21-SEP-2012:
SICAC 2012
Histoire de rattraper des heures
supplémentaires, j'ai pris congé pour le premier
Salon
International
du
Couteau
d'
Art
et de
Collection.
Un rapide comparo
train voiture m'a fait choisir le TGV. A une personne, c'est kif-kif en
terme de prix mais le train me fait gagner 2h30 par voyage soit 5
heures sur
la journée (sans bouchons éventuels).
Ce fut mon premier voyage en TGV. Une rame toute
neuve avec des prestations comparables à l'aviation. "Bon c'est
quand qu'on fait du 300 km/h?" Un regard sur un écran m'indique
317
km/h. Bigre je n'ai rien senti et en regardant par la fenêtre, je
n'ai pas l'impression de bouffer la moindre Hayabusa...
Depuis mes années estudiantines (vers 1995),
j'avais beaucoup évité le train et Paris, hormis deux
visites avec la famille et les enfants. C'est ma première
aventure parisienne pédi/TC/ferroviaire "seul" depuis longtemps.
Et ça part sévère. C'est dingue le nombre de
schtarbés qu'on croise. Dans le TGV la femme a côté
de moi sentait fort. Bon d'habitude les manques à
l'hygiène élémentaire sont couverts par des
fragrances de supermarché, mais là, non. La dame poque,
c'est tout. C'est comme ça après tout. Mais grace au TGV,
le calvaire qui aurait duré 3h30 entre Metz et Paris-Est en 1995
est ramené à 1h30. Formidable progrès.
Ma bonne vieille gare de l'Est n'a pas changé
sauf... Que c'est une galerie marchande. Boutique sur boutique partout.
C'est marrant le capitalisme qui récupère le moindre
mètre carré pour en faire une surface de vente. Et
dehors, en attendant mon bus n°39 qui ne vint jamais (le premier ne
s'est simplement pas arrêté; pas envie? En tout cas la
vieille dame typiquement parisienne -Rosy Varte qui aurait mal
vieillie- à l'arrêt avec moi m'a flingué l'oreille
tellement elle m'a transformé cela en catastrophe nationale), je
n'ai pu que constater que la misére et la
précarité font leur chemin, insidieux. Dédé
le clochemoutte de 95 est devenu un jeune homme de 22-26 ans avec un
chien, de la boisson et des vêtements plus jeunes. Le même
macadam cependant. Et que dire de ce Black sortant du bus n°38 avec
deux valoches plus grosses que lui et un sac poubelle de 250 litres? Je
me dis que toute sa vie doit être dans ses valoches... Et sa
boutique éphémère dans le sac poubelle. Il est
donc commerçant ou dans l'import export alors? En tout cas il
doit être important car il a deux Smartphones. Un pour Tokyo,
l'autre New-York.
Bon bref il m'aura fallu 1h15 pour aller en bus de
la gare au musée du Louvre. En bus au lieu du métro pour
"voir" Paris. Le bus... On y est malheureusement plus souvent à
l'arrêt qu'en marche. Triste écologie. Faut vite me passer
ça à lélectrique. En temps de voyage pur, j'y
serai sans doute arrivé à pied en un temps similaire.
J'avais rendez-vous avec Merlin, le "KTL" de la liste RT. 10 ans
qu'on se connait et on ne s'est jamais vu ailleurs que par photo. Bon
ben ça c'est fait aussi.
Direction la porte de Charenton. Je m'approche du
n°327 et ça se voit car à la terrasse du café
des jeunes gens admirent leurs nouveaux pliants. Il est 13h40, le salon
ouvre à 13h00 et ils sont déjà sortis? 15 EUR
l'entrée valable les deux jours et on peut entrer et sortir tant
qu'on veut. C'est noir de monde. J'ai bien fait de "rater" l'ouverture
à 13h00, la file d'attente devait être impressionnante.
Bon ben bilan. C'est beau, on peut s'en mettre plein
les yeux. Parler avec la vaste majorité des coutelliers forts
sympathiques. Hormis certains qui vous la joue dédaigneux ou
secret type "truc exclusif mis au point par moi; achète le
à 2000 EUR et tire-toi", tous sont sympas et heureux de parler
de leur art. Ma seule grosse deception fut le boniment d'un type
arguant de la supériorité du 12C27 "avec 4% de carbone
soit un peu plus que dans l'XC 75"... ??!! Je suis vite parti. Mais
c'est pas vrai y a des charlatans ici aussi? Bon on va supposer qu'il
était vendeur et pas coutelier (du moins je l'espère).
Pour info 12C27, 0.60% de carbone, à 4% ce serait une fonte et
plus un acier! XC75 0.75% de carbone.
Loin de mon environnement professionnel
international, je me rend compte de la chance que j'ai de maitriser
l'anglais et l'allemand. Cela permet souvent de mettre de l'huile dans
les relations diplomatiques entre un acheteur Allemand et un coutelier
Français ou bien de tailler une bavette avec Pekka Tuominen. Ils
sont souvent heureux de pouvoir enfin avoir une petite conversation nos
couteliers étrangers.
Ce qui m'aura le plus marqué? De nombreux
clients de couteaux artisanaux aux tarifs plutôt haut de gamme
n'y connaissent absolument rien vues leurs questions. On a envie de
leur dire: "attend tu vas acheter un truc à 300 EUR ou quasi le
même à 550 EUR sur la table à côté et
tu ne disposes d'aucun moyen de les comparer hormis le boniment du
vendeur". Une chance sur deux de se faire plumer, non? Et comment
apprécier à sa juste valeur l'objet, la plupart des
pièces étant vendues sans le moindre petit carton
résumant
les caractéristiques.
Et puis il y a la disparité des tarifs. Le
couteau le moins cher était un petit pliant japonais en O1.
Beaucoup de choses de qualités et fort belles de 90 à 220
EUR, avec une concentration entre 160 et 220. Puis la zone 500 EUR qui
à mes yeux s'explique avec des matériaux très
nobles (ivoire, visserie plaquée or). Pour finir la zone
1000-1500 et 2000 EUR. Et malgré la justification du travail,
des matériaux, de la marge qu'on s'octroie, j'ai vu ici ou
là des dissonnances dont les explications ne m'ont pas
convaincues. Par exemples des pliants français quasi identiques
en taille, forme, matériaux (hormis l'acier mais le delta
à l'achat est de moins de 10 EUR) et ajustement allant pour l'un
de 250 EUR à 990 EUR sur l'autre table.
La discussion la plus interessante fut celle que
j'ai eu avec Paulo Simoes, fort sympathique. Beaume au coeur: j'ai
même vu de rares couteaux moins bien finis que les miens: lames
à émouture décentrées, ajustement des
manches olé olé, tranchant pourri (rattrapable). Et puis
je vous ai pris quelques photos.

La salle est grande comme un gymnase et les tables plutôt
petites. D'après mes renseignements,
c'est 600 EUR pour les deux jours.

Fred Perrin, Elsa Fantino, Bastinelli Créations (je ne connais
pas son nom), Tony Lopes, Paulo Simoes et Pekka Tuominen. Pas
forcément mon style,
mais des coutelliers forts sympatiques avec des prix, à mon
sens, très honnêtes.

Sauf erreur la table de Shosui Takeda. Si on lui achète un
couteau, il vous l'affûte... Et mieux vaut ne
pas avoir un train à prendre. Il passe 10 minutes à faire
un tranchant rasoir avec ses pierres japonaises.
Je vous ai mis la photo floue pour vous montrer avec quelle ardeur,
énergie et vitesse il essaie de rendre
son couteau parfait. C'est vraiment exceptionnelle cettte façon
de voir les choses. Et il remercie son client
avec une telle joie non-dissimulée que c'en est gênant
pour lui de n'avoir payé que 70 EUR pour tout
ce travail, couteau inclus. Les couteaux de cuisines sont forgés
main et sont dans le même ordre de
prix que ceux que j'ai affûtés cette semaine.
Ah oui... J'ai
l'impression que les couteliers pros n'apprécient guère
les hobbystes et autres couteliers à mi-temps. Je suppose que
c'est parce qu'ils "piquent" des parts de marché. J'ai ressenti
cela comme le fossé entre scooter et motos.
23-SEP-2012
Je crois que je vais rompre ma promesse. J'ai bien
envie de refaire un petit couteau en attendant l'avancement du four.
Cette fois dans ma barre de D2. Apparemment selon une fiche technique,
la température d'austénisation du D2 est à
982°C, donc un truc faisable avec les 1000°C du boulot. En plus
le D2 semble apprécier également la trempe
cryogènique à -75°C... Bon on va bien voir. En
attendant j'ai redécoupé 6 bandes de 12 X 7 [cm] de toile
Denim pour refaire une plaquette de micarta maison.