidément il est parfait
ce produit. J'ai enduit l'intérieur du manche de vaseline tout
en plaquant une plaquette. Puis j'ai "coulé" un peu de
résine époxy (souvent baptisée "Araldite"; c'est
comme Frigidaire) par endroits. J'espère réussir un
démoulage facile demain.

Maintien par une pince. J'ai placé la colle avec une allumette.
27-SEP-2011
J'ai voulu "démouler" ma plaquette avec
son "centrage" en époxy. L'époxy adhère au couteau
malgré la vaseline. Essayez de coller volontairement un objet
à peine gras car mal nettoyé. Jamais ça ne marche.
Ici ce truc dégouline de couenne et ça tient! J'ai ouvert
le montage comme une huître. Patatras! L'époxy est
restée sur le couteau et pas sur la plaquette! J'ai donc
décollé l'époxy du couteau (assez facile grace
à la vaseline, mais ça tient plutôt bien) et j'ai
rendu rugueuse la surface de la plaquette avec la Dremel et une mini
fraise "boule". Et à nouveau, collage.

L'époxy colle vraiment bien même sur des surfaces
"suboptimalement" préparées...