Coutellerie


"Never go anywhere without a knife"


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10-DEC-2011

     Après plusieurs jours de séchage dans un endroit chaud (le sommet de mon ballon d'eau chaude sanitaire), j'ai assemblé la pelle par coincement et j'ai ajouté trois vis à bois.


Le jean c'est ce qui reste de mes tentatives de micarta sur cette base. Je vais essayer d'en faire un étui grossier pour protéger le coffre.


15-DEC-2011

    Premiers essais de traitement thermique. Le but c'est de faire des recuits. Une opération sans doute inutile dans l'état de livraison de mon XC75. Le but du recuit est, dans mon cas précis, d'affiner le grain de l'acier. Plus il est fin (en gros la "résolution" de la matière), meilleure sera la solidité du couteau, la trempe (durcissement) devant "figer" cette structure. La finesse du grain permet aussi d'avoir un tranchant fin. Je sais je me répète mais il faut penser en terme de résolution au niveau du tranchant. Plus les "pixels" sont fins, plus j'arriverai à obtenir un sommet de tranchant "pointu" après affûtage.

    Le recuit c'est parce que pendant les opérations de fabrication du couteau (perçage, ponçage) l'élevation de température a pu faire s'agglomérer localement des grains en des grains très gros. Le but est donc de "casser" les gros grains. Il suffit de chauffer un peu au dessus de la courbe AC3 (fer gamma ou alpha? C'est ça de n'avoir pas suivi les cours de métallurgie avec assiduité à l'école) c-à-d vers 820°C et de laisser refroidir lentement à l'air ambiant. J'ai fait deux recuits ce soir. Le couteau ne s'est absolument pas déformé.

    Le reste des essais avait pour but de voir
- si ma lampe à souder Camping Gaz (modèle Soudogaz T206 - 1750°C selon le fabricant) est capable d'atteindre la température nécessaire,
- comment fonctionne ma petite zone de travail en briques réfractaires et
- de trouver à partir de quelle couleur on atteint le point de Curie (perte de magnétisme vers 795-800°C sur les aciers je crois). Pour de l'XC75 c'est un peu au dessus de cette température qu'il faut aller avant la trempe. Disons 820 à 850°C. Il faut y rester juste le temps que tout le couteau prenne cette température avec prépondérance du tranchant et de la pointe. N'ayant aucun instrument de mesure pour des températures si élevées mise à part la couleur, un aimant est un bon indicateur "a pas cher".


Voici le dos de la couverture d'un petit livre de poche technique allemand. Il s'agit
d'une sorte de pendant du Mémento de technologie automobile Bosch publié par
INA (roulements à billes) uniquement axé sur la mécanique générale. Je l'ai ramassé
dans un salon professionnel le 03-NOV-2000 d'après mes notes; il était gratuit.
Colonne de gauche la couleur des aciers en fonction de leur température (utile pour la trempe).
Colonne de droite couleur des aciers après revenu à la température indiquée.


    Résultats
- je ne vois pas de rouge cerise: il y a un rouge très sombre où l'aimant colle encore, puis très rapidement un début d'orange où l'aimant ne fait plus rien. C'est cette couleur que je vais tenter d'atteindre
- mon mini four en briques réfractaires semble assez efficace mais j'ai tout de même mesuré près de 200°C en pointe de l'autre côté des parois fines
- difficile voire impossible d'avoir une couleur/température homogène du couteau même avec l'embout qui sert de décapeur (flamme plate); je tacherai donc de me concentrer sur le tranchant et la pointe
- le couteau est chauffé par le dos de la lame (partie épaisse) et il est posé sur deux écrous afin de limiter au maximum le contact avec la brique (qui bien que réfractaire a sans doute une conductibilité thermique meilleure que celle de l'air)


Lampe à souder, briques réfractaires, pince, aimant, thermomètre infrarouge (max 320°C).
Le bac à huile est juste sous le "four".



Je travaillle dans le noir complet pour bien voir la couleur. Il fait 12°C dans le garage mais le feu réconforte psychologiquement. Impressionnant!

   
17-DEC-2011

    J'ai tenté la trempe et le revenu en fin d'après midi. Aucune photo car j'ai dû faire vite. Vous m'excuserez pour une fois. J'ai fait chauffé mon bidon d'huile de vidange sur ma gazinière à environ 60°C et je l'ai posé juste à côté de mon "four" en briques réfractaires. Puis j'ai chauffé la lame au rouge (car c'était impossible avec tout le couteau), test avec l'aimant de temps en temps et pschiit, rapidement dans le bac à huile en remuant. Ça fume blanc mais pas de flamme.

    Un coup de lime sur le tranchant pour voir si la trempe a prise. La lime enlève le métal avec un peu de difficulté mais je ne crois pas que la trempe ait atteint les 63 HRc théorique du diagramme de l'XC75. Pour finir j'ai mis la lame dans le four de ma cuisine pendant une heure à 220°C en position chaleur tournante (j'avais prévu 240 initialement mais vue la faible dureté obtenue...). C'est le revenu. Le plus étonnant c'est que le couteau a bien pris la couleur jaune (métallique) en face des 220°C de la colonne de droite ci-dessus.

    Bilan: c'est pas glorieux. La lampe à souder ne suffit pas dans mes conditions. Soit je trouve une autre source de chaleur ou il faut que je fasse sous traiter le traitement thermique. Je crois que je vais polir le couteau et usiner le tranchant, histoire de faire au moins une fois toutes les opérations. Si je veux vraiment un couteau digne de ce nom selon mon design, je crois qu'il faudra que j'en fasse un second. Le premier a formé des sortes de fines feuilles en surface. Tous mes essais de chauffe ont sans doute bien chamboulé la strucure. Le prix de l'apprentissage...

    On verra mon niveau de motivation dans quelques jours. Au fait, j'ai remporté un Mora Clipper 860 hier soir aux enchères. Une marque scandinave très bon marché. J'espère pouvoir vous le montrer bientôt.


Juste en sortie de trempe à la 15W-40.


18-DEC-2011

    J'ai travaillé plus de 3 heures sur le couteau aujourd'hui. D'abord j'ai poncé à nouveau le couteau pour enlever la gangue de calamine de l'huile. Environ jusqu'à 800 sur le manche et 2500 sur la lame. Mais je n'ai pas été assez sérieux. Le résultat final final laissera apparaitre de nombreuse stries dans le pseudo poli miroir. Preuve qu'avec chaque passe plus fine je n'ai pas entièrement enlevé les stries précédentes.

    Théoriquement il faut poncer perpendiculairement au ponçage précédent jusqu'à ce que toutes les stries perpendiculaires à celles qu'on est en train de faire aient disparues. Et ainsi de suite... Mais trop pressé j'en ai laissé beaucoup. Ce n'est pas irréversible. Il suffit de recommencer.

    Ensuite j'ai taillé le tranchant a très exactement 20° avec la pierre de 80 de mon kit chinois. Là je me suis aperçu que l'acier était plus dur que ce que j'affûte d'habitude... Merde! Et si ma trempe avait prise tout de même. Le diagramme de Bonpertuis indique alors qu'après une heure à 220°C de revenu je dois être à 57,5..61 HRc. J'ai peur d'être plutôt vers le haut de la plage de tolérance vue mon habitude avec des couteaux vers 57-58 HRc. Du coup j'ai fait l'ébauche du tranchant avec le combiné et une bande abrasive usagée de 100.


J'ai vraiment affûté longtemps, très longtemps.


    Longues passes de la pierre de 80, puis 160, 320, 600 et 1000. Ensuite coticule Belge puis cuir avec pâte à polir de 2 microns. Je n'ai pas réussi à donner un poli miroir au tranchant. C'est du chien, vraiment dur. Comme j'avais aussi trop affiné la pointe (par accident) avec le combiné, le tranchant est moins prononcé à la pointe.

    Test de coupe sur du papier, ça coupe rasoir par petits endroits et quasi partout ailleurs ça accroche. La loupe me dit pourquoi: en de nombreux endroits du sommet du tranchant, il manque de gros (tout est relatif) morceaux de métal. Comme ce que j'ai déjà pu observer sur mon Alsacien/Massu en date du 24-SEP-2011 (page 5). Point commun à l'XC75? Mauvaise trempe avec grossissement de grain ou bien des passes d'ébauche trop rapides? Peut-être suffira t-il d'essayer de poncer très finement avec des pierres pour faire entièrement disparaitre les stries restantes sur le tranchant? Je vais essayer, mais un autre jour. Suis fatigué.


19-DEC-2011

    J'ai profité du microscope du labo du boulot pour vous faire une photo de mon tranchant de type "Verdun".


Agrandissement: 20 fois.


    Ensuite j'ai emprunté à mon collègue son support archi-chiadé copié sur un truc existant du nom de "wicked sharp" (ou dans ce goût là). But: retailler le tranchant le soir venu en espérant pouvoir se débarasser des grosses "dents" de scie.


L'outil est une sorte de lime diamantée à deux faces: grossière et fine. Angle réglé précisément à 20°.


    J'ai fait beaucoup de copeaux. Lorsque je fus d'avis qu'il n'était plus possible de faire des stries plus fines dans le tranchant je suis passé à la pierre de coticule belge. La pierre a beaucoup de mal sur ce couteau et s'use très vide: la pierre génère beaucoup de "poudre". Ensuite je suis repassé au cuir avec pâte à poli de 2 microns. Bilan ça tranche très bien sur la partie droite de la lame sauf les 6 premiers millimètres après le ricasso et sur toute la partie arrondie. La loupe ne revèle plus rien. A part que la face du tranchant n'est toujours pas polie miroir... J'ai peur à présent que le tranchant ne fasse de petites cassures sur des objets durs plus tard. Un couteau en métal un peu plus "mou" voit le sommet de son tranchant souvent se plier un peu. C'est vite redressé à la pierre. S'il manque de la matière, il faut en enlever beaucoup plus à la pierre pour rectifier le défaut d'où une usure rapide du couteau et des heures d'affûtage pour le remettre à niveau.

    Bon demain je vais tenter de récupérer l'arrondi et le reste avec du papier à poncer imperméable de 2500. A suivre...


20-DEC-2011

    Aujourd'hui j'ai longuement affuté et poli le tranchant sur du papier imperméable de 2500. J'ai bien entendu fini au cuir. Maintenant il coupe très bien sans raser parfaitement, sauf les 2 premiers millimètres après le ricasso (incompréhensible!). M'enfin c'est sans doute le mieux que je puisse atteindre. J'ai l'impression qu'il est un peu trop épais au niveau de l'arrondi, ce qui empêche une bonne pénétration dans la matière. Ensuite j'ai encore poli la lame avec de la pâte pour les chromes de mes bécanes. Ce n'est toujours pas un miroir mais c'est pas trop mal. Je crois qu'il faut désormais penser au manche. Pour préserver le brillant j'ai traité le couteau à la cire de carrosserie.


En bleu les zones que j'ai dû parfaire. Ce fut long.


PS: j'ai appris aujourd'hui que la maintenance de l'usine de la boîte semble avoir un four de traitement thermique. Si j'avais su...!


21-DEC-2011: le Mora est déjà arrivé!

    Le voilà donc, l'Opinel scandinave. Longueur totale 219 mm, lame de 100 mm en acier 12C27 Sandvik. Un inox très pur de grande qualité. La lame est constituée de 3 couches d'acier laminées entre elles comme pour le Fallkniven F1. Elle fait 2 mm d'épaisseur tout en n'étant que peu flexible alors qu'on pourrait s'attendre à l'inverse tant les proportions et les formes rappellent un couteau de cuisine. La lame ne traverse pas tout le manche mais est simplement surmoulée. Pas question de brutaliser à l'extrême ce type de couteau sous peine de devoir lui faire un nouveau manche. Du coup il est très léger: 75 g seul, 103 g avec l'étui.

    L'émouture est scandinave sans seconde micro pente pour le tranchant. J'en ai mesuré l'angle au sommet avec mon rapporteur. Environ 21 à 22°. A comparer avec mes lames standards à 40° (ESEE...) voir 52 (Enzo), ce truc doit trancher de folie tout en étant plus fragile. Le fabricant annonce une dureté de 58 HRc. Le manche en plastique bi-matière assez souple est pourvu de picots qui donnent un excellent grip.

     L'étui est en thermoplastique injecté, avec un bon guidage, une retenue un peu légère (si on secoue l'étui très fort le couteau en sortira) et un trou d'évacuation de l'eau. La forme s'inspire directement des étuis en cuirs des couteaux traditionnels scandinaves. Il y a une rampe d'appui du pouce pour l'extraction et un clip ceinture de 35 mm de profondeur. Simple et basique mais bien pensé.

    Réputés être livrés avec un tranchant rasoir, mon exemplaire dément. Peut-être parce que je l'ai acheté aux enchères et que son passé est inconnu (bien que vendu comme produit neuf). Seul le dernier tiers (côté pointe) rase les poils. Le reste ne coupe même pas du papier. Il me faudra environ 50 passes sur le cuir pour lui redonner son tranchant rasoir. A la coupe du papier on sent vraiment l'angle faible du tranchant, la lame file dans la matière. Je crois que je vais être obligé de classer ce couteau bon marché comme mon trancheur Number One, devant l'Enzo Birk 75!

    Le dos de la lame est mal finie avec des restes de bavures des 3 couches d'acier. Ce n'est pas gênant (peut se corriger facilement au papier abrasif pour les esthètes) et s'explique par le prix d'attaque auquel est vendu ce produit: entre 12 et 25 EUR selon les sources. Le mien m'aura coûté 9.50 EUR dont 3 EUR de port! Le clipper 860 existe en acier carbone (modèle 840) mais a été rebaptisé "Companion" depuis 2011 au moins. J'ai vu des variantes (imperdables) orange fluo (suffixe F) et vert kaki (suffixe MG: "military green", vert militaire) avec ou sans serrations. J'ai longtemps cherché ma variante bleue noire pour la discrétion. Sortir le modèle orange à table vous fera repérer à 100 mètres et le kaki va vous faire passer pour l'admirateur paramilitaire. Très peu pour moi.





Le dos de la lame avec les bavures des 3 couches d'acier.


22-DEC-2011

    J'ai poli le dos de la lame au papier de verre. De P40 à P2500. Hormis quelques tous petits trous vers la pointe et le talon du dos de la lame, c'est un mirroir dont on ne distingue plus les 3 couches d'acier laminés. Je voudrai les faire ressortir, hommage à son mode d'obtention. Je songe à attaquer le dos à l'acide pour faire ressortir les joints de grains. Pourquoi pas avec un peu de vinaigre blanc? A suivre...


26-DEC-2011

    C'est trop bête, dire que j'ai jeté au moins 10 vieux jeans il y a quelques mois à peine. A l'occasion des fêtes de Noel qu'on célèbre les 25 ET 26 décembre dans ma Moselle natale (ainsi qu'en Alsace), j'ai pu récupérer un vieux Levi's 501 de mon frère, du moins une jambe. Il a gardé l'autre pour faire du rapièçage. Dure la vie de chômiste guitariste. Mais il joue de mieux en mieux, des morceaux de sa propre composition, ressemblant parfois à du John Fahey (que je connaissais pas avant que mon frère se mette à la guitoune).

    Il s'agit de faire la matière d'oeuvre du manche de mon premier couteau. Comme le tissu est plus épais que lors de ma première expérience, je me suis limité à 7 couches de 12 X 7 [cm]. J'ai préparé 70 g de résine avec 81 gouttes de durcisseur. Je n'ai d'ailleurs presque plus de durcisseur. Où en trouver, seul? Le tissu du 501 absorbe beaucoup plus de résine. Les 70 g de mélange auront tout juste suffit. Certaines couches n'ont d'ailleurs pas été enduites sur les deux faces à cause du manque de résine. Pourvu que la pression fasse le boulot.

    Vinaigre et Mora 860: j'ai passé un coton tige imbibé de vinaigre blanc sur le dos de la lame. Las la tension superficielle du vinaigre le fait se répandre en une multitude de petites gouttes éparses qui se posent ça et là. Il sera impossible d'avoir une attaque régulière sur toute la surface. Il faudrait un vinaigre en gelée ou pâteux. Alosr j'ai pensé à la moutarde.

    J'ai donc badigeonné le dos du couteau avec de la moutarde mi-forte, la seule que j'avais au frigo. J'ai laissé reposer toute la nuit.


27-DEC-2011

    Le lendemain matin, la moutarde était toute séchée et formait une croûte. Lavage à grande eau. Rien. Loupe: ça et là de légères colorations à reflets bleus. Rien d'uniforme. A mon avis, un coup de cuir et c'est parti. Bon ben en tout cas voilà de l'inox de qualité. Je pense que le lave-vaisselle ne serait pas un gros problème pour le Mora.

    Il reste l'eau de Javel (qui avait attaqué mon Victorinox jadis) ou carrément l'acide chlorhydrique. Faut que je réfléchisse.

    Quant au micarta sur base jean, c'est mi-figue, mi-raisin. Le sandwich a bien durci hormis la couche supérieure. Elle n'est pas noyée dans la résine et à 10h00 du matin elle est encore collante. J'ai remis sous presse mais sans les serre-joints, juste avec des poids. Le soir, la couche supérieure est plus ou moins sèche au toucher. Il fait froid dans le garage (~8°C), je suppose que cela ralentit le durcissement. J'ai encore remis sous presse car sur mon dernier essai, la plaque s'était cintrée un peu après quelques jours. Les plaquettes font 6 mm d'épaisseur.


01-JAN-2012

    Voilà presque un an que j'ai tous les jours en poche le pliant SRM GB-763. Il est temps de faire un petit bilan.
- très léger, on ne le sent presque pas en poche
- il n'a pas pris de jeu au pivot et fonctionne comme au premier jour
- la lame ne garde pas le tranchant rasoir (coupe de poils possible) très longtemps, par contre elle reste suffisamment affûtée pour accomplir de très nombreuses coupes sans difficultés
- l'épaisseur assez forte du dos de la lame (2.2 mm) n'autorise pas un épluchage facile de fruits par exemple
- le clip est resté accidentellement coincé à un barreau de dossier de chaise (je l'ai à la poche arrière droite) et s'est plié
- à cause de l'ergot ("thumb stud") sur la lame courte de 65 mm, la lame ne pénètre pas toujours assez dans certains emballages par exemple. C'est gênant.

    Pour les 365 jours à venir, j'ai troqué le GB-763 contre le SRM 710. Bilan dans un an (faut bien que je fasse une rotation des stocks!)


05-JAN-2012

    J'ai un nouveau projet de couteau et il faut encore que je fasse les plaquettes de mon premier couteau. Bref pour épauler le combiné ponceur j'ai acheté une petite scie à ruban d'à peine 250 W. C'est une chinoiserie mais la bonne pioche avec le combiné m'a fait tenter le coup. J'ai commandé en parallèle sur le Net des lames capable de couper les aciers et du catalyseur chez mon fournisseur de résine.


06-JAN-2012

    Montage de la scie à ruban et réglage. Il me faut hélàs déjà constaté qu'on n'a rien sans rien:
- la conception mécanique de la partie guidage supérieure et inférieure de la lame est assez olé olé (lire merdique: faites cela en cours de construction mécanique à l'école et vous aurez une bulle; faites ça au bureau d'étude et on vous engueulera encore parce que c'est trop cher alors que ça marche seulement parce que Dieu doit exister)
- un roulement du guide supérieur ne tourne pas: le roulement (625 ZZ) semble grippé. Arbre dans la perceuse je le force à tourner pour le rôder. De la graisse s'échappe radialement par la bague intérieure. Sapristi elle est fissurée! L'arbre doit être trop gros est a cassé la trop fine bague intérieure au montage. Une fois l'arbre sorti, cela tourne très bien. Faute de mieux pour le moment j'ai remonté l'arbre à moitié et ça marche.
- les réglages du guidage et de tension demandent beaucoup de finesse. Bourrins s'abstenir.
- je m'aperçois qu'il manque un des deux anneaux "Truarc" (sorte d'anneau fendu type circlip pour arrêt en translation de le long d'un arbre) sur l'axe du tendeur de la poulie supérieure! Je verrai si j'en trouve un à l'atelier au boulot... faute de mieux j'ai "tourné" ainsi

    A 69.90 EUR chez un hard discounter du bricolage c'est peut-être encore trop payé? Sachez que dans d'autres échoppes, on trouve exactement la même daube mais à 119.99 EUR! Mais je l'ai utilisé et que dire? Ma fois ça marche et même mieux que la scie pro du boulot pour mes plaquettes micarta sur base denim. La "faute" à une lame 1400 X 6.5 X 0.35 d'origine avec 6 dents par pouces pour le bois et les matériaux légers. Il semble que ce type de denture travaille bien mieux le micarta que la denture fine (24 dents par pouce) de la scie du boulot. Bon bref pour le coutellier amateur que je suis ça fait gagner beaucoup de temps (et j'en manque toujours pour m'amuser). Et si l'envie de couteaux me passent dans 6 mois (fort probable) ça ne fera que 70 EUR qui pourrissent dans un coin avec la possibilité de resservir un jour pour une autre application.

    Pour finir j'ai tourné les deux tubes filetés entretoise en laiton pour pincer le manche entre les plaquettes micarta comme pour le manche du BK-14. Toujours en diamètre extérieur 6.4, longueur 7.8 et filetage M4.


Vendue avec une lame, un guide, un "pousse pièce", une table
inclinable à 45°, 4 outils (clés et tournevis ultra merdeux), 22 kg,
250 W, bride pour aspiration. Ici avec ma dernière production
de micarta. En 9 jours il est devenu très dur.



Le guide grippé, l'arbre à moitié retiré, la fissure de la bague intérieure.



L'axe du tendeur de la poulie supérieure avec l'anneau manquant (gorge désespérement vide).



Et malgré tout elle tourne! Ce micarta fut plus facile à débiter que ma première production avec une
scie à ruban professionnelle.


08-JAN-2012

    Il y a deux jours j'ai oublié de faire le tube que je veux insérer dans le manche pour le passage dragonne. Je l'ai donc fait aujourd'hui. Il est en deux parties afin de pouvoir démonter les plaquettes puisque j'ai l'intention d'y usiner un petit volume intérieur façon H.E.S.T. J'y ai ajouté un centrage court pour la mise en position. Le centrage court me servira à la fois pendant la réalisation et plus tard pour la mise en place correcte des plaquettes au remontage.

    Les demi-tubes de passage dragonne ont un diamètre extérieur de 7 mm, intérieur de 5 mm pour une longueur totale de 9,5 mm. Le centrage court fait 6 mm de diamètre sur 2 mm de long.

    L'idée c'est de percer le passage dragonne à 6 mm dans une première plaquette en se servant du couteau comme guide. Puis on bride les deux plaquettes ensemble afin de les percer à 7 mm (le trou de 6 mm devrait centrer le foret de 7 mm). Ensuite on insère les demi-tubes à blanc et on s'en sert pour positionner les plaquettes sur le manches. Restera plus qu'à marquer les trous pour les entretoises filetées avant perçage.

    Ensuite collage définitif à l'époxy des demi-tubes (ils dépasseront des plaquettes d'environ 1..1,5 mm) et on pourra enfin façonner le contour des plaquettes au combiné et raboter les demi-tubes.


L'état de surface des demi tubes est volontairement un peu rugueux pour faciliter l'accroche de la colle
dans le futur. Pour les entretoises filetées, je n'ai pu faire mieux avec mon petit tour manuel.


    Au moment où j'ai rédigé ces lignes j'ai reçu un courriel sympa du Canada de "Stefan". En plus de petits compliments qui me sont allés droit au coeur, il m'a donné quelques tuyaux et explications au sujet des résines, domaine dans lequel il a travaillé. Je cite:

    "[...] Comme j'ai un passé dans les matériaux composites, du coup j'aurais aussi quelques infos qui devraient expliquer certaines choses:
- Les résines polyester n'ont pas besoin d'un dosage ultra-precis du durcisseur, si on en met plus, ça chauffe et ça va plus vite, mais trop de durcisseur (un peroxyde en général) peut aussi dégrader considérablement la qualité de la polymérisation. Quand ça ne "prend pas" c'est souvent qu'il y a un inhibiteur dans la réaction.
- L'humidité, le froid, mais aussi l’acétone (en cas de nettoyage des pinceau non séchés par exemple) et surtout l’oxygène de l'air.
C'est pour cette raison qu'on ne peut pas utiliser de résine polyester comme vernis, ça restera toujours poisseux.

    Dans le cas de vos essais Micarta Denim des fibres insuffisamment imprégnées c'est autant d'air en plus dans le mélange d’où les résultats décevants au début. Je me demande aussi si le "bleu" du blue jean n'aurait pas lui aussi un rôle d'inhibiteur pour le polyester ?...
Plutôt que de mettre plus de catalyseur, attendre plus longtemps et présser plus (le top serait d'avoir une stratification sous vide) et même pourquoi pas un coup au four "tieède" ou dans la voiture en plein cagnard (50-60 degrés) pour aider la prise...

    Et pour ne rien arranger la mouillabilité et donc l'adhérence des résines polyester sur la fibre est très mauvaise, c'est pour cela que pour le kevlar ou le carbone on prend de l'epoxy et que pour la fibre de verre il y a des traitements spéciaux (ensimage).

    Bref, si vous souhaitez continuer les essais de Micarta je vous conseille vivement une résine époxyde ou phénolique, certes c'est plus cher, mais les résultats seront bien meilleurs et l'usinage beaucoup plus facile.

    Voila j’espère ne pas avoir été trop saoulant avec mon baratin de chimiste... si ça peut aider...[...]"

    Et comment que ça éclaire notre lanterne de coutellier amateur (peu) éclairé!  Ça me fait très plaisir que quelqu'un prenne le temps de transmettre tout cela.


09-JAN-2012

    Aujourd'hui j'ai percé les plaquettes. J'ai commencé par le trou du passage dragonne et malheureusement la plaquettes inférieure a glissé un peu. Je me retrouve avec une plaquette qui n'a plus assez de matière à l'arrière du couteau. Encore une leçon qui semblait pourtant facilement anticipable: ne pas toucher au plaquettes tant que toutes les fixations ne sont pas définis. Mais que voulez-vous, j'avais envie de me servir du combiné il y a 3 jours. J'ai aussi collé les demi-tubes de passage dragonne avec de la colle époxy.


Ce qui dépasse sera poncé.


12-JAN-2012

    Aujourd'hui j'ai reçu une lime particulière que j'ai commandée il y a quelques jours. Qui dit outil particulier, dit outil peu courant, donc pas fabriqué par tout le monde. Il faut donc faire appel aux grands noms dans le domaine. Dans mon cas, pour une lime pilier à canneler, il faut se diriger vers la Suisse et la société Vallorbe. Point négatif, c'est pas donné (encore que ce sont surtout les frais de port qui ont plombés la facture). Point positif, la qualité est au rendez-vous. Une lime à canneler sert à faire... Des cannelures -oui M. Jourdain- en l'occurence des stries d'appui du pouce au dos d'une lame. Pour les interessés, la référence est 1136-150-00 (150 mm de long, taille 00 qui amène 10 stries sur une largeur de 12.7 mm).

    En rentrant j'ai poncé au combiné les plaquettes. Pour rattraper le manque de matière d'une plaquette j'ai raccourci un peu le couteau. Encore une leçon: pas la peine de poncer trop finement le chant du couteau si c'est pour le massacrer plus tard en ajustant le manche dessus. En suivant le contour de l'encoche d'appui / la garde pour l'index, j'ai malheureusement bien entamé le ricasso. Aaargh!


Alors que je trouvais le manche du BK-14 trop court, celui-ci me semble trop long visuellement.
Je crois qu'il faut aussi que je marque davantage les congés sur les bords et que je réduise un peu
l'épaisseur des plaquettes. C'est très dur l'esthétique...
La lime vallorbe a une dureté de 66 HRc! Chute interdite!


    Sinon voilà trois semaines à présent que je travaille un peu sur la forme d'un autre couteau. Il s'agit d'un couteau traditionnel anglais pour le "bushcraft" comme ils disent là-bas. J'en suis à de nombreux dessins et j'ai beaucoup de mal à trouver la forme qui me plait. De faibles variations de rayon par ci, de largeur par là transforment l'aspect perçu du tout au tout. J'ai également démarché avec mon sourire ravageur plusieurs personnes pour avoir l'autorisation de faire la trempe avec le four qui dort au boulot. C'est un impératif pour ce projet car la lampe à souder ne chauffera jamais suffisamment uniformément ce couteau qui devrait faire 21 cm.


14-JAN-2012

    Voici les dernières variantes de mon nouveau projet de couteau traditionnel du Royaume Uni. L'accouchement a été long mais je vais tenter la version 0010010, la plus étudiée. Longueur totale 210 mm, lame de 100 mm. Pour l'instant l'idée c'est de taper dans ma barre d'XC75 de 4 mm d'épaisseur, de durcir à 58 HRc, de faire un manche en bois pour changer. Stries d'appui du pouce ou bien pour faire des étincelles avec une pierre à feu, éventuellement. Manche toujours démontable et creux avec un logement fonctionnel. Je n'ai pas de bois sauf ce qui reste du manche de la bêche que j'ai modifié en pelle. Sauf erreur de jugement, ce serait bien du frêne blanc. Ce n'est pas assez dur, stable, résistant et imputrescible comme la fonction le requiert. Je songe donc à stabiliser ce bois avec un durcisseur à faire pénétrer à coeur. A voir. Ou alors faire la benne à bois à la dechetterie dans l'espoir de trouver quelquechose par chance? En attendant il serait bien d'affiner et de creuser le manche du premier projet "Izula modifié i4" que je baptise donc officiellement "Izoumodi4". Faudra aussi trouver un nom pour le prochain ("Youkaytradibouchcraft"?)


Les calculs approximatifs donnent 127 g pour la lame seule avec émouture scandinave.
Je dessine avec Solid Edge 2D drafting (gratuit) mais je n'ai pas trouvé la fonction pour définir la
position du centre de gravité.


    L'après-midi j'ai trouvé un peu de temps pour retoucher le manche de l' "Izoumodi4". On est encore loin de la finition mais je crois que la forme définitive y est à peu près. J'ai affiné le manche devant et derrière tout en adaptant au fur et à mesure les congés de raccordement. J'ai aussi poncé un peu à la main le chant du couteau.

    Je m'aperçois que je n'ai pas mentionné un point important depuis le début de mon auto apprentissage de coutelier amateur. L'intégrité physique. Chaque fois que je suis au combiné ou avec des outils tournants, j'utilise tous les reliquats de la construction de ma maison c'est-à-dire les protections individuelles. Au total 4 sur ma seule tête: un bonnet ou une casquette (fonction de la température du garage) en cas de rupture de la bande à poncer, une protection oculaire, un casque anti-bruit (à cause de l'aspirateur) et un masque anti-poussières avec cartouches amovibles (le plus important contre l'inhalation de poussières). Ce sont mes années de jeune chien fou pressé et impétueux il y a 20 ans qui m'ont enseigné, parfois douloureusement, la sagesse en terme de sécurité. Jeune cybernaute (si tu me lis), c'est super important. Le reste de ta vie est encore longue: ton accouplement avec une femelle sera beaucoup plus dur avec un oeil ou un doigt en moins ou bien une zone dégarnie sur le sommet de ton cuir chevelu avec de vilaines cicatrices autour ou sur le visage. Songes-y. L'emballage compte peu? Tu sais pourtant qu'un produit avec un bel emballage se vend mieux, que tu choisiras d'instinct de belles pommes en libre service... Même si l'une contient un ver. C'est une réalité, accepte-là et joue le jeu. Le marketing ça compte.


On voit bien les différentes strates de denim. Les courbes de niveaux vous donnent une idée des
épaisseurs à différents endroits. Je dois avouer qu'il rend mieux en réalité que sur cette photo.


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