Opinel n°102: 193 mm au total, lame de 92 mm en XC90 à
~60 HRc de 16 mm au ricasso, dos à 1.46 mm, avec demi-soie.
Manche en hêtre vernis d'épaisseur constante de 10 mm, deux
rivets alu non poncés. 26 g. 7 EUR au détail sans le moindre emballage.
Victorinox d'office 8 cm réf. 5.0603: 181 mm au total, lame de
83 mm en inox martensitique de 14 mm au ricasso, dos à 1.15 mm,
avec soie surmoulée.
Manche en polypropylène d'épaisseur constante de 8.75 mm. 18.5 g. 6 EUR
sous blister ultra fin de la lame seule (voir photo).
L'Opinel est vendu
seul dans un présentoir en bois sur le comptoir où les
couteaux sont comme dans un gobelet, pointe en bas. Malgré
l'acier carbone, aucune trace de corrosion. On voit bien les stries de
meulage de l'émouture. L'épaisseur derrière le
tranchant est de 0.30 mm. La loupe ne révèle aucun
dommage au fil mais la coupe du papier est difficile. Il manque un
minuscule morceau de pointe qui peut-être n'a jamais
été là. Le fil semble
avoir été mis à la main
(irrégularité) et à droite il ne va pas jusqu'au
talon. Je l'ai ébavuré très
légèrement avec la DC4 à P600, puis au cuir avec
pâte 2 microns. A présent ça coupe très
bien, sauf au talon, puisque le fil n'y est pas formé. La soie
pénètre le manche sur 62 mm (environ 2 tiers). Le dos de
lame est mieux fini que le Robert Herder mais pas encore assez lisse
à mon goût (p-ê du P180).
Le Victorinox a un emballage minimaliste de la lame
seule à base d'autocollant opaque et transparent
faisant l'objet d'un brevet si on en croit l'inscription. Swiss
Made
à Ibach, exploité commercialement par une succursale de
Cologne. On voit bien les stries de meulage de l'émouture.
L'épaisseur derrière
le tranchant est de 0.20 mm (du même ordre de grandeur que le
Robert Herder). La
loupe ne révèle aucun dommage au fil
mais la coupe du papier accroche. Le fil semble avoir été
mis à la machine tant il est régulier. Je l'ai repris
très légèrement avec la DC4 à P600, puis au
cuir avec pâte 2
microns. A présent la coupe est impressionnante! Impossible de
dire de combien la soie pénètre le manche. La finition du
manche brute de moulage est excellente. Rien à voir avec le
Sabatier ci-dessus. Tout juste une légère bavure au plan
de joint au cul du manche et le point d'injection à droite juste
derrière le ricasso (éliminés à la lime
douce par mes soins). C'est vraiment la qualité suisse. Le
site Victorinox indique utiliser pour ses couteaux de cuisine les
1.4034, 1.4109 et 1.4110 avec des températures
d'austénisation et de revenu indiquées. Vue la gamme de
prix, je penche pour du 1.4034 (X46Cr13) sans doute vers 55..57 HRc. La
lame n'était pas alignée avec le manche mais à
force de flexions bien senties, j'ai pu tout remettre dans
l'axe. Le dos
de lame est mieux fini que l'Opinel mais pas encore assez lisse
à mon goût (je penche pour du "barrillage" en pot vibrant
avec des abrasifs). Vue la présence de gros carbures de chrome
très durs, à dureté égale, un inox s'usera
moins vite qu'un carbone. La lame ne porte aucune inscription. Le
manche indique en saillie "Victorinox" à gauche et "Swiss Made"
à droite. Sur le
site Victorinox, ce modèle noir est donné pour 4 EUR
(3.90 le rouge). Super
bien fini, pas de rivet, manche plastoc, pas de gravure, peu de
métal (très fin, soie courte sans doute), une
véritable émouture plate (la lame s'affine aussi
vers l'avant), à 4 EUR ce truc est sans doute le couteau
d'office avec le
meilleur rapport qualité prix du monde! Franchement je suis
impressionné. De la coutellerie avec les fondamenetaux
indispensables (géométrie, choix de l'acier,
qualité du
traitement thermique) et une qualité de fabrication
indéniable. Les Suisses l'ont fait (au coût horaire
suisse! Chapeau monsieur Elsener!). Des couteaux similaires en prix ont
toujours un ou plusieurs problèmes qui les range au rayon des
merdes en boîte: manche de merde, gémoétrie de
merde, acier de merde, usinage peu rigoureux ou pas d'émouture
du tout (un plat tapé avec du scandi dessus), trempe à
chier... Ici rien. Comme du japonais, des trucs simples, mais tous
très bien faits et qui au final mis bout à bout font un
produit
d'exception si on lui cherche un équivalent. N'offrez que cela,
si c'est du consommable, que vos proches négligent trop souvent.
Evidemment une lame aussi fine n'est pas aussi rigide qu'un office
forgé en inox avec 2 mm au ricasso. A vous de voir vos
préférences.
25-NOV-2018
Dimanche, temps de merde, pas de vélo donc,
pas d'urgence parentale, un peu de temps pour moi. Ça faisait
longtemps que je ne m'étais pas autant amusé. J'ai
testé ma seconde platine de chauffage par induction.
D'abord le refroidissement liquide. Pas de fuite.
Note du futur: Grace à lui, après presque 40 minutes de
fonctionnnement non stop avec 4.5 A à vide, le cuivre n'a pas
chauffé à l'excès et reste malléable et
conformable à la main. Sur ma première version, la
première chauffe sans refroidissement forcé avait comme
trempé le serpentin: impossible de lui donner une autre forme.
On peut essayer de le recuire. Sur les cuivres, ce serait l'inverse des
aciers: chauffe au rouge, trempe à l'eau et ça devrait
redevenir mou...
Branchement... Tout fonctionne. Sans objet au centre
du serpentin d'origine, le courant absorbé est de 4.5 A. On est
loin de mes 10 A des premier essais. Sans doute la grande longueur du
serpentin et sa forme? Ici sur un diamètre nominal de 45 mm et
7.5 spires, j'ai calculé environ 1150 mm au total avec les
parties droites. Les spires ne se touchent pas mais sont à peine
distantes d'un millimètre. La hauteur totale est d'environ 55
mm, bien moins que la plus petite lame que j'ai.
J'ai pris mon brut forgé (en souffrance)
"d'Abbica"en lame de tondeuse au bout de la pince étau (voir
photo du 06-SEP-2018). En introduisant toute la lame dans le serpentin,
le courant monte à 21.5 A. Je l'ai ressorti immédiatement
pour recommencer mais avec introduction progressive. Le courant monte
à 8.5 A, la pointe rougit, le courant chute à 6.5A,
j'introduis davantage la lame, on remonte à 11..13 A, ça
rougit, le courant resdescend et ainsi on arrive à rougir
progressivement toute la lame. Mais lorsque la pointe ressort du
serpentin, elle noircit. Impossible d'avoir toute la lame au rouge
cerise en même temps. Le cylindre formé par le serpentin
n'est pas assez haut/long.
Ensuite j'ai sorti mon aimant déporté
que je garde pour la forge, histoire de bien confirmer qu'on est au
moins à 769°C. Il semble que non. Peu importe comment je m'y
prends, l'aimant agit toujours, un peu moins mais rien de concluant.
Premier problème donc.
Pour en avoir le coeur net, j'ai trempé
à l'eau (parce que j'étais dans ma canfouine et qu'une
sauteuse pleine d'eau se présenta comme solution rapide) le bout
de "l'Abbica". Test à la lime demi-douce. Ça a durci
mais pas assez selon ma maigre expérience à la lime. Bon
comme c'est un acier à lame de tondeuse, on est sans doute sur
du ressort bien "costaud" avec un taux de carbone moyen qui oblige
à austéniser vers 830..860°C. Le résultat sera
sans doute meilleur avec un haut carbone.
J'ai donc ressorti la lame du pliant (en souffrance)
"Kipawa" forgée dans une lime. J'ai beaucoup joué et
testé avec cette lame et sans doute que j'ai fichu un peu de ce
travail passé en l'air. Là aussi impossible
d'austéniser toute la lame, l'aimant attire encore même
les parties les plus oranges. A ce sujet, impossible d'aller au
delà de l'orange. A l'apparition de cette couleur, le courant
chute toujours beaucoup, ce qui me fait penser qu'alors l'acier perd
ses propriétés magnétiques (alors pourquoi ne
l'aimant ne me le confirme pas?) et que les effets du courant de
Foucault sont bien moindres. L'énergie convertie en "friction"
chute alors, la température aussi, le magnétisme revient,
ça remonte... Et nous voilä avec une régulation
autour du point de Curie.
J'ai aussi remarqué qu'un morceau d'acier
approché du côté extérieur du serpentin fait
à peine grimper le courant: 4.65 A, quedalle. Il faut vraiment
que le bout de métal à chauffer soit pris en "sandwich"
entre deux conducteurs. Ma sauteuse en alu amenée au plus
près fait monter le courant de 0.01 A. Cela veut dire que ma
théorie que ma première platine morflait sous l'effet du
champ magnétique est infondée. Si elle chauffait,
c'était uniquement la faute au courant intense qui y circulait.
Après quelque temps, j'ai abandonné ma
grosse pince en bois qui brulait gentiment pour revenir à la
pince étau. En effet, la lame du pliant ne se saisit que par la
lentille et j'avais peur que l'acier d'une pince dans cette zone
n'augmente que trop le courant consommé. Pas trop, au
delà de 3 cm, un morceau d'acier proche est peu influencé
par les phénomènes que je cherche à utiliser
à mon avantage.
Bon alors pour résumer, tout ce que j'ai
réussi à faire à la lame du "Kipawa" à
force de jouer, c'est de faire remonter la pointe façon katana
de presque 5 mm à la fin. J'ai essayé des
normalisations à l'air, des trempes (toutes à l'eau)
intégrales, sélectives, triples, interrompues... Aucune
fissure, sans doute pour cause de température dans la
fenêtre basse et d'eau de plus en plus tiède. Par
mégarde, j'ai causé un petit choc au fil contre le bord
de la sauteuse. Le fil est très peu déformé. Avec
la dernière série de trempes sélectives triples,
la lime m'indique une bonne dureté dans les 3 premiers
cinquièmes de la lame, derrière c'est plus mou.

Pendant mes essais, après 3 normalisations à l'air et 3
trempes sélectives à l'eau: la pointe devrait
être en dessous de la plaquette extérieure qu'on aperçoit derrière l'entretoise.
Histoire d'éviter une casse
ultérieure, j'ai profité de mes plats de la semaine que
je préparai pour lui faire quelques revenus: 20 min à
180°C (saumon en papillote) et 7 min à 210°C, 10
à 160 et 30 à 150°C (cake en forme de grosse
madeleine qui caramélisait trop sur les bords).
La suite? D'abord ça plie parce que
- il y a bien de la martensite (un peu moins dense que perlite et
ferrite) qui se forme au fil et qui "pousse" dans toutes les directions
et
- comme le dos est encore trop mou à ce moment, il cède.
C'est pour cela que le fil n'est pas trop déformé: si le
dos résistait, le fil n'aurait pas d'autre choix que de devoir
onduler à gauche et à droite pour autoriser la
matière à se dilater un peu lorsque la structure
cristalline de la martensite se forme vers 250°C. Cela prouve bien
qu'il y a au moins trempe partielle et que ça marche. Le hic
c'est que comme je chauffe toute la lame, le dos ne me "soutient" plus
la géométrie. Il faut réussir à faire de la
chauffe sélective pour combattre cela... Ou alors anticiper la
déformation en laissant assez de matière pour rectifier
le contour après traitements thermiques.
A ce propos, bien que je sois contre par
principe de frugalité et de "lean", je songe de plus en plus
souvent à tremper avant émouture. Adieu les soucis
de géométrie variable post trempe mais bonjour le risque
de revenu (et pire) et d'usure accélérée des
bandes à l'émouture. Je sais que beaucoup font comme
ça de nos jours (et crâme le fil. Aux cons!).
Je vais refaire des essais en écartant
davantage les spires histoire de pouvoir faire tenir au moins une
petite lame dans le coeur de la bobine. Le courant va t-il (beaucoup)
augmenter? La platine n'a rien pour l'instant pour cause de
courant assez éloigné du maxi. Mais si je frôle les
15 A assez longtemps? Je songe à monter le ventilo de la
première platine sous la seconde. Est ce que
ça aiderait assez? S'il faut un serpentin assez long pour
garder le courant à vide assez bas, je pourrai essayer d'en
faire un avec une partie droite (pour de la chauffe sélective)
et un serpentin de section ovale plus proche de la lame. Toujours
plus de questions, d'idées.
26-NOV-2018
J'ai commandé en ligne un autre
Robert Herder en C80, même manche mais en cerisier et
lame droite de 85 mm. Toujours avec "Solinger Dünnschliff",
émouture ultra fine.
Nouvelle séance d'essais avec le chauffage
par induction. J'ai écarté davantage les spires. La
hauteur totale est à présent de 70 mm environ. Pour la
première fois j'ai tout installé dans le garage avec ma
pompe dans ma sauteuse d'hier. Cette fois j'ai pris de l'eau de pluie
et un de mes petits bacs de trempe en acier avec environ 1 cm d'eau pour
commencer.

Photo antidatée: la pompe est hors d'eau ici mais elle devrait
être dans la sauteuse plein d'eau (le profilé alu sert
à la tenir debout). Au fond du petit
bac en bas à droite, des traces de calamine après de
nombreuses trempes. Le second ventilateur est déjà
monté sous la platine mais il n'est pas
alimenté pour le moment. Le petit display avec tension, courant,
puissance et énergie (relié au shunt) est ce qui me sert
le plus à surveiller tout
dépassement en courant et la conso mini une fois la température/couleur stable.
J'ai pris deux de mes vieux couteaux utilitaires
Carl Schwarte en 75Cr1 (offert par MJM) pour commencer. J'ai fait 3
normalisations à l'air de chaque pièce. Des remarques
- malgré la nouvelle géométrie de la bobine, le
courant à vide est resté à environ 4.5 A
- la quantité de matière étant plus importante le
temps de chauffe était plus long qu'avec le "Kipawa" d'hier.
- en introduisant toute la barre d'un coup, un pic a plus de 24 A
apparait. Vite on retire le tout et on y retourne progressivement. J'ai
vu 15 A au maxi
- lorsque tout est rouge le courant se stabilise vers 10.5 A et oscille
à ±0.5 A: je pense qu'au courant mini je suis
à la température maximale et dès que
ça remonte, c'est parce que le métal a refroidi et que le
magnétisme revient
- il faut donc tremper lorsque le courant passe par son mini
- j'ai tenté de vérifier cette théorie à
l'aimant et en effet, c'est bien là que l'aimant attire le moins
le métal
- ce qui me chagrine c'est le magnétisme qui ne disparait jamais complètement
- la seconde chose c'est la couleur: un bel orange uniforme qui selon
les tableaux nous donne environ 810°C, soit 40°C de plus que le
point de Curie, alors pourquoi est-ce encore magnétique?
Même en me gourrant d'une nuance, on est encore à
780°C avec une couleur qui tire vers le rouge. Un vrai
mystère.
- j'ai trempé un Carl Schwarte une fois et l'autre 3 fois
- la trempe triple a progressivement remonté la lame; la trempe unique n'a presque pas bougé
- le test de la lime demi-douce indique bien un dos plus mou que le
côté trempé; par contre je pense être loin de
la dureté maxi, mais comme c'est un acier hypoeutectique qui
austénise plus vers 830 et au dessus, il me reste un espoir avec
les hypereutectiques...
- avec 3 trempes, la calamine a bien sauté et le métal est bien plus blanc que sur la trempe simple
J'ai repris le "Kipawa" pour tremper le dos
en sélectif cette fois avec l'espoir de redresser un peu la
lame. Cela n'a
rien donné ou si peu. J'ai fini par une nouvelle trempe
sélective à l'eau de toute la longueur du tranchant, la
nouvelle longueur de bobine m'y autorisant. La lame a perdu un peu
de rectitude. Là aussi, la lime me dit qu'il
y a bien eu trempe mais pas optimale non plus, bien que plus dure
qu'hier je dirai.

A la toute fin, malgré des trempes sélectives du dos, la pointe est encore plus haute que sur la photo
d'hier. Pas de revenu pour le moment.
Pour finir j'ai fait une trempe sélective
à l'eau de "l'Abbica". Là aussi j'ai longuement attendu
que la température s'homogénise et que le courant soit au
mini. L'acier a bien blanchi partout. Je n'ai jamais eu d'aussi "belles"
trempes avec le four: la faute sans doute à la distance four bac
de trempe, mes émoutures déjà faites (peu de
matière, qui se refroidit donc très vite) mais aussi
peut-être à des chocs thermiques plus faibles à
cause de l'huile ou du goop. Là encore la trempe a prise selon
la lime mais ça reste bien mou pour mon goût
- un hypoeutectoïde austénisé trop bas
- et pas assez de carbone dés le départ pour atteindre 65..67 HRc après trempe.

Trempe sélective unique à l'eau pour "l'Abbica". Pas trop
de déformation mais une dureté très moyenne.
Pas de revenu pour le moment.
Pendant tous mes essais, j'ai changé le
niveau d'eau dans le bac de trempe et comme son volume est
très faible, l'eau n'a jamais eu la même
température: de 5°C au début (car prise dehors)
jusqu'à une eau fumante à la fin.
Bon il faut encore progresser. Il faudrait adapter
le serpentin au mieux à la géométrie: augmenter la
longueur de la bobine, diminuer le diamètre pour se rapprocher
de l'acier, éventuellement passer à une section ovale
plus adaptée à la section d'une lame. Toujours pas de
solution pour une chauffe sélective qui serait tellement plus
élégante.
Aller, la cerise: des tests de casse sur les Carl
Schwarte. J'ai monté les lames au niveau du trou dans
l'étau. La moitié inférieure était dans
l'eau, l'autre dans l'air.
- trempe simple:
casse nette des deux côtés en même temps,
grain à peine plus fin dans la zone
trempée à l'eau (attention le Cr contenu augmente la
trempabilité et la profondeur de trempe)
casse propagée en surface dans la partie immergée
- tremple triple:
casse en deux fois: d'abord dans la zone
immergée puis après augmentation de la flexion dans
l'autre
plus grosse différence de granulométrie entre zone immergée et non immergée
grain imperceptiblement plus fin qu'à la trempe simple dans la zone immergée
casse propagée moins loin en surface en zone immergée et plus loin en zone non immergée

Les explications sont dans la photo... Voyez comme l'acier de la
trempe triple a blanchi / perdu sa rouille ou calamine à force.
Pour une fois on voit
les stries laissées par mes mesures à la lime demi-douce.
27-NOV-2018
J'ai commandé en Chine
- un thermomètre infra rouge allant jusqu'à 1050°C et
- un mini oscilloscope
Utilité? Pour le premier confirmer une température / la
vérifer par une autre méthode que la couleur ou la perte
de magnétisme. Pour le second mesurer la fréquence du
courant de mon kit de chauffage par induction. La profondeur de
pénétration de l'énergie induite en dépend
directement. En théorie, le kit sort 40 à 50 kHz ce qui
selon des tableaux nous donne environ 1 à 2 mm sur un acier
avant la température de Curie.
28-NOV-2018
J'ai pas l'air comme ça mais je
réfléchis beaucoup, pas toujours avant. Mes vieux
souvenirs de cours de transferts thermiques ont ressurgi dans ma
mémoire (parce que j'ai beaucoup aimé ces cours) à
propos de la chaleur transmise par rayonnement, température
à la puissance 4 et émissivité. C'est sur ce
principe que fonctionne un thermomètre infra rouge. Et bien
sûr il est aussi précis que la valeur
d'émissivité qu'on lui donne. Quelques recherches rapides
indiquent que l'émissivité de l'acier vers 800°C
dépend de plein de facteurs dont l'état de surface, etc.
Comment puis-je espérer savoir si je suis au dessus ou en
dessous de 769°C si l'émissivité est de 0.80, 0.85 ou
0.90? L'énergie transportée par rayonnement y est
directement proportionnelle d'après la formule. Donc 5% d'erreur
dans l'émissivité égale 5% d'erreur dans la
lecture de la température réelle. 800°C = 1073 K.
1073*.95=1019. 1019-273= 746.35 °C. Bref avec 5% d'erreur je peux
lire 750 ou 850°C sur une pièce à 800°C. Ah il
est beau l'ingé... Au final au lieu de croire un aimant,
j'étais parti sur mes yeux comparant des couleurs avec des
abaques ou l'aide d'un appareil magique. Alors que l'aimant ne ment
sans doute pas. S'il attire encore un peu le barreau chauffé
c'est que celui-ci n'est pas à 769°C un point c'est tout. Il
faut accepter la vérité scientifique même si elle
ne vous plait pas.
En réfléchissant encore, j'ai bon
espoir de passer un peu au dessus des 769°C en augmentant la
pénétration de chauffe. Je ne sais pas encore comment
mais si j'arrive à baisser la fréquence du kit,
peut-être que j'arriverai à monter à 800°C
environ. Donc pour la fréquence pas le choix que d'attendre le
mini oscilloscope. Sinon il y a aussi le ventilo qui refroidit la
platine qui doit un peu souffler sur la pièce. Je songe donc
à mettre une sorte d'écran entre bobine et platine. A mon
avis dans ces plages de température, il doit être facile
de perdre 10°C par le "soufflage".
29-NOV-2018
Encore la fièvre acheteuse pour compenser mon
inactivité. J'ai commandé chez Eurotechni une barre
d'XC100, une de C130 et une dernière de 135Cr3. Leur XC100 est
affiché comme étant de l'UHB20C (Üddeholm) avec
0.15% de Cr. Ce qui n'est pas le cas de la fiche technique officille en
ligne. Moi ça m'arrangerai bien bien 0.15% de chrome pour
améliorer la trempabilité. Cours échanges...
Résultats
- leur XC100 vient bien de chez Üddeholm et c'est du UHB20C
- la fiche technique Üddelholm chez Eurotechni indique 0.15% de Cr mais...
- l'analyse de leur lot en stock indique (en % de masse): C-0.965 Si-0.240 Mn-0.442 P-0.004 S-0.001
- donc finalement pas de chrome dans ce que je vais recevoir (ça sent la trempe à l'eau)
- Eurotechni a dit qu'ils allaient retouché leur fiche technique. On va voir...
Cool qu'ils aient l'analyse de leurs lots. Avez-vous
vu cette propreté? Les taux de soufre et de phosphore sont ultra
bas. Fortiches les Suédois. Même les aciers japonais (de
chez Yasuki et Hitachi) réputés ultra propres sont au
dessus. J'ai demandé s'ils avaient l'analyse des deux autres
barreaux mais RAS so far.
30-NOV-2018
Plus aucune réponse d'Eurotechni au sujet des
compositions exactes de leur lot de C130 et 135Cr3. En faisant mes
courses le soir, je suis tombé sur des plaques à
induction soldées pour cause d'invendu je suppose. Une plaque de
22 cm allant jusqu'à 2000 W pour 22 EUR, soit moins que mon kit.
Ça faisait longtemps que je me demandais si une telle plaque
serait capable de rougir un bout de ferraille. Peut-être peut-on
récupérer les entrailles et les détourner? Bon
voilà du matos de test sans grand investissement.
01-DEC-2018
Petit test avec la plaque à induction: on
pose un bout de ferraille dessus et on allume. Rien. Le machin
détecte pas grand chose au dessus de lui (pas assez de courant
appelé?) et se met en veille par sécurité. Pour 22
EUR ce truc possède en plus plein de fonctions annexes... Alors
j'ai mis une casserole pleine d'eau que j'ai un peu excentrée et
j'ai placé le barreau au dessus de la plaque. Il chauffe mais
pas suffisamment. On va un peu fouiller le Net pour voir si quelqu'un a
déjà détourné un truc pareil.
Sinon j'ai ressorti mes pierres Haidu 180 et 280
pour retoucher l'Opinel N°102 et le bec d'oiseau Robert Herder
- Le tranchant n'était pas complet sur l'Opinel au niveau du talon
- l'épaisseur du tranchant derrière la pointe (les 5
premiers millimètres) du bec d'oiseau était un peu
trop importante et l'angle au sommet trop ouvert. J'ai
affiné tout cela.
Finition au cuir et pâte 2 microns.
Retour au garage pour jouer un peu avec mon
chauffage par induction avec une grosse lame non émoulue que
j'ai en souffrance depuis bien trop longtemps. C'est pour une version
de Bob Loveless Dropped Hunter avec une soie. Bref un tout autre
volume de métal que pour les premiers essais. Il faut y aller
progressivement car des sauts au dessus de 15A arrivent très
vite en avançant que peu de matière dans la bobine. D'un
seul coup l'écran digital du "multimètre" s'est mis
à déconner. Un grand nombre de segments sont
llumés partout, impossible de suivre l'évolution du
courant. Un coup à se prendre du 20 A et plus vite fait dans les
dents. Coupure. Nouveaux essais. Rien à faire. On dirait que
l'écran est HS... Punaise c'est vraiment rageant. Toute forme de
surcharge étant exclue à cause du shunt, la partie
voltmètre est bonne pour 100 V, faut se rendre à
l'évidence, le module doit être HS. Jamais je n'en aurai
un nouveau pour les vacances de Noel. Frustration. il doit être
écrit quelque part que pour la seconde moitié de 2018,
les vierges ascendant balance vont en chier sur tous les tableaux. Y a
plus qu' à attendre que le beau temps revienne. Il revient
toujours.

Pas facile à décoder, hein?
02-DEC-2018
J'ai rallumé le chauffage par induction ce
matin. Ecran toujours illisible mias cette fois avec le mode d'emploi.
Il faut dire que l'emploi d'un seul bouton pour naviguer dans les menus
et régler en même temps avec des impulsions longues,
courtes, répétées n'est pas instinctif. Il a
suffit de remettre les compteurs d'énergie et de puissance
à zéro pour que l'écran revienne à son
état normal. Youpie!
J'ai alors écarté encore les spires:
on est à 80..85 mm selon l'endroit où on mesure. A vide
à présent il y a 5 A au lieu de 4.5. En changeant
l'inductance L de la bobine, je dois changer l'impédance Z (vous
vous souvenez des circuits RLC, les nombres complexes, le diagramme de
Fresnel?). Avec un morceau de carton, j'ai aussi bricolé un
pare-vent qui abrite totalement la bobine des courants d'air du
ventilateur afin de maintenir bien au chaud la pièce au centre.
Cette fois j'ai chauffé plusieurs fois la
lame du "Kipawa" pour essayer de gentiment la redresser au marteau.
Presque sans effet. Alors j'ai fait des trempes sélectives du
dos de la lame. Il y a bien eu redressement partiel, visible à
l'oeil. Hélàs, aussi visible à l'oeil, le
tranchant serpente (coups de marteau) et la lame n'est plus plane
(trempes sélectives).
J'ai aussi chauffé un autre Bob Loveless mais
à plate semelle et déjà émoulu, pour
essayer une fois chaud de juste passer le tranchant entre deux spires
écartées. C'est presque sans effet. Le courant augmente
un chouilla mais sans que ça rougisse. Pendant toutes ces
expériences, l'écran a souvent rendu son tablier. D'abord
j'ai cru que c'était si le courant passait brusquement bien au
dessus de 20 A (cela arrive si on introduit d'un coup toute la lame
à froid), puis si je touchais par erreur une spire avec la lame.
Mais chaque fois, j'ai trouvé une situation qui me contredisait.
Une fois l'écran m'a même fait le coup alors qu'il n'y
avait rien dans la bobine. Ça sent le bug tout court sans
réelle raison physique due à la mesure.
04-DEC-2018
Me suis replongé dans mes lointains souvenirs
de circuit RLC, impédance complexe, fréquence propre de
résonance. Selon Wikipedia,avec un circuit RLC en série
ou en parallèle, la fréquence propre est inversement
proportionnelle à la racine carrée du produit LC
(inductance et capacité) f
0=1/[2pi*(L*C)
1/2].
Bref, sans connaitre la fréquence propre du
circuit de chauffage par induction, on peut la diminuer en jouant sur L
ou C. Que voulez vous, attendre l'oscilloscope c'est trop long... Faut
que je joue...
- L c'est l'inductance de la bobine qui selon les formules
simplifiées trouvées en ligne va augmenter avec le
diamètre de la bobine et le carré de son nombre de spire
et diminuer avec sa longueur. Doubler le nombre de spires multiplie par
4 l'inductance mais comme la longueur est multipliée par 2 on se
retrouve avec une inductance double "seulement"
- C c'est la capacité. Pour l'augmenter il faut ajouter des
condensateurs au circuit (ils s'ajoutent en parallèle;
c'est l'inverse des résistances)
Dans mes tiroirs il me reste l'ancienne platine et
ses 6 condensateurs de 0.33 µF soit 1.98 µF. En les reliant
à la seconde platine, je doublerai ainsi la capacité du
circuit et selon la formule ci-dessus, la fréquence propre
serait dimnuée de 1/[(2)
-1/2] soit encore
multipliée par 0.707 (en gros réduction de 29%, par
exemple 71 au lieu de 100 kHz). Ça devrait déjà
augmenter sensiblement la profondeur de pénétration du
champ magnétique et des courants de Foucault induits avec
à la clé un espoir de chauffer plus intensément
mes lames.
re-Bref, j'ai déssoudé tout ce qui
restait sur l'ancienne platine sauf les condos afain de les relier en
parallèle aux bornes de sortie de la seconde platine. Essai
- merde 9.5 A à vide au lieu des 5 que j'avais avant (4.5 avant d'allonger la bobine en écartant les spires).
- introduction progressive d'un bout de ferraille, le courant monte bien haut 17..18 A pour finir par retomber vers 14
- l'isolation des cables reliant mes deux platines fument au bout d'une minute: arrêt d'urgence!
Bilan: ben ils étaient en train de fondre. J'avais pourtant pris du câble de 2.5 mm
2
souple multibrin (contre les effets de peau). Comment c'est possible?
Selon le bouquin, le 2.5 carré c'est bon pour ? Ben merde je
trouve juste les 20 A domestiques pour du fil rigide. Et puis surtout
j'ai oublié que je suis en alternatif en sortie. Il doit y avoir
des pics de courant monstrueux. J'ai aussi trouvé en ligne une
formule qui donne l'élévation de température d'un
conducteur. Elle est inversement proportionnelle au carré de la
section. Bref en doublant la section je diminue en théorie par 4
la température. Si je trouve du 6 mm
2, ça nous fait même 5.76 fois moins...
Et puis en doublant seulement la capacité,
j'ai dû modifier l'impédance de façon importante,
ceci expliquant la grosse augmnentation de courant à vide. Selon
mes souvenirs (Lw-1/Cw; j'ai pas de oméga minsucule sur le
logiciel Nvu), si j'arrive à aussi doubler l'inductance cela
compenserait l'augmentation de capacité et l'impédance
resterait inchangée. Ça veut dire qu'il me faudrait
"juste" une bobine avec 15 spires au lieu de 7.5 (toutes autres choses
restant égales). Punaise c'est bien beau de
réfléchir mais matériellement je ne vais pas aller
aussi vite pour vérifier mes théories. La route est
longue.
05-DEC-2018
Au lieu de chercher un gros câble, j'ai
simplement relié les deux platines par des vis et les colonnes
ne laiton qui servent de bornes. Ça doit faire facile du 8 mm
2
de section, mais j'ai peur des effets de peau (quand un courant circule
dans un conducteur, il crée un champ magnétique; ce champ
agit sur les porteurs de charge et les "attirent" en surface et du coup
tout le courant passe en surface risquant de créer une
surchauffe locale; les câbles multibrins essaient de combattre
cet effet, entre autres)

La connexion mécanique et électrique cerclée en
rouge. Le ventilo du bas n'est pas alimenté pour le moment. Le
carton qui cache la platine supérieure
sert à empêcher le ventilo du haut de refroidir la lame dans la bobine.
Avec exactement la
même capacité en parallèle mais sans câble,
il n'y a plus que 7.5 A à vide. Punaise comment deux
câbles peuvent à ce point changer l'impédance? Bref
plus de section et moins de courant, au toucher les conducteurs (les
colonnes en laiton) sont un peu tièdes, c'est tout. Un petit
essai vite fait avec un bout de ferraille: j'ai pas l'impression qu'on
dépasse l'orange. Pas la moindre trace de décalescence,
ni recalescence. Le display bug encore et toujours à l'envie. OK
c'est vite remis en état mais c'est sûr qu'il a un souci.
Si ça plante en pleine auténisation au moment
où je cherche une intensité mini, ça va vite me
gonfler.
06-DEC-2018
C'est la Saint-Nicolas, et chez moi en
Grande-Plouquie-Est, pardon mais ça veut encore dire quelque
chose! Bref j'ai enfin pu récupérer mon dernier Robert
Herder.

188 mm au total, lame de 81 mm en C80* (~XC80 à ~60 HRc) de 15 mm au ricasso, dos à 1.20 mm, avec demi-soie.
Manche en cerisier brut, épais de 12 mm au maxi, deux
rivets alu matés, poncés à ras. 17.1 g. 13.95 EUR
sous blister.
* info d'un chef d'atelier de chez Robert Herder prise dans une video
YouTube de type "publi-information". Il ajoute que l'acier
est "biconique", ce que j'interprète par une section
déjà pré-émoulue, réduisant le
travail à faire et la matière dès le départ.


La notice. L'émouture est dite "fine de Solingen", voir schéma. Y a des
videos Youtube là-dessus ou
ici ou
là.
Chaque couteau est émoulu à la main (avec un lubrifiant
de refroidissement), le tranchant contrôlé sur chaque
pièce. Rivets alu montés
à la main. Sensible à la corrosion, ne pas mettre
au lave-vaisselle. Ne pas couper des objets trop durs (os, produits
congelés), l'objet
est destiné aux légumes, viandes et poissons. La coloration de la lame en usage est normale.
Ne pas affûter avec des machines domestiques mais passer juste 2..3 fois sur un fusil en acier ou en céramique.
Le manche est brut sans vernis ni traitement chimique quelconque. Après son premier contact avec de l'eau, il
deviendra rugueux, fournissant ainsi une très bonne tenue en main.
Selon les endroits, j'ai mesuré
l'épaisseur derrière le fil entre 0.10 et 0.15 mm. Le fil
est plus épais vers le premier tiers (à la pointe). En
sortie de boîte c'est assez agressif sauf dans le premier tiers.
Pas de bavure ou de plis (merci le blister!). J'ai
repris le tout à la main pour parfaire cela: P325 et cuir +
pâte 2 microns. Ça coupe très bien à
présent mais je sens bien que le fil est plus épais
devant.
Le cerisier (seul le papier de l'emballage est FSC
sur ce modèle) est un bois noble pour les manches de couteaux en
Allemagne si l'on en croit l'emballage. Au ricasso le
chanfrein est à 45°. Le dos de lame a de profondes stries de
meulage (P80 ou 100 selon moi). Un bon endroit pour un début de
corrosion. Un jour prochain avec le back de sortie, je le finirai
à P400 ou mieux. Bon on va tacher de l'utiliser en cuisine et on
vous dira. J'ai prévu d'acheter encore d'autres modèles
de couteau d'office.
07-DEC-2018
Les deux Robert Herder ont du jeu au manche: section
triangulaire de lame et section rectangulaire dans le manche. Un
très bon endroit pour que l'eau de nettoyage y
pénètre et nous corrode tout cela à la longue. Je
vais tacher de boucher cela à l'époxy. Je songe aussi
à quelques couches d'huile pour les manches bruts. Au courrier,
enfin je veux dire au point relais, il y avait enfin mes aciers de chez
Eurotechni: XC100 (aka UHB20C), C130 et 135Cr3.

En dessous de la lame, dans le prologement du tranchant, y a aussi encore un petit jour dans le manche.
08-DEC-2018
En plusieurs étapes, j'ai mis de la
résine époxy dans les interfaces lame / manche des deux
Robert Herder et de l'Opinel n°102.
09-DEC-2018
Je suis retourné au garage avec la lame du
"Kipawa". Avec la capacité doublée, j'ai plusieurs fois
chauffé la lame. Elle reste magnétique quoiqu'il arrive.
J'ai encore amélioré l'isolation de la bobine des
courants d'air parasites venant du ventilo. A l'enclume j'ai
redessé la lame au mieux. J'ai encore fait une trempe
sélective du dos pour essayer de redresser la ligne
générale. Peu ou pas d'effet. Pour finir j'ai refait une
seule trempe séléctive à l'eau du tranchant sur 5
à 7 mm (7 à la pointe, 5 au talon). J'ai encore
redressé au mieux pendant que la lame était chaude. La
lime indique un durcissement très notable. Pas de revenu pour
l'instant. Le display m'a laché bien trop souvent, sans la
moindre raison apparente. Parfois j'ai cru à un pic de courant,
parfois j'ai cru simplement à un temps passé. Les
condensateurs de la platine inférieure sont bien tièdes.