Coutellerie


"Never go anywhere without a knife"


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11-OCT-2011

    Au boulot Edgar m'a demandé de lui dire quand j'aurai fini car il veut changer la lame de la scie à ruban. Parait qu'elle n'est pas faite pour couper de l'acier. Bon ça tombe bien c'était ma dernière séance ("je réveille mon voisin ..."). J'ai dégrossi le dos de la lame et le dégagement près du ricasso.

    Le soir j'ai façonné au combiné tout le contour extérieur sauf le logement du pouce dont le rayon est trop petit pour la machine. J'ai aussi retiré toute la croûte du manche. Avec les bandes de 50, 120 et 220 et des gestes trop peu expérimentés ou peu sûrs, j'ai créé quelques "accidents" sur l'émouture. Ce n'est pas trop grave mais la lame a perdu sa belle symétrie et sa rectitude. Peut-être que le papier et la main rattraperont un peu ces défauts.


En rouge les défauts de forme. Il y en a un peu partout. J'espère les amoindrir à la main.


    Pour la suite: usinage des stries d'appui du pouce à la lime et façonnage final du contour intérieur du manche.

Quelques remarques:
- l'opération qui a dégagé le plus de chaleur pour l'instant fut le perçage, suivi de la scie à ruban et le ponçage en dernier
- ma bande 25 X 762 de 220 est de mauvaise qualité et c'est pourtant la plus chère: la jointure est mal faite et provoque une sorte d'accoup sur le couteau à chaque passage, c'est très désagréable.

    Même si ma lame est loin d'être parfaite, elle représente un investissement temporel et émotionnel assez intense. J'ai à présent peur de tout foirer avec le traitement thermique. Sans doute le prix à payer pour de l'apprentissage. Car à bien y réfléchir, l'émouture c'est délicat mais au final c'est le traitement thermique qui va déterminer si ce sera un couteau ou un bout de ferraille trop dur ou trop mou. En soit, vaut mieux avoir un couteau moche qu'un morceau de métal mou joli.


12-OCT-2011

    Au boulot j'ai réutilisé le trusquin pour marquer les emplacements des stries d'appui du pouce et le centre du passage de la dragonne. Je suis rentré tard. Je n'ai fait que les stries à la lime aiguille tiers-point d'abord, puis à la lime de section carrée. Malgré tout mon soin, l'espacement n'est pas assez régulier. J'ai aussi limé un peu le contour intérieur du manche avec des limes aiguilles mais c'est très lent.


J'ai utilisé un fluide bleu qui était à disposition pour augmenter le contraste.


13-OCT-2011

    Encore un peu de combiné et surtout 2 heures de lime pour s'approcher de la forme finale du projet. Les manches des limes aiguille m'ont presque filé une ampoule sur le côté du majeur droit.


Travail du contour intérieur et de l'encoche pour l'index ainsi que le dégagement près du ricasso.


16-OCT-2011

    Aujourd'hui j'ai vidangé la RT. En fait, surtout parce que je voulais avoir de l'huile pour ma future trempe. Evidemment ce n'est pas idéal mais je n'ai pas mieux. Cette huile est minérale, de viscosité 15W-40 et à moins de 5000 km dans un moteur très sain. Elle n'est même pas si noire que cela. J'ai tout mis dans un vieux bidon métallique assez vertical dont j'ai découpé le dessus afin de pouvoir y plonger le couteau au rouge cerise (vers 830°C).


Le niveau n'est que de 17 cm pour 3.5 litres. Ce n'est pas assez pour un couteau d'environ
177 mm de long.


18-OCT-2011

    Dur d'avancer. Il y a toujours autre chose de plus urgent à faire que son passe-temps. Aujourd'hui une fuite d'eau. J'ai fini de limer le couteau puis j'ai attaqué le polissage à la main avec du papier imperméable de granulométrie P240. J'ai enroulé le papier autour d'une petite cale en bois et j'ai lubrifié avec de l'huile fine type 3 en 1 ou WD-40. Cela me semble donner un meilleur état de surface et la pâte abrasive très liquide ainsi formée entre papier et couteau semble encore usiner le métal même lorsque le papier est devenu lisse.

    J'ai poncé perpendiculairement aux stries laissées par le papier 220 de la bande du combiné. Cela permet notamment de voir où porte le ponçage. Il suffit de poncer jusqu'à ce que les anciennes stries disparaissent entièrement. Cela m'a aussi permis de visualiser le défaut de planéité de l'émouture que je pouvais sentir au doigt sans le voir en incidence rasante. J'ai pu ainsi un peu rattraper ce défaut.

    Comme pour l'affûtage, je pense qu''il faut bien insister avec le grain le plus grossier afin que les passes suivantes soient raccourcies en temps. L'état de surface s'est bien amélioré mais après 1 heure de travail, ce n'est pas fini avec le P240. Il faudra sans doute encore une heure pour les petits recoins.

    Je ponce avant la trempe car après ce sera plus dur. J'espère pouvoir corriger un peu l'émouture et également fermer toute micro amorce de rupture qui pourrait se transformer en crique, tapure et autre fissure au moment de la trempe.


Il reste encore le contour interne du manche, le dégagement au ricasso, les stries d'appui du pouce, etc.
Mais on voit qu'on avance et c'est gratifiant. Une certaine fierté de créer quelque chose d'utile.


19-OCT-2011

    J'ai fini de poncer au P240 le moindre recoin. Il reste de mini défauts mais ils seront cachés par le manche. J'en avais ma claque au bout d'1h30. Prochaine étape le P400 avec beaucoup d'huile de coude. A combien arrêter avant le traitement thermique? Je me suis aperçu que l'épaisseur de ma pointe a fondu avec tous ces ponçages. Je crains une déformation au cour de la trempe. Tout ce travail...


29-OCT-2011

    Voilà plusieurs jours que je n'ai rien fait. D'autres chats à fouetter. J'ai tout de même percé le trou pour le passage de la dragonne. Diamètre 6 mm avec un avant trou et ébavurage avec une fraise à noyer à main.


10-NOV-2011: un nouveau dans ma collection, Blackjack BJ155 avec manche

    J'ai reçu ma dernière acquisition en provenance des Etats-Unis. Toujours pas de soucis avec la douane. C'est un produit concurrent de l'Izula, vendu comme couteau de cou. J'ai choisi la version recouverte d'une peinture epoxy noire ("powder coating"). En option j'ai aussi pris le manche en micarta noir à matrice lin. Le manche est très cher par rapport au couteau. La lame et le manche sont un plus grands que ceux de l'Izula. La lame fait aussi 4 mm d'épaisseur mais l'émouture est convexe. L'acier est un inox 154CM, de nos jours un acier mi-haut de gamme (c-à-d entre le milieu de gamme et le haut de gamme) très performant. C'est la variante normal du 154CM et pas celle obtenue par métallurgie des poudres (grains plus fins et plus réguliers; meilleures performances mécaniques). Les stries pour l'appui du pouce sont -à l'opposé de l'Izula- cette fois un peu trop près de la pointe à mon goût. La lame "drop point" (donc pointe tombante) "tombe" plus bas que sur l'Izula ce qui a pour effet de former un arrondi moins prononcé vers la pointe. Je trouve la finition moins bonne que sur l'Izula et les émoutures du dos de la lame ne sont pas symétriques, ce qui me fait dire que ce couteau est sans doute fini à la main. La zone limite entre peinture et émouture donne un aspect "baveur" assez vilain à la peinture dans cette zone.




    La tranchant en sortie de boîte est excellent. Rasage de près possible. Dans ma collection je le classerai troisième juste derrière les Enzo Birk 75 et Fällkniven F1. La loupe révèle cependant un tranchant avec de belles stries d'un outil. Gageons que cela peut être facilement amélioré au cuir. Il va sans doute devenir de plus en plus affûté au fur et à mesure des passages d'entretien au cuir. C'est mon premier vrai couteau à émouture entièrement convexe (le F1 est convexe sur le dernier tiers de la largeur de la lame et du coup le rayon est assez faible). Ce genre de lame a la réputation de se bonifier avec l'âge et l'usage (après chaque affûtage, le tranchant "tient" de plus en plus longtemps).

    Les plaquettes sont vendues avec une clé Allen de 1/8" (mais il en faut deux pour pouvoir serrer fort!), 4 vis à tête "lentille" et deux inserts filetés (même solution que sur Izula ou H.E.S.T.). Les ajustements sont loin d'être aussi parfaits que ceux de l'Izula II (sur le I, le contour des plaquettes est en retrait de 0.5 mm par rapport au contour du manche).

    L'étui en kydex est décevant. D'excellente qualité et bien fini, il s'ajuste très mal, beaucoup trop de jeu autour de la lame (viendrait-ce du transport?). Je vais tenter d'améliorer cela en reprenant l'étui au four avec ma vieille presse à kydex. L'extraction d'une main ne peut se faire avec le pouce car le couteau pivote et se coince dans l'étui. Il faut faire l'extraction avec l'index (du côté du tranchant) mais un risque de coupure existe. Coût avec un cour du dollar avantageux et des frais de port très élevés ($34.95!) répartis au pro rata des prix de base, couteau 54.02 EUR, manche 29.06 EUR. C'est néanmoins ce que j'ai trouvé de moins cher chez un vendeur qui accepte de livrer hors U.S.A. et le total est du niveau du couteau seul, tel qu'il est vendu en Europe.

    Plus cher et moins bien fini qu'un Izula, étui moins universel que sur l'Izula, le Blackjack BJ155 se rattrape par son acier inox haut de gamme et son émouture convexe.


12-NOV-2011

    J'ai mis l'étui du BJ155 seul à 120°C dans le four de cuisine. Une fois mou, il est redevenu tout plat. J'ai introduit le couteau et j'ai vite mis l'ensemble dans ma vieille presse prototype abîmée lors de la réalisation de l'étui du BK-14. J'ai coincé l'extrémité du manche afin de presser l'ensemble de l'étui. Au démoulage le maintien était bien meilleur que d'origine mais je ne trouvais pas le résultat à la hauteur de mes attentes.

    Sinon dans un tout autre registre j'ai réussi à ruiner le tranchant! J'avais décidé de passer la lame sur le cuir avec la pâte 2 microns. J'ai tenu la lame comme d'habitude et je pense que cet angle d'environ 20° était trop important. J'ai aussi appuyé trop fort pour une émouture convexe. Je pense que ces deux facteurs combinés (notamment avec le retour élastique du cuir juste derrière le tranchant) ont tout simplement arrondi mon tranchant. La lame était tellement amochée qu'il était impossible de se couper!

    Ah bravo Olive! Le mieux est l'ennemi du bien. 2 heures d'effort sur le cuir avec la lame très faiblement inclinée, l'aide du marqueur pour voir où je portais et des passes avec le seul poids du couteau n'auront pas suffi à revenir à un tranchant digne de ce nom (c-à-d rasoir: rasage des poils de l'avant-bras ou de la jambe possible). Je suis allé au lit le couteau entre les dents.

    J'ai aussi réussi à me couper en journée mais avec des tubes inox mal ébavurés malgré tout mon soin et toute mon attention. J'ai tubé mon conduit de cheminée Poujoulat 230/300 inox galva avec un flexible Lisseco 80 afin de raccorder mon poêle à granulés. Il ne fonctionne toujours pas, ma famille à froid. Il me manque encore des pièces. Voilà ce qui arrive lorsqu'on travaille avec les incompétents de chez CMPM depuis déjà 2 mois et demi. Si j'ouvre un jour une section "emmerdeurs, incompétents et autres Bozos", sûr que je ne manquerai pas de vous narrer cette histoire. Elle vous fera bien rire. Mais bref, ici c'est la section outils tranchants.


13-NOV-2011

    Bon je suppose que je n'y arrive pas parce que j'enlève trop peu de matière avec le cuir. Je passe donc au papier de verre imperméable de 2500 posé sur un tapis de souris et imbibé d'huile fine. Et c'est reparti. Angle très plat, appui faible, passe en tirant le tranchant, marquage au feutre en essayant de tangenter au mieux le sommet du tranchant. Une heure plus tard ça coupe à nouveau, pas très bien.

    Je peux pourtant dire que je commence à avoir la main et que je suis tenace parfois, mais là je m'avoue vaincu. Ce beau couteau, très cher, avec un tranchant indigne de son rang. Je décide de faire une micro émouture plate en inclinant la lame d'environ 20° sur mon papier de 2500 et en poussant cette fois. On sent à nouveau que ça accroche. Pourtant ça coupe mal. Ben oui mince, y a forcément une bavure qui s'est formée (le "morfil")!

    En tranchant une fois légèrement sur un morceau de bois pour faire partir le morfil, le refus de coupe est encore assez net. Je vais donc l'éliminer comme je ferai avec une lime. Successions de passes en deux temps
- sur une face, on "tire" sur le papier (on crée donc la bavure)
- sur l'autre on "pousse" (on replit et on coupe ainsi la bavure)

    Et enfin ça coupe de nouveau! Je finis aux cuirs (pâte 2 microns, puis 0.5 micron et cuir seul) et enfin ça rase aux petits oignons. Mais bon il faut être honnête, ce n'est pas un affûtage convexe mais une émouture convexe au sommet de laquelle se trouve une micro émouture plate avec un angle au sommet de 40°. Je me prive donc des qualités de robustesse et d'endurance d'une telle émouture*. Mais avoir ce couteau qui ne tranche pas m'était insupportable.

* Les tangentes au sommet ont théoriquement un angle bien supérieur à 40°, ce qui rend le "sommet" bien plus endurant car il y a plus de matière derrière lui. De plus une fois qu'il a pénétré la matière, les flancs de celle-ci s'appui sur les arcs de cercle de l'émouture et si la matière tranchée est suffisamment rigide (bois, ...) le sommet ne touche même plus la matière, c'est l'émouture juste derrière qui écarte les fibres. C'est le principe de la hache.

    Plus tard en journée je me souviendrai que ma manière de faire (tirer pour créer la bavure, pousser pour la retourner et la faire sauter) est celle décrite par Opinel. Couteaux Opinel qui ont aussi une émouture convexe. Je suppose qu'Opinel a choisi cette méthode car la vaste majorité de ses clients est comme moi: incapable de faire un véritable affûtage convexe.


Extrait du dos cartonné d'un vieux blister Opinel.


    J'ai aussi tenter de parfaire l'étui du BJ155. Cette fois j'ai mis étui et couteau au four à 120°C. Dans la presse, je n'ai coincé que la partie plate de l'ensemble mais très fort avec l'étau. C'est mieux, sans doute proche du mieux qu'on puisse obtenir chez soi. Ça me bouge plus d'un poil.


La photo montre mal la différence mais le maintien est parfait à présent. L'extraction reste problématique
(appui avec l'index côté tranchant).


18-NOV-2011

    Je ramène des bricoles coutellières au boulot pour discuter et illustrer le propos avec des collègues. L'un d'eux sort une pince Gerber (un "multitool" façon Leatherman, on en a tous vu) dont le couteau pourvu de serrations est dans un état lamentable. Derechef, j'affûte et rapidement le truc se remet à couper. J'avais ma pierre Belge et comme le collègue est Belge de son état, une fois, il me dit qu'il en profitera pour en acheter directement une sur place lors de son prochain passage. Que nenni lui dis-je. Toi qui veut juste que ça coupe bien et qui massacre ta lame (pensez un électronicien qui coupe des fils avec!) tu devrais te contenter de l'essentiel, une pierre à deux faces pour du dégrossissage/redressage et de l'affinage/entretien. Et de sortir ma pierre Falkniven DC-4: petite, pratique, pas chère, joli étui en cuir et hop tandis que je fais le camelot, "effet Bonaldi" elle se casse devant nous.


Les deux parties se sont désolidarisées. Merde ça radine sur la colle chez les Suédois!


    Tout cela n'est pas bien grave. J'ai fait sauter les surépaisseurs de colle le soir venu et j'ai recollé le tout avec de la colle epoxy en recouvrant bien toute la surface. Puis une nuit de serrage modéré dans l'étau. Ça devrait rendre l'ensemble "bulletproof" (à l'épreuve des balles).


26-NOV-2011: un projet parallèle (que j'ai mis ici vu que ça parle de métal et que je n'ai pas d'autre section pour cela)

    Il y a deux hivers j'avais eu une conversion avec un collègue de travail qui avait exercé en Savoie. Il me disait que là-bas tout le monde avait une petite pelle dans son coffre en cas de chutes de neige importantes. Ben oui, pas bête. Moi aussi j'ai une petite pelle chez moi dans le kit dont est issu le couteau en page 1 ("inox de merde*"). Lorsque j'ai voulu la récupérer dans la cave de mes parents, la pelle était toute brillante. Mon père s'en sert pour ses rosiers et faisait la gueule me voyant la prendre.

* il faut d'ailleurs lui rendre justice: cette semaine j'ai coupé de hautes branches sur le chemin derrière ma maison parce qu'elles touchent le toit de ma voiture lorsque je passe. Avec la pierre Fallkniven j'ai pu obtenir un excellent tranchant en quelques passes. Il est donc sans doute beaucoup moins merdeux que je ne le suggère ici. Le dessin reste laid. Je maintiens.


Bon ben je vais la laisser à mon père alors... Ce truc a sans doute environ 25 ans. Scie dans le manche, hache et outil multifonction (ouvre-boîte,
décapsuleur, levier, le vé sert aux bouchons de bouteilles et de bocaux à dévisser). Un truc de camping quoi.


    J'ai donc cherché une petite pelle. Elles sont toujours d'origine militaire. La plupart sont pliantes. Leur solidité ne m'inspire guère. Je souhaiterai un modèle fixe. J'en ai trouvé dans les petites annonces, datant de 1945 ou chez Cold Steel (mais là c'est plutôt une arme qu'une pelle si on voit les arguments mis en avant par la publicité). De toute façon les prix sont trop élevés lorsque je compare avec ma pelle de chantier avec manche en frêne et traitremenmt thermique. Il y a aussi une curiosité, c'est une pelle militaire chinoise multifonction référence WQJ-308 (ou dans ce goût là): pelle, scie, hache, marteau, tenaille, coupe fil, ouvre bouteille, pioche, règle, qui vient quand on la siffle... Là les prix frisent des sommets.

    Que faire? Ben la faire soi-même! Avec une pelle? Non car la courbure d'une pelle de chantier n'est pas la bonne. Dans une bêche! Un modèle "plat" dit Senlis avec un manche à embout "pomme". Le mieux serait évidememnt un modèle forgé et pas en tôle emboutie avec un bon manche en frêne. On pourrait l'affûter sur un côté, retraiter thermiquement le métal après découpe...

    On peut trouver une telle bêche dans les petites annonces pour 5 EUR. La bêche sera rouillée, le bois du manche blanchi et le tout aura 20 ans. J'ai préféré faire un premier essai avec une bêche bas de gamme. J'ai trouvé un tel modèle neuf pour 5.09 EUR chez des hard discounter du bricolage (Bricoman; avouez que le nom est loin d'être "sexy")


Peinture epoxy pas trop résistante, manche en bois brut (frêne blanc?).
J'en ai sorti 13 du rayon avant d'en trouver une au manche correct
(manque de matière, fissure au niveau du clou...)



183 mm de long, 152 mm de large, angle au sommet de 120°, pli d'appui du pied de 10 mm.
Je voudrai garder l'extrémité "pomme" et le cône pour l'emmanchement mais la forme évasée du
manche ne semble pas le permettre.


28-NOV-2011

    Je n’ai pas de photos des opérations car tout ceci n’était pas prévu mais comme c'est parfois le cas dans la vie (ce qu’on appelle un bon jour), les événements se sont enchaînées de façon harmonieuse.

    J’avais déposé le clou qui maintient la bêche sur le manche hier soir dans le but de l’amener à l’atelier de la boîte afin de pouvoir utiliser la meuleuse d’angle équipée d’un disque à tronçonner pendant la pause de midi. Le collègue me suggère de tenter d’abord la cisaille. En effet la tôle de 2 mm se laisse couper comme du beurre. Je comprends mieux les 5.09 EUR. Autant le dire tout de suite, elle est plutôt merdeuse ma bêche. Sa résistance et rigidité mécanique ne proviennent que des 2 mm d’épaisseur et des plis longitudinaux. Le même résultat pourrait être obtenu avec une scie à métaux. Je précise cependant que la cisaille du boulot a un levier d'environ un mètre. Ça aide aussi.


On voit bien les lignes de trempe (si tenté que cela en soit une).


    A l’arrière j’ai fait un pli à 90° d’environ un centimètre pour fournir une surface d’appui au pied. Devant la mollesse révélée à la cisaille, je n’ai pas cru bon devoir chauffer le métal. Erreur car la tôle s’est un peu déchirée. Tant pis. Avec une lime j’ai ébavuré l’ensemble, arrondi les angles et affûté les arêtes avants de la pelle pour faciliter la pénétration: un angle à 40° sur la face inférieure pour ramener l’épaisseur à 1 mm.


Une des déchirures lors du pli d'une face d'appui du pied.


    Sur l’arête latérale droite j’ai limé un tranchant de part et d’autre de la pelle. Le demi-angle au sommet est d’environ 25 à 30°. J’ai choisi le côté de façon à avoir une pseudo hache pour droitier, donc avec la partie concave de la pelle à droite.

    La tôle contient certainement trop peu de carbone (moins de 0.3%) pour espérer un quelconque traitement thermique. La proximité et disponibilité d’un chalumeau oxyacétylénique m’ont encouragé à cependant tenter une trempe dans un seau d’eau. J’ai donc chauffé au rouge cerise les trois arêtes et la pointe avant de les refroidir brutalement. La chaleur fournie par le dard du chalumeau étant très locale, j’ai dû procéder par étapes (chaque arête puis la pointe). Verdict à la lime: la dureté n'a augmenté que de façon marginale. Comprenez qu’il est toujours largement possible de limer le métal.

    J’ai finalement sablé le tout car il y avait une sableuse à disposition (c'est bien un atelier dans une boîte tout de même). Le meilleur produit sur cette bêche est sans aucun doute la peinture époxy. Elle est très résistante à l’abrasion. J’ai voulu entièrement sabler la pelle mais au final j’ai juste rendu la surface de l’époxy restante rugueuse pour favoriser l’accroche de la couche de peinture finale.

    Les traces de peinture brûlée par le chalumeau sont bien parties mais le dos de la pelle présente un drôle d’état de surface. Une sorte d’énormes grains. J’aurai bien encore utilisé la perceuse pour la douille mais ne sachant pas de quel type de vis à bois je dispose dans mes tiroirs, aucune idée du diamètre de perçage. Ce n’est que partie remise.


Le dos de la pelle: grossissement de grain, décarburation? J'étais nul en cours de métallurgie aux Arts.


    Reste plus qu’à raccourcir le manche à 60 ou 50 cm de longueur totale et essayer de façonner une petite "pomme" au bout dans ce qu’il reste de matière. Puis perçage de la douille et du manche. Montage du cône par coincement, renfort par trois vis à bois. Graduation du manche et lasure polyuréthane à base d’eau (reste de mon escalier: pensez! Conditionnement minimum de 10 litres pour faire un escalier de 13 marches. Après 3 couches grasses, il doit me rester 9 bons litres…)


29-NOV-2011

    J'ai raccourci le manche de façon à ce que la longueur totale de la pelle soit 52 cm. Ensuite j'ai formé une "pomme" au bout avec mon combiné ponceur ainsi qu'un amincissement de l'extrémité du cône qui se loge dans la douille de la pelle. J'ai fini par un ponçage à la main au papier de verre de 60 et 150. J'ai gradué le manche et j'y ai appliqué ma "marque de fabrique". Pour finir j'ai passé ma première couche de lasure. J'ai aussi passé le côté diamanté de ma pierre Fallkniven DC4 sur les arêtes de la pelle pour les rendre plus lisses. La pierre n'a pas aimé, je crois que j'ai enlevé toute une partie du revêtement. Sans doute y suis-je allé trop fort. Il faut passer la lame d'un couteau dessus et non pas s'en servir comme d'une lime comme moi dans ce cas précis. Rogntudju!


Voilà le manche.


30-NOV-2011

    J'ai poncé le manche avec de la paille de fer avant de passer la seconde couche de lasure. Puis j'ai continué à poncer mon projet de couteau avec le papier de 400, puis de 800. Je pense que je vais pouvoir tenter les traitements thermiques.


Voici le manche de profil pour montrer le biseau sur le cône (la tâche bleue est voulue!)



Mon morceau d'XC75 avec l'état de surface d'un papier à poncer imperméable P800 à l'huile.


01-DEC-2011

    J'ai à nouveau poncé le manche avec de la paille de fer avant de passer la troisième et dernière couche de lasure. J'ai aussi percé 3 trous de 4 mm de diamètre dans la douille dont un dans la boutonnière afin de pouvoir renforcer l'emmanchement par coincement avec un système supplémentaire. J'ai pourvu les trous de chanfreins à 45° afin de noyer au maximum les têtes des vis coniques autotaraudeuses que je compte utiliser. J'ai ensuite passé deux couches de peinture noire vernie en bombe (c'est tout ce que j'avais) à intervalle d'une heure sur la pelle.


La vis dans la boutonnière (trou oblong) doit être en haut pour assurer une liaison fixe immédiate
contre la sortie éventuelle du manche.



Après la première couche. On distingue encore l'époxy rouge
en dessous.


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