03-JAN-2019
J'ai passé un peu moins de 2 heures au garage
à façonner à la main les manches des "Abbica"
et "Madawaska". Les plaquettes ne sont pas encore assez
symétriques à mon goût. Malgré
l'excès d'époxy, il y a à mon grand
étonnement des zones sans colle entre plaquettes et manche sur
le "Madawaska". J'ai donc remis de l'époxy à ces
endroits, de la cyanocrylate sous les fissures et bouché les
manques de matière avec un mélange époxy - sciure.
L'ami croisé à Nouvel An travaille
pour une société allemande qui fait des tondeuses et
autres machines pour espaces verts, mais pour les pros. Des gros
machins, quoi. Il m'a envoyé aujourd'hui un dessin de leur
petite lame rotative de "coupe et de scarification". Environ 80 X 30 X 3 [mm] avec l'inscription
"trempé et revenu à 50±2 HRc". La case
matière indique "27MnCrB5-2". Bof. C'est sûr que ça
ne cassera pas ce truc avec si peu de carbone, ça pliera,
sécurité maxi pour l'utilisateur je suppose. Du
manganèse et du chrome pour la trempabilité. Pour
l''usure aussi? Je ne crois pas trop, y a déjà pas assez
de carbone, alors le "bouffer" en carbures... Le bore pour quoi faire?
04-JAN-2019
Mon collègue m'a envoyé un autre plan
de lame d'engin agricole (un poste précédent qu'il
avait). Désigné par "couteau" sur le plan, la tôle
fait 5 mm d'épaisseur. Cette fois c'est du 37MnB5
spécifié à 50..53 HRc. L'angle de taillant est de
18° (10° d'un côté, 8 de l'autre). Un texte avec
une ligne d'attache désignant le tranchant énonce
"Métallisation de carbure" (sur 12 mm de largeur de tranchant)
sans qu'on en sache plus.
Beaucoup de travail à la main aujourd'hui
- ponçage à ras des excès de mélange colle
époxy - sciure sur le manche du "Madawaska" et retouche en
passant par P120, 180, 320 et 600
- reprise du manche de "l'Abbica", à la lime pour
équilibrer la symétrie du manche, puis P60, 120, 180, 320
et 600
- façonnage du manche du "Kipawa"
- ponçage à plat des interfaces ferule - manche du "H21" en vue du futur collage
- chanfreinage à 45° des trous de la quincaillerie sur les plaquettes des "Abbica" et "Madawaska"
- reprise des perçages (coulure de l'époxy), montage
sans colle de la quincaillerie et mise à la longueur en laissant
0.5 mm de dépassement de chaque côté
- matage de la quincaillerie: marteau sur les rivets en laiton et
écrous borgnes pour déformer sphériquement les
tubes de passage dragonne
05-JAN-2019
Je me suis aperçu que les collets battus des
tubes de passage dragonne des "Abbica" et "Madwaska" n'étaient
pas parfaitement jointifs aux chanfreins à 45°. Je les ai
forcés en place avec une seconde bille (issue d'un roulement) de
plus gros diamètre (15 mm). Je n'en avais qu'une et en face il y
avait encore l'écrou borgne avec sa sphère d'environ 7 mm
de diamètre. Ça l'a fait à peu près. Rien de
plus, j'avais beaucoup de cuisine à faire aujourd'hui.
06-JAN-2019
Sortie du backstand. J'ai repris un peu la
forme de "l'Abbica" avec une pointe un peu plus tombante. Ensuite j'ai
poncé à ras sa quincaillerie matée ainsi que celle
du "Madawaska". Reprise des chants à P220 et P400.
Au couteau j'ai un peu creusé la zone de
repos de la lentille du "Kipawa". La lame n'est vraiment pas
dans l'axe et bat la campagne dans la zone du pivot, la lentille
pas assez déportée... Y a du boulot pour en faire un truc
à peine potable. Je ne sais pas comment ça va finir.
J'ai collé et mis sous presses la ferule en
polypropylène du "H21" après dégraissage des
surfaces.
07-JAN-2019
Longue journée de reprise, plus trop envie le
soir, garage froid, tant d'autres détails ménagers
à régler... Alors pétri de bonnes
résolutions, j'ai fini par pousser la table basse du salon
et j'ai continué le ponçage de finition des manches des
"Abbica" et "Madawaska" à la main bien au chaud devant Youtube:
P180, 320 et 600. Un coup d'aspi plus tard et la sciure avait disparu.
La vie en ermite 12 jours sur 14 a aussi ses bons aspects.
08-JAN-2019
Retour au garage pour polir au disque et à la
pâte 40 microns spéciale bois les manches des "Abbica" et
"Madawaska". L'essence dure, dense et inconnue de "l'Abbica" est si
régulière qu'on dirait presque un matériau
synthétique type micarta sur base tissu. L'essence inconnue du
"Madwaska" a des nuances beaucoup plus profondes et subtiles, celles
que j'aime dans le bois. Les fissures sont encore un peu visibles mais
bouchées. L'huile de Tung en finition devrait les effacer
encore un peu.
J'ai réussi un spectaculaire et inattendu
redressement de la lame du "Kipawa", à présent bien dans
l'axe du manche. C'est grace à la trempe sélective qui a
laissé une grosse partie de la lame suffisamment plastique. Le
tranchant "tangue". A cet endroit, l'acier est dur et refuse de revenir
complètement en ligne. J'estime sa correction à 66%, ce
qui est bien quand on voit d'où je suis parti. Pour la ligne
générale, je trouve à présent les
proportions lame/manche un peu deséquilibrées: lame trop
courte, manche trop long.
Sortie du manche du "H21" des presses.
09-JAN-2019
Un collègue m'a filé deux billes de
roulement de diamètre 10 mm. Avec elles, j'ai remis une passe de
finition sur les tubes de passage de dragonne des "Abbica" et
"Madwaska". Ensuite j'ai passé les manches au décireur
pour leur dispenser une première couche d'huile de tung
diluée à 50% avec de la térébenthine (et
1.5% de siccatif).
J'ai ensuite corrigé au back le dos de
la lame du "Kipawa" qui était remontée façon
katana japonais suite à mes nombreux essais de trempe. Le
voilà bien rectiligne à présent. J'ai alors encore
tenté de redresser (toujours faire mieux) la lame. Ça a
marché, mais très très peu. Le tranchant sans
doute pas hyper dur et les deux tiers de lame non trempée
restés bien plastiques sont très tolérants. Avec
une lame trempée intégralement avec austénisation
optimale au four, ça fait belle lurette que j'aurai cassé
la lame tant j'ai tapé fort dessus. Je crois que le tranchant
restera déformé à jamais. Le prochain chantier ici
c'est de réussir à corriger (un peu?) mon
étourderie d'avoir mis une pente sur la partie de la lame autour
du pivot (dont les côtés devraient bien entendu être
parfaitement parallèles).
10-JAN-2019
En soirée, seconde couche d'huile de tung
diluée à 50% avec de la térébenthine (et
1.5% de siccatif).
11-JAN-2019
En soirée, troisième couche d'huile de tung
diluée à 50% avec de la térébenthine (et
1.5% de siccatif).
12-JAN-2019
En matinée, première couche d'huile de tung pure (et
1.5% de siccatif).
L'après-midi, j'ai ressorti la forge et j'ai
inauguré la nouvelle enclume et le Hofi toujours vierges depuis
plusieurs mois. L'idée c'était
- de se faire plaisir
- de faire un exercice de plus pour forger une vraie pointe à partir d'une coupe à 90°
- de faire des exercices dans des morceaux de 100Cr6 pour leur donner une forme d'objet coupant
- pour plus tard faire aussi des essais avec le chauffage par induction
(peut-être que le 100Cr6 y répond bien, qui sait?)
Je n'ai pas retrouvé les roulements de 19 mm
de large et de 62 mm de diamètre extérieur que j'avais
amassé par le passé. Je crois qu'un jour j'ai dû me
dire que c'était trop petit de toute façon et je les ai
retournés à leur benne d'origine sauf un. Alors je n'ai
eu le temps que de forger une seule lame et d'ouvrir une seconde
bague extérieure (du KNOTT45887 de JUL-2018, diamètre 72,
largeur 37). La première lame dans la bague extérieure
d'un roulement 2206 = 20 mm de large et 62 de diamètre
extérieur (qui m'a fourni plein de billes de 7.93 mm de
diamètre). J'ai réussi une superbe pointe mais un peu
trop effilée. Je ne sais pas si cela vient de l'enclume, des 1.4
kg du marteau Hofi ou de la combinaison des deux, mais malgré ma
longue pose dans la pratique et bien que "plus dur sous le marteau le
100Cr6 est (dixit maitre Yoda)", la forge m'a semblé plus
facile. J'avais pris le "Kogaluc Jr." en souffrance (et en 1.2842)
comme modèle et j'ai pratiquement réussi à forger
la largeur exacte plus un micro chouilla.
En négatif
- la pointe est trop longue (mais ce sera coupé)
- l'affinage vers la pointe est trop marqué (je dois être
à 50% de l'épaisseur du ricasso au lieu de 80)
- l'affinage vers le cul pas assez, l'épaisseur est assez constante.
Le brut a fini dans les cendres. Je vais sans doute vite façonner le contour.
Le soir, seconde couche d'huile de tung pure (et
1.5% de siccatif) sur "Abbica" et "Madwaska".
13-JAN-2019
En matinée, dernière couche d'huile de
tung pure (et
1.5% de siccatif) sur "Abbica" et "Madwaska". J'ai mis les couteaux au
chaud à proximité de mon poele à granulés
(pas TROP près cependant).
De 15h20 à 16h55, j'ai forgé la bague
interieure du roulement 2206 c-à-d 20 mm de large et 30 de
diamètre intérieur. Cela fait assez peu de
matière. J'ai forgé un "Borel II", modèle que je
n'ai plus fait depuis longtemps. J'arrive à la conclusion
incontournable que je m'améliore puisque j'ai obtenu un brut
très proche de la forme finale, il reste pas mal de
matière à la pointe et au tranchant tandis que le manche s'affine
franchement. J'ai fini l'ensemble à la chasse à parer et
hop dans le seau à cendres.
De 18h15 à 19h30, j'ai forgé une lame
de "Kipawa" dans la chute restante du "Kogaluc Jr." forgé hier
et sorti du seau de cendres. C'était difficile à saisir
tant le lopin était petit. J'ai surtout forgé la forme en
laissant des faces parallèles et hop seau de cendres. J'ai aussi
retrouvé un morceau de lime de l'époque du premier
"Kipawa" sur lequel j'ai tenté une seconde lame mais j'ai
arrêté avant la forme finale car ça manque un peu
de matière. Peut-être le reprendrai-je un jour pour en
faire une lame très fine de pliant (maxi 1.5 mm
d'épaisseur à vue d'oeil).
Me voilà avec 3 bruts en 100Cr6. Le but
premier c'est de voir la compatibilité avec le chauffage par
induction. Mais pour l'instant les prochaines étapes sont un
sablage, un façonnage du contour et un début
d'émouture. Quels que soient les résultats des tests
d'austénisation avec l'induction, pour percer ces pièces,
il faudra les cycler au four. C'est pour cela que j'en ai fait 3.
Quitte à cycler 6 à 8 heures, au moins que ça vale
le coup pour plusieurs lames.
14-JAN-2019
J'ai pris toutes les lames en 100Cr6 avec moi au
boulot pour les sabler. C'est à ce moment que je me suis
aperçu que j'ai oublié la lentille sur la seconde lame de
"Kipawa"...
J'ai collé à la cyanocrylate 2
rondelles M3 de part et d'autre du trou de pivot de la lame du
"Kipawa". Le but c'est de les façonner en biais afin de
compenser la conicité de la zone du pivot de la lame et de se
retrouver avec deux faces parallèles. Après quelques
minutes de back, je suppose que la chaleur a fait son oeuvre et la
rondelle a dégagé. La seconde fera pareil
malgré d'infinies précautions.
J'ai remisé la seconde lame de "Kipawa" et
j'ai façonné les contours des "Borel II" et "Kogaluc
Jr.". A présent je vois mieux les défauts de
planéité et d'irrégularité
d'épaisseur. Y a encore beaucoup de boulot de correction mais
voici quelques dimensions
- "Borel II" pointe 1.55 mm, tranchant 1.10 à 1.70, ricasso 3.06 et cul 1.58
- "Kogaluc Jr." pointe 1.00 mm, tranchant 0.92 à 1.72, ricasso 3.50 et cul 2.99
Je pense que la première chose à faire c'est d'essayer de
remettre tout cela le plus plan, le plus rectiligne possible. Je me dis
que je vais peut-être chauffer par induction ou à la lampe
à souder pour ne pas devoir ranger le back et réinstaller
la forge. Ensuite il faudra corriger les faces au back avant
de tailler un peu les émoutures. Je souhaiterais garder pas mal
d'épaisseur au tranchant pour mes essais de trempe par
induction. Stay tuned!
15-JAN-2019
J'ai passé deux couches de cire carnauba sur
les "Abbica" et "Madawaska". Je ne sais comment mais des fissures sont
réapparues sur ce dernier. Les ai-je pris à
"rebrousse-poil" avec le disque de flanelle? Bon va falloir reprendre
le ponçage, l'huilage et le cirage...
Côté brut de forge, j'ai aplani au
mieux les "Borel II" et "Kogaluc Jr." en les chauffant avec mon
chauffage par induction. De courts d'instants d'inattention, je
suis monté jusqu'à 24 A sans que l'alim' ne coupe ni que
quoi que ce soit fonde ou sente mauvais. J'en ai profité pour
sortir l'aimant et constater la même chose qu'avec les
autres aciers: seulement lorsque la conso de courant se stabilise
à un minimum pendant assez longtemps (le temps pour moi de voir
que justement cela ne baisse plus), je constate la perte
complète de magnétisme. Cela ne dure qu'un bonne seconde
et déjà l'aimant commence a attiré
faiblement l'acier. Pour le 100Cr6, si la température de Curie
est égale à Ac1/Ac3 (à vérifier), une
formule théorique du bouquin de Landes me donne Ac1/3=755°C
pour 1% de carbone, 1.5% de Cr et les autres taux nominaux de Mn et de
Si.
Je pense que je ferai des essais
- après assez de temps de stabilisation
- pour bien atteindre l'amagnétisme et
- être sûr que le chrome et le carbone entrent un peu en solution
- en trempant sélectivement sur 1/3 à l'eau
- 3 fois dans le but (vain?) de toujours convertir plus de carbone et
- dans l'espoir de ne pas avoir de courbure excessive du dos de lame
On va tacher d'aplanir lames et semelles des
deux bruts de forge et d'y faire un début d'émouture
avant essais.
16-JAN-2019
Avec le gros aimant équerre, la table
verticale du back et des bandes P36, 60, 120 j'ai aplani (je ne peux
décemment pas écrire "rectifié") les 4 faces des
"Borel II" et "Kogaluc Jr.": les deux côtés de la semelle
et les deux de la lame. On retrouve enfin un petit avantage
à la forge en terme de temps: pas trop de matière
à enlever, des pentes déjà faites qui aident
beaucoup pour guider la ligne générale. J'ai ensuite
repris à la main les émoutures brutes au P220 et 400
ainsi que le tranchant tout en lui donnant un micro chanfrein à
45° (pouir limiter au mieux les concentrations de contraintes dans
des fissures qui sont toujours des amorces de ruptures
privilégiées). Temps total 40 minutes, mise en
place et rangement sommaire compris.
Les lames sont prêtes pour des essais
d'austénisation par induction. Le tranchant n'a pas une
épaisseur constante pour le moment, voici les dernières
épaisseurs caractéristiques (c'est loin d'être
parfait je sais)
- "Borel II" pointe 0.,74 mm, tranchant 0,66..1,58, ricasso 2,73 et cul 1,15
- "Kogaluc Jr." pointe 0.,38 mm, tranchant 0,38..1,48, ricasso 2,76 et cul 1,84
(ma règle générale que je n'arrive jamais à
tenir car je radine trop sur la matière: 80% de
l'épaisseur du ricasso à la pointe et 50% au cul)
Devant la télé et YouTube (et au
chaud), j'ai poncé au salon à la main la zone
fissurée du manche du "Madawaska" (faut juste sortir l'aspirateur
après). La fissure semble rentrer dans la matière tout en
étant presque parallèle à la semelle. Impossible
de l'éradiquer. Je suis donc revenu au bouchage à coup de
colle cyanocrylate. On reponcera et on rebouchera jusqu'à ce que
je sois satisfait.
17-JAN-2019
Devant "Il Miracolo" ép.4, j'ai poncé au salon à la main la zone
fissurée du manche du "Madawaska". Nouveau bouchage à coup de
colle cyanocrylate. Pourvu que cela ne me prenne pas un million de cycles.
19-JAN-2019
J'ai eu un court instant à pouvoir consacrer
à la coutellerie aujourd'hui. J'ai mis le "Borel II" en 100Cr6
dans l'induit de mon chauffage. Maintenu par une pince étau
posée de façon ad hoc une fois la lame entièrement
orange. J'ai laissé la lame au moins 5 minutes ainsi. Rapidement
le courant descend à une valeur minimale qui ne varie plus que
d'un ou deux centièmes d'ampère autour de cette valeur, de
temps en temps. En retirant la lame je l'ai testé à
l'aimant et plus aucune attraction, mais seulement un court instant.
Cela revient très vite. Je ne vois aucun voile noir de
recalescence lorsque la lame refroidit à l'air. En
théorie cela signifie qu'il n'y pas ou si peu de martensite
formée qui redeviendrait de la ferrite et de la perlite.
Je me suis aperçu que mon aimant a perdu
beaucoup de son efficacité. Sans doute les contacts
répétés avec de très hautes
températures. C'est le second qui me fait le coup et le dernier
de cette taille et puissance que j'avais. J'ai bien essayé mon
dernier thermomètre infrarouge mais est-ce l'angle ou
l'émissivité mal choisie, ce que je lis sur l'afficheur
n'est pas réaliste. Je songe encore à un dernier moyen
pour essayer de déterminer la température que j'atteinds:
les crayons faits d'une cire qui fond uniquement à partir d'une
température bien précise.
Au bout des 5 minutes, la pince étau aussi
était très chaude (je pouvais seulement la tenir dans la
main en bout de manche). Elle est une sorte de pompe à
chaleur qui refroidit aussi la lame. Il faut que je la mette le plus au
bout possible de la semelle. Semelle qui elle aussi fait venir vers
elle la chaleur qui nait dans la lame.
20-JAN-2019
J'ai pu constater une très fine couche de
calamine sur le
"Borel II" chauffé hier. J'ai saisi le "Borel II" avec la pince
étau au cul (le plus loin possible de la source de chaleur) et
je l'ai progressivement chauffé en laissant finalement reposer
la pince sur un support (photo ci-dessous). Une fois le courant
stabilisé aux alentours de 9.52 A (il a fallu environ 3
minutes), j'ai trempé la lame à l'eau froide du robinet
sur une profondeur d'immersion de 8 mm jusqu'à perte totale de
la couleur de la lame. Test à la lime demi-douce: c'est d'la
balle! L'acier est bien dur. Pas de déformation, tout est
resté dans l'axe du couteau. Mais en posant la lame sur le
gabarit, j'ai pu constater que la pointe est remontée
d'environ 2 mm. La ligne générale du couteau n'a pas
vraiment changé à l'oeil si on regarde vite fait mais
comme précédemment, je suppose que le
phénomème va se répéter si je recommence
les trempes. L'autre fait plaisant et notable, ce sont toujours des
zones trempées très blanches, sans la moindre calamine,
bien uniformes et homogènes. Pour moi un gage visuel de la
qualité de la trempe.
Joe Calton a d'ailleurs la même vision que moi à ce sujet.

Le Borel II en 100Cr6 tenu dans l'inducteur de façon statique par la pince étau.
Le bac de trempe avec 8 mm d'eau est juste en bas à droite, le système de refroidissement en haut
à gauche, le carton qui masque la platine évite que l'air pulsé par le ventilo ne vienne refroidir la lame.
Il y a toujours un isolant dans l'inducteur qui évite de trop le chauffer tout en préservant la lame de trop
grandes pertes thermiques par convection et rayonnement.

Bien sûr le couteau et le patron n'étaient sans doute
pas 100% identiques, mais ça vous donne une idée.
En regardant le dos de lame en incidence rasante le long du dos, on voit nettement l'endroit où l'acier
est remonté, la ligne générale a une nette cassure.
Le projet initial, pour éviter les
déformations et se fiche de profondeurs d'immersion reste de
n'austéniser qu'une portion de la lame. Pour l'instant, je n'y
arrive pas (trop de courant consommé par l'inducteur seul dans cette configuration) mais
pour le moral et faire quelque chose je vais utiliser ce que j'ai
déjà réussi à mettre au point. Donc comment
éviter la déformation? Ma théorie c'est que
lorsque la martensite commence à se former vers Ms=240°C
pour le 100Cr6 (et que la matière augmente de volume), le dos
est encore rouge et plastique permettant une certaine
déformation. Il faut que le dos soit en dessous de 500°C (noir)
lorsque le tranchant arrive à 240°C. Ça devrait
être assez simple en fait. Si je trempe le tranchant pendant 2
secondes, normalememt je passe sous le nez perlitique à
600°C et je suis sûr d'avoir de la matrtensite au
refroidissement plus tard. Au bout de 3 secondes (courbe TTT du
100Cr6), le dos (trempe un micro poil à l'air mais) arrive dans
une zone mixte ferrite cémentite austénite (je
"loupe" le nez perlitique et donc la trempe). En le refroidissant
à ce moment, il doit être possible d'être sous les
500°C avant que le tranchant ne soit à 240°C. Donc
pschitt 2 secondes sur le tranchant, retournement de la lame (1 seconde
de plus) et pschitt du dos 1 seconde (sans la pointe), le tranchant étant
à l'air à se refroidir lentement. Théorie,
théorie... Il me faudra changer la position de la pince pour
réussir cet exercice. Elle va forcément gêner. Et
il faudra aussi changer la position de l'inducteur pour autoriser une
chauffe en position vraiment statique afin de "voir" le point de
courant mini. Ou alors profiter de la seconde de retournement pour
incliner la lame autrement dans la pince. Y a encore du boulot.

Le diagramme temps-température-transformation (TTT) du 100Cr6 trouvé en ligne
ici.
Le hic, c'est que le dos ne sera jamais aussi mou que le
compromis idéal le voudrait. Mais bon, de toute façon,
j'ai toujours constaté des trempes partielles à
l'air sur les 100Cr6 ou 90MCV8... Vraiment il ne faudrait pas du tout
échauffer le dos... Un point positif cependant: l'induction doit
me situer dans les zones les plus basses de température qui
permettent une trempe, ce qui est bon pour éviter la casse. Dans
cette zone basse, seule l'eau doit me permettre de tremper "bien dur".
Peut-être qu'aussi le 100Cr6 est un bon candidat pour
l'induction? Les 1.5% de Cr doivent vraiment bien aider pour la
trempabilité. Par contre, pour les recuits de globulisation
autorisant le perçage sans trop de souci, on est obligé
de cycler autour de Ac1 pendant plusieurs heures... Et ce sera toujours
le cas pour n'importe quel acier qui regroupe les
propriétés dont j'ai besoin, à savoir
- un peu d'élément(s) d'alliage pour une bonne trempabilité
- un peu d'élément(s) d'alliage dans un hypereutectoïde
pour qu'il reste de fins petits carbures contre l'usure et une bonne
micro denture
Dans une certaine mesure, ce sera le cas pour du 100Cr6, du 90MCV8 (O2,
1.2842), du 80CrV2 (1.2235), du 100MnCrW4 (O1, 1.2510), du 115CrV3
(1.2210), du 110WCrV5 (1.2519). Pour éviter les cyclages, les
"presque" purs carbone (XC80, XC90, XC100, C130, 135Cr3) sont de
meilleurs candidats mais l'absence de carbures autres que ceux de fer
lui donne un tranchant moins durable (mais plus fin cependant). Bref,
pur carbone pour un truc dont la coupe doit donner un objet
coupé propre, comme un ciseau à bois, un couteau à
légumes ou un rasoir. S'il s'agit juste d'ouvrir ou
détruire et que l'état de la surface coupée
importe moins, va pour des carbures bien durables. Ou alors accepter un
affûtage plus fréquent pour pouvoir se passer des cyclages.
Le 100Cr6 est mon préféré car
il allie un peu des deux mondes: son origine de roulement à
billes me garantit que l'industrie lui a filé des grains super
fins et un alliage bien propre: donc malgré la présence
de carbures qui lui donnent de la durabilité et de l'agressivité, leur super finesse
m'assure une surface coupée relativement peu abîmée.
J'ai passé une première couche de cire
d'antiquaire pour meubles sur le manche de "l'Abbica". Et le soir,
comme souvent, ponçage au salon à la main de la zone
fissurée du manche du "Madawaska". Nouveau bouchage à
coup de
colle cyanocrylate. C'est déjà la troisième passe.
21-JAN-2019
Toujours à la recherche de la
température atteinte par la chauffe par induction, j'ai
commandé en ligne des crayons de cire qui fond à une
température très précise: 774°C (760..770
début de la zone où on peut tremper des purs carbone),
804 (800 souvent un très bon compromis pour tout), 816 (820 pas
mal pour du 90MCV8 et consorts) et 843 (835..845 pour du 100Cr6 avec
0.7 à 0.8% de carbone dissous). Les chiffres ne sont pas ronds
en Celsius parce qu'ils le sont en Farenheit. J'espère enfin
avoir ma réponse. Si même le 774°C ne fond pas, je
saurai que je suis dans une impasse avec mon circuit passif.
22-JAN-2019
J'ai découvert par hasard (en cherchant la
courbe TTT du 100Cr6 hier) un site parlant de métallurgie et de
coutellerie, tenu par un ingénieur en matériaux et
traitements thermiques dont le père est coutelier. Il travaille
pour l'industrie automobile avec accès à de nombreuses
données chiffrées. Il rephrase, étaye et confirme
surtout beacucoup de choses que j'avais déduites grace à
Verhoeven et diverses fiches techniques (surtout celles de Sandvik).
Encore une mine d'informations.
http://knifesteelnerds.com/
J'ai commencé à lire ses articles et
il y a des pistes très interessantes sur les
austénisations multiples (lire trempe triple): ça semble
surtout effectif pour de courtes durées d'austénisation
(type forge) dans des plages basses de température. Egalement du
grain à moudre côté vitesse de refroidissement,
refroidissement continu pour ne pas stabiliser de l'austénite
résiduelle. Entre les lignes, les connaissances scientifiques
théoriques me font voir l'ensemble 100Cr6 + austénisation
courte par induction à basse température + trempe
sélective à l'eau, le tout 3 fois (trempe triple) comme
une combinaison à très fort potentiel de dureté
élevée, austénite résiduelle faible,
finesse de grain, agressivité et durabilité du tranchant
ET ET ET solidité en même temps. C'est passionnant!
Un mail de mon fournisseur allemand de "crayons
thermiques": expédition et encaissement le 28-JAN-2019. Bon
ça veut juste dire qu'ils n'ont pas de stock et qu'il faut
être patient, un peu comme jusque dans les années 90: on
envoyait un courrier avec un chèque à encaisser, au pire
un coup de Minitel (mais chèque par la Poste), traitement de la
commande, emballage, expédition et ton colis commandé en
août arrivait avant Noel.
Dernière couche de cire d'antiquaire sur
"l'Abbica". Encore un ponçage de "Madawaska" au chaud au salon.
ça n'avance pas vite. Nouveau bouchage à coup de
colle cyanocrylate (marre).
23-JAN-2019
Encore un ponçage de "Madawaska" au chaud au salon.
ça n'avance pas vite. Nouveau bouchage à coup de
colle cyanocrylate (marre). Oui je me répète...
Je suis retourné au garage expérimenter un peu le chauffage par induction.
- d'abord j'ai essayé d'austéniser le "Borel II" en
100Cr6 avec refroidissement à l'air. Il aura fallu environ 3'10"
avec départ à froid pour atteindre le régime
stationnaire de conso de courant (stable à ±0.02 A).
La lame n'est pas revenue à sa position initiale. Mais elle
avait à nouveau une très légère couche de
calamine, des feuilles hyper fines.
- nouvelle austénisation du "Borel II", trempe sélective
à l'eau en 2 étapes de 1 seconde chacune environ (pointe
puis le reste et pointe puis le reste), ensuite rotation rapide de la
lame dans la pince-étau et refroidissement du dos de lame encore
rouge. L'idée c'est de le rendre suffisamment rigide avant que
la martensite ne se forme au tranchant vers 240°C et me
déforme tout "en poussant" à cause de sa densité
moindre. Pas de déformation supplémentaire du dos de lame
mais la pointe a dévié vers la droite. Bref ça
pousse toujours et comme l'axe Z lui est trop difficile, la lame file
en Y. Test à la lime demi douce: le tranchant semble moins dur
et le dos n'est pas vraiment trempé.
- nouvel essai identique au précédent (en gros la
troisième trempe). A part le fait qu'il m'a semblé
être meilleur au niveau des gestes, mêmes sanctions:
déformation supplémentaire vers la droite de la pointe,
tranchant encore moins dur selon la lime mais en plus, cette fois, le
tranchant semble "serpenter". Il y a encore plus de martensite qui
pousse après la troisième trempe.
J'ai superposé la lame au patron et je ne
constate pas de remontée supplémentaire du dos de lame. La
déformation de la pointe d'un côté et qui
s'accentue avec le nombre de trempes, la déformation qui
serpente le long du tranchant semblent confirmer que
- de plus en plus de martensite se forme avec chaque nouvelle trempe
- comme tel est le cas, la température d'austénisation
est sans doute très basse (peu de carbone en solution) et le
séjour pas assez long (mais à ces "faibles"
températures il faut énormément de temps au
carbone pour entrer en solution, surtout avec le "gros" chrome qui
gêne aux entournures)
- la perte de dureté avec chaque trempe vient sans doute d'une
décarburation progressive en surface. Sous la peau, l'acier est
sans doute toujours aussi dur
- il me semble qu'Ed Fowler disait la même chose: perte de dureté avec chaque trempe
- j'ai réussi à ramener la lame et le tranchant dans le
plan à 90% au marteau et à l'enclume (à froid)
- il faut sans doute que je laisse plus d'épaisseur au dos et au tranchant pour limiter les déformations.
- je peux aussi tremper sur une hauteur plus faible, par exemple 7 au lieu de 8 mm
- je peux aussi laisser "trop" de matière autour du contour afin
de corriger après trempe la forme du couteau et de tailler dans
la masse qui serpente un tranchant droit
- cette fois l'eau était à environ 5°C
(température dans le garage) à la première trempe,
l'autre fois, sortant du robinet, elle était sans doute vers
15°C.
Ce que j'ai récemment lu sur
knifesteelnerds, ainsi que les dires de Kevin Cashen dans des forums
vont dans le même sens pour le 100Cr6 et les trempes multiples:
- Si on chauffe le 100Cr6 assez fort et assez longtemps (disons 10
minutes pour une lame), une seul trempe devrait suffire à
dissoudre et fixer assez de carbone pour obtenir une lame très
bien trempée
- au contraire, à la forge (peu de temps) et à l'aimant
(plage basse de température), les trempes multiples peuvent
être une bonne alternative pour finir par dissoudre au moins
0.60% de carbone.
Comme je suis plutôt scientifique, je devrai
me contenter d'une seule austénisation de 10 min à
835..845°C avec trempe sélective au goop, mais ayant un
système par induction (rapide, propre, silencieux, facile, moins
dangereux), de l'eau (pas de fumée toxique, pas de souci en cas
de débordement, quasiment gratuite et disponible à
volonté), il est tentant de continuer dans cette voie pour le
moment. Il y aussi ce petit effet de zone durcie qui remonte de plus en
plus à coeur avec chaque trempe (phénomène
décrit par Ed Fowler dans un séminaire visible sur
YouTube) qui donne un effet de sandwich laminé que je trouve
très élégant et auquel j'ai bien envie de croire.
24-JAN-2019
J'ai continué à observer le "Borel
II". J'ai aussi testé sa dureté avec des couteaux en
tentant d'en couper des morceaux. Les couteaux étaient en 90MCV8
et 100Cr6. J'ai pu couper de jolis petits copeaux d'acier. Un peu plus
d'un côté de la lame que de l'autre et plus au talon
qu'à la pointe. Bizarrement le côté le plus dur
était à droite alors que la courbure à droite
devrait résulter en davantage de martensite à gauche.
C'est à n'y plus rien comprendre. Vivement les crayons
thermiques que je puisse enfin avoir au moins une certitude
côté température atteinte.
25-JAN-2019
Les crayons thermiques ont été
expédiés aujourd'hui, un jour ouvré avant la date
prévue. Bon ben on enjoy et puis voilà, c'est mieux que
rien.
La relative molesse du 100Cr6 du "Borel II" me
turlupine. Ai-je rêvé une dureté
élevée après la première trempe? Ou bien
est-ce vraiment la décarburation qui a fait chuter à ce
point la dureté? La lecture intense des divers articles du site
Knife steel nerds m'a offert une autre hypothèse: le temps
d'austénisation. A la première trempe, j'ai attendu
bien plus de 3 minutes avant de tremper (parce que je faisais encore
d'autres essais). La différence majeure est peut-être
là, surtout aux basses température auxquelles je pense me
situer. Un facteur aggravant: la structure sphéroïdale.
Celle-ci a besoin d'encore plus de temps d'austénisation qu'une
structure lamellaire (je pensais que c'était l'inverse: merci
Knife steel nerds). Je ne serai pas étonné avec la
première trempe à basse température
d'austénisation (genre 0,45..0,55% de carbone dissous au grand
maximum) d'avoir obtenu une structure à majorité
sphéroidale. Du coup, c'était un état de
départ plus désavantageux en terme de temps
d'austénisation pour la seconde trempe qui aura empiré le
bilan partiel, avant d'en remettre encore une couche à la
dernière. Ouaip, bof, pédale dans la s'moule le
père i4.
26-JAN-2019
Encore un ponçage de "Madawaska" au chaud
au salon. Nouveau bouchage à coup de
colle cyanocrylate. Bon si au prochain ponçage, c'est pas fini,
je passe à la colle époxy avec de la sciure.
27-JAN-2019
Encore un ponçage de "Madawaska" au chaud
au salon. Il reste encore de faibles fissures. Comme promis, j'ai fait
un mélange résine époxy - sciure et j'ai
bouché tout ça. Avec un peu de chance, le prochain
ponçage sera le dernier.
J'ai lu en détail certaines pages du site
Knife Steel Nerds. Je gagne en connaissance et en "expérience".
Il doit y avoir moyen de faire du boulot bien costaud et dur avec du
100Cr6 mais j'ai peur de ne pas arriver aux températures mini
nécessaires pour ce faire avec mon chauffage par induction.
Vivement les crayons que j'en ai le coeur net.
28-JAN-2019: joyeux anniversaire Papa!
Encore un ponçage de la résine du
"Madawaska" au chaud
au salon. Il reste encore et toujours de faibles fissures. Y en
a marre. J'ai fait un dernier essai en passant un coup de papier
P180 sur de la cyano fraichement étalée. Ça fait
une espéce de pâte collante. On verra demain. Mais
j'arrête, quelque soit le résultat. C'est
décidé.
29-JAN-2019
Dernier ponçage du "Madawaska". J'ai
l'impression que le mélange cyano fraiche et sciure du au
ponçage immédiat est celui qui bouche le plus vite. Il
reste encore des imperfections en surface mais comme
déclaré, j'arrête ici. A présent il faut
tout reprendre: décirage, polissage au disque et pâte
abrasive spéciale bois, huile de tung diluée (3 couches),
huile de tung pure (3 couches), cire de carnauba (2 couches) et cire
d'antiquaire (2 couches).
31-JAN-2019: *soupir*
Mes crayons "thermiques" ont fini par trouver leur
chemin jusqu'à moi. Sur la facture, la marque de l'un a
été barrée et remplacée par Tempilstick. Je
suppose qu'il n'en avait pas de l'autre marque. Quand on pense qu'un
des arguments de vente de la société Markal c'est "nos
crayons contiennent 33% de plus de cire que la concurrence"....
Récapitulatif
- crayon LA CO Markal Thermomelt made in USA 1425°F/774°C
- crayon LA CO Markal Thermomelt made in USA 1480°F/804°C
- crayon LA CO Markal Thermomelt made in USA 1500°F/816°C
- crayon LA-CO Industries, Inc. Tempilstick made in USA
1550°F/843°C (ah ben tiens, ça vient du même
fabricant en fait...)
Le soir, excité comme une puce j'ai mis mon
"Borel II" dans l'inducteur et vas-y, fonce vers le régime
permanent Alphonse... 3 minutes plus tard environ, la sanction tombe,
même la cire à 774°C ne fond pas, pas moyen, quedalle,
nada. L'aimant qui ne prend plus qu'un faible instant, aucun voile de
décaléscence / recaléscence. Le verdict est
sévère: mon chauffage par induction ne marche pas, jamais
ce système ne me permettra d'atteindre des températures
d'austénisation acceptables pour réussir une bonne
trempe. Tout ce temps passé.... Il faudrait sans doute pouvoir
envoyer plus d'énergie que ce que le système atteint par
lui-même, bref un truc actif et pas passif. Va falloir baisser le
rideau et ressortir le four pour finir les lames en souffrance.
"On aura fait un beau rêve..."
04-FEV-2019
Je pourrai ressortir mon chauffage par induction
quand on trouvera un acier dont la température Ac1 corrrespond
à peu près à sa température de Curie. En
attendant retour au four de trempe. Fait froid, pas envie mais
forçons nous. J'avais laissé dans un coin le four avec
son module sur base Arduino mais comme sa commande n'a pas de
régulation de type "PID" comme la commande issue du commerce
taiwanais, j'avais un vieil arrière goût de boulot de
merde pour de simples austénisations (au fait j'ai vu qu'en
anglais et en allemand on dit "austénitisation"; si ça se
trouve je ne vous cause pas la France scientifique depuis des
années, n'empêche qu'austénisation, c'est plus
beau...). Bref j'avais recablé tout cela avec quelques
interrupteurs à bascule histoire d'avoir la même
entrée en température et deux modules pour commander la
partie puissance: l'un pour les cyclages (Arduino), l'autre pour des
normalisations et des trempes.
J'ai sorti tout cela de son coin pour constater que
j'avais déjà tout cablé. Petit essai: le
Taiwanais me dit 2.5°C et l'Arduino 6°C. Je pense que je vais
prendre cela avec au boulot histoire de vérifier la calibration
du thermocouple: J'ai monté deux câbles
en parallèle sur la prise du TC (un allant vers chaque
module), cela me joue peut-être de petits tours côté
résistance, donc on va vérifier avant de poursuivre.
Prochaines opérations: tremper deux "Kogaluc
Jr." en 100Cr6 et 1.2842 et un "Borel II" en 100Cr6. La seconde lame de
"Kipawa" où j'ai oublié de forger la lentille est trop
fine de toute façon. Je la laisse donc de côté.
Après les normalisations, je vais tenter un recuit de
globulisation plus rapide que les traditionnels cyclage
à la Roman Landes avec le cycle "DET" (divorced
eutectoïd transformation) décrit par Verhoeven. On verra si
les résultats sont meilleurs ou au moins équivalents aux
cyclages. Perso les cyclages du 100Cr6, c'était
déjà pas parfait en terme d'usinabilité (reposez
en paix feux mes fôrets)...
Avec mes essais avec le chauffage par induction,
j'ai beaucoup songé au milieu de trempe. En fonction
des sources, on trouve des diagrammes TTT du 100Cr6 qui donnent 3
pour certains et 10 secondes pour d'autres de délai pour passer
sous les 600°C du "nez" perlitique. A 10 s, le goop ou l'huile de
colza devrait le faire sans problème. Sauf que j'ai rarement
atteint des duretés exceptionnelles avec mes 100Cr6 dans de
telles conditions. C'est ce qui me fait penser que les 3 s sont
peut-être plus proches de la réalité. Il faut donc
de l'huile super rapide ou une "sorte d'eau" mais moins drastique pour
éviter la casse.
En version cheap, on pourrait essayer de l'eau
"chaude" vers 60..80°C (on trouve tout et son contraire sur le Net
pour adoucir les trempes à l'eau, mais rien de fiable) ou alors
du kerdane comme huile rapide (mais j'ai peur qu'on se crâme la
bicoque).
En version pro, pour l'eau il y a des adoucisseurs
de trempe ou alors l'huile la plus rapide possible (elles sont souvent
notées avec un temps en seconde de l'ordre de 7 à 10 s
avec la désignation d'huile froide
accélérée). Alors c'est pas donné et
souvent faut acheter une grande quantité. Par hasard, j'ai
trouvé aujourd'hui chez mon fournisseur d'huile PSA 0W-30
(dllub.fr) une huile de trempe dite rapide vendue en conditionnement de
5 litres, ce qui est presque un miracle... 39 EUR.
05-FEV-2019
J'ai donc revérifé la calibration de
mon thermocouple emperlé de type K avec un four de calibration
du service de métrologie (j'ai mes entrées...). La
dernière vérif datait d'OCT-2017. Les affichages
diffèrent un peu entre le contrôleur Taiwanais de marque
SESTOS et l'Arduino mais au final, le bilan est très positif. Si
j'entre 800°C sur l'un ou sur l'autre, la réalité
sera décalée d'à peine 2..3°C, presque pas la
peine de faire de correction (mais on les fera quand même! On
n'est pas chez Bozo le clown) .
Le remontage de tous les câbles m'a
causé quelques soucis puisque le SSR ne recevait aucune
impulsion. Il a fallu dégainé le multimètre pour
constater que les interrupteurs à bascule m'avaient joué
des tours. Vite corrigé mais il était tard, il faisait
froid dans le garage et j'avais faim. J'ai donc remis à demain
des normalisations et un recuit de globulisation rapide des "Kogaluc
Jr." et "Borel II" en 100Cr6 et 90MCV8/1.2842. Je
réfléchis encore aux températures
d'austénisation et aux temps pour les trempes à venir:
plus ou moins de carbone dissous, des temps plus longs, quel milieu de
trempe...
06-FEV-2019
Comme bien souvent, je n'arrête pas de penser,
réfléchir et donc de changer d'avis, de revenir sur mes
raisonnements.
En cherchant des valeurs de Ms, Mf, Ac1 pour mon
100Cr6 et mon 90MCV8, je suis (re)tombé sur une des nombreuses
formules qui donne Ac1 en fonction de la quantité des
éléments d'alliages. La formule montre clairement que le
taux de manganèse abaisse de façon non négligeable
Ac1. Le chrome l'augmente d'un facteur encore plus important. Cependant
avec 2% de Mn et à peine 0.35 de Cr, le 90MCV8 a une
température Ac1 plutôt très basse. Cela m'incite
à vouloir encore essayer mon chauffage par induction sur cet
acier. Si jamais l'acier devait prendre la trempe, il serait
interessant que sa structure soit optimale afin que je n'ai pas
à tout reprendre depuis le début.
Je n'ai pas eu le temps de chercher
comment normaliser le 90MCV8. Je vais donc le faire au
pifomètre bien réglé. Pour le recuit
d'adoucissement et de globulisation, je vais simplement lui faire subir
le même que celui du 100Cr6 pour une simple question de gain de
temps.
Voici donc le résumé des traitements
thermiques de ce soir (les températures sont celles des
affichages et non pas les réelles car leur écart -moins
de 2°C- est très faible et leur justesse parfaite ou pas ne
devrait pas avoir d'influence sur le résultat)
- chauffe du four à 400°C avec le SESTOS, chauffage des 3
lames et recouvrement avec de l'acide borique (400 c'est juste pour
être sûr que la lame reste assez chaude le temps de
faire fondre l'acide)
- chauffe du four à 915°C avec le SESTOS, chauffage des
"Borel II" et "Kogaluc Jr." en 100Cr6 pour 2'15" (temps de
remontée de la température) + 3'. Ici je passe
volontairement au dessus de Acm pour tout remettre en solution
- refroidissement à l'air sur rack en brique isolante
jusqu'à au moins 350°C (avec le 100Cr6 il faut aller plus
bas que la simple couleur noire à environ 500°C pour que les
transformations se fassent)
- chauffe du four à 885°C avec le SESTOS, chauffage des "Borel II" et
"Kogaluc Jr." en 100Cr6 pour 1'20" + 3'
- refroidissement à l'air sur rack en brique
isolante jusqu'à au moins 350°C
- chauffe du four à 865°C avec le SESTOS, chauffage des "Borel II" et
"Kogaluc Jr." en 100Cr6 pour 52" + 3'
- refroidissement à l'air sur rack en brique
isolante jusqu'à au moins 350°C
- chauffe du four à 845°C avec le SESTOS, chauffage des
"Borel II" et
"Kogaluc Jr." en 100Cr6 et du "Kogaluc Jr." en 90MCV8 pour 51" + 3'.
Ici je passe volontairement au dessus de Acm (pour le 90MCV8) pour tout
remettre en solution
- refroidissement à l'air sur rack en brique
isolante et dans un tube en acier pour le 90MCV8 jusqu'à au
moins 350°C (le tube c'est juste parce que je n'avais plus de rack;
n'y voyait aucune astuce ou que sais-je)
- chauffe du four à 820°C avec le SESTOS, chauffage du "Kogaluc Jr." en 90MCV8 pour 35" + 3'
- refroidissement à l'air dans un tube en acier jusqu'à au moins 350°C
- chauffe du four à 800°C avec le SESTOS, chauffage du "Kogaluc Jr." en 90MCV8 pour 43" + 3'
- refroidissement à l'air dans un tube en acier jusqu'à au moins 350°C
**** ci-dessus c'était des normalisations dans le but d'avoir
des grains fins et des constitutants comme le carbone, le chrome
répartis de façon homogène ****
- chauffe du four à 795°C avec l'Arduino et maintien pendant 30' (les 3 lames sont bien sûr au four)
- refroidissement lent avec l'Arduino programmé pour aller
à 680°C en 370°C/h (environ 18'): c'est un plus lent que
si on coupait simplement le four. Cette vitesse est très
importante pour que le phénomème recherché ait
lieu.
- refroidissement à l'air sur rack en brique
isolante et dans un tube en acier pour le 90MCV8 jusqu'à la température ambiante
**** ci-dessus le but est de rendre l'acier mou et en même
temps avoir des carbures sphéroïdaux et non pas lamellaires
pour pouvoir percer les lames, le tout en un temps très
court****
Des refroidissements dans de l'isolant pour ces
aciers sont encore trop rapides, ils se forment alors des carbures
lamellaires très résistants à l'usinage. Ici j'ai
essayé une nouvelle technique qui essaie d'utiliser
avantageusement un phénomène appelé DET= Divorced
Eutectoïd Transformation et qui a l'avantage de produire des
carbures sphéroïdaux en un seul cycle. On gagne ainsi
beaucoup de temps. Il semble que c'est ainsi que l'industrie
procède pour obtenir un état de livraison recuit
à graphite sphéroïdal. Je manque de vocabulaire ici.
En anglais, c'est l'état dit "spheroïdized anneal" et en
allemand c'est GKZ (Geglüht auf Kugeligem Zementit). L'acier
peut directement être usiné, "détendu" (recuit de
détente vers 650°C) et trempé tout de suite
après car il est dans un état optimal pour des
traitements thermiques de durcissement.
J'ai encore pu constater que mon thermocouple
emperlé dans sa protection en céramique provoque des
réactions lentes du SESTOS et de l'Arduino. La faute à
son inertie thermique. Alors autant le SESTOS le prend en compte dans
son PID (vive la fonction auto tune) autant l'Arduino est toujours
à la traine (il ne marche qu'en ON/OFF alors que le SESTOS nous
balance un RCO=rapport cyclique d'ouverture, bref un pourcentage de
puissance permettant de gérer plus finement). Je me demande
vraiment si pour des cyclages performants, il ne vaudrait pas mieux que
je me procure une variante du contrôleur (ce que j'appelle SESTOS
comme on dit Frigidaire) avec possibilité de programmer des
rampes tout en bénéficiant de la correction d'un PID.
07-FEV-2019
J'ai profité de la sableuse du boulot pour
nettoyer les 3 lames à ma pause. Je dois avouer que l'acide
borique "fondu" qui forme une sorte de couche vitreuse résiste
très bien à la sableuse.
J'ai enfin fait quelques recherches sur la
normalisation et le recuit d'adoucissement spécifiques au
90MCV8. Autant dire que ce que j'ai fait hier soir n'était pas
optimal. Avec un passage proche de Acm (pour tout mettre en solution)
j'aurai dû aller à 850°C environ. Là mes
845°C, c'était plutôt bien senti. Mais les autres
normalisations à l'air, j'aurai dû les faire plutôt
vers 750..780°C si on en croit la littérature. Quant au
recuit d'adoucissement, le cycle aurait dû être bien
différent de celui de la DET. Entre 2 et 5 heures à
680..720°C puis descendre à 600°C en maximum 22°C/h.... Ouais plutôt décourageant.
Et que dit la perceuse alors? Et ben elle dit que la
DET sur du 100Cr6 avec ma pauvre installation d'amateur bricolo, c'est
LA solution du fainéant pressé. Sans vraiment dire que
l'acier était mou comme du beurre, pas le moindre
problème de perçage. Les copeaux étaient
même plutôt longs. Par contre... Aucun résultat sur
le 90MCV8, le truc est hyper dur, les fôrets glissent, je n'ai
pas insisté. Evidemment j'aurai dû essayer de percer juste
après les normalisations car pour l'instant, je n'ai aucune
preuve que c'est le cycle de la DET qui a provoqué la relative
molesse du 100Cr6. On pourrait aussi dire que sans le savoir, j'ai eu
de la chance à la forge ou avec mes essais de chauffage par
induction, que sais-je. Bon, j'ai forgé les deux couteaux
à intervalle, je n'ai jamais chauffé que
les lames avec l'induction et les deux manches se sont
comportés de façon identique face à la perceuse.
Bref cela semble bien venir du cyclage court DET.
Y a t-il possibilité d'utiliser la DET avec
du 90MCV8? Sans doute mais comme le diagramme Fe-C est
déplacé vers le haut et la gauche avec du 100Cr6, sans
doute que les 795/680°C sont autres avec le 90MCV8, genre
750/635°C... Vu que le cycle prend moins d'une heure, j'essaierai
peut-être un jour.
Pressé et gamin comme je suis, j'ai fait un
essai de trempe par induction avec le "Kogaluc Jr." en 90MCV8 (rappel:
beaucoup de Mn = déformation plastique à chaud
facilitée, baisse de Ac1 et de la température mini de
trempe et amélioration notable de la trempabilité). En
théorie, il pourrait déjà prendre la trempe
à partir de 740°C. Comme toujours il m'a fallu environ 1
minute pour chauffer toute la lame au rouge et encore 1'30" pour que le
courant arrive à un minimum stable. Essai avec l'aimant: oui pas
d'attraction un court instant. Pas le moindre voile noir de changement
de structure cristalline en vue, bref ça pue. Nouvelle chauffe
jusqu'au courant mini et stable. Essai avec le crayon Thermomelt
à 773°C. Aucune fusion. Dernière chauffe et "cuisson"
de 3 minutes après stabilisation du courant. Puis trempe
sélective au goop sur une hauteur de 8 mm. Malgré la
finesse excessive du tranchant, je n'ai vu aucune déformation.
Profitant de mes dernières connaissances acquises sur Knife
Steel Nerds, j'ai prolongé directement la trempe sans attendre
de stabilisation à l'ambiante (pour éviter de stabiliser
de l'austénite résiduelle) en mettant la lame encore
tiède (35°C?) au congélo à -18°C. Avant,
j'ai bien sûr testé la dureté à la lime
demi-douce. Ça avait l'air d'avoir durci mais pas à mort,
moins que ce que j'avais senti sur le 100Cr6, mais le lendemain j'avais
déchanté (en taillant des copeaux avec un autre couteau).
Bref on va attendre demain et aller tester avec divers autres couteaux.
A propos de déformations. Tous les
traitements subits par le "Borel II" en 100Cr6 n'ont pas ramené
la lame à sa position initiale (elle était un peu
remontée avec les trempes sélectives à l'eau avec
le chauffage par induction)
08-FEV-2019
La DET doit se faire au départ entre Ac1 et
Acm. Avec 795°C, on est déjà au dessus de Acm selon
le diag. Fe-C (à l'équilibre avec des transfo quasi
statiques hein, attention) pour le 90MCV8. Donc sans doute que la DET
ici devrait être vers 740..750°C pendant 30' et puis baisse
vers 640°C en 370°C/h. Quant aux normalisations, sans doute la
première aurait dû être vers 840 (proche de Acm) et les autres
vers 740..760°C.
09-FEV-2019
Je me suis dit que j'allais profiter de la
matinée pour faire l'ensemble des traitements thermiques pour
les 3 lames en souffrance, sans la moindre pause entre les
étapes afin de diminuer au maximum les risques de stabiliser de
l'austénite résiduelle (Knife Steel Nerds leçon 1). A savoir austénisation,
trempe sélective au goop continue jusqu'à -18°C et
saut unique à -50°C, revenu d'une heure, trempe à
l'eau et continue jusqu'à -18°C, second revenu, retrempe
à l'eau et congélo. Parce que je suis impatient et pressé, je ne
ferai pas de 3ème revenu alors que les études semblent
indiquées que le 3ème a tendance à bien
homogénéiser la dureté (leçon 2).
J'ai mis un casse-goutte sur le "Borel II" à
la lime. Puis j'ai marqué les lignes d'attaque des
émoutures à P120 en essayant d'avoir un tranchant
d'épaisseur constante (mais trop fin à mon goût
pour être bien stable et préserver assez de carbone au
coeur). J'ai fini les surfaces à P220 et
P400 pour éviter les fissures à la trempe. J'ai fini le
plat du tranchant à P400 avec deux micro chanfreins à
45° toujours pour éviter les fissures. Pendant ces
opérations je me suis aperçu que les pointes des lames en
100Cr6 étaient tordues. Tiens, j'avais pas vu avant. Je redresse
au marteau très facilement. Trop. En fait le métal flue
à froid. Il est vraiment mou à crever. J'ai sans doute
déformé les pointes au back, tout simplement.
Toujours parce que je suis impatient et pressé, je renonce aussi au recuit
de détente de plusieurs heures, d'abord parce que seuls les manches ont
été percés et que les lames ont subi très peu d'enlèvement de matière
"stressant", post recuit de globulisation.
Je vais doubler les temps d'austénisation que
j'utilise d'habitude pour avoir une meilleure mise en solution
(leçon 3: à ces températures et ces durées,
avec un peu de chrome, le grossissement de grain est inexistant). Je
vais
en profiter pour tester mes crayons Thermomelt. Aucune lame n'a de
protection contre la décarburation. Le goop est solide vers
9°C dans le garage. Sa profondeur dans le petit bac est à 8
mm soit environ 1/3 de hauteur de lame. Entre les recommandations
générales de 790..820°C de l'industrie pour le 90MCV8
avec la plage basse pour les pièces fines, les recommandations
à 780..800°C d'une société allemande qui ne
livre que des tôles fines et celles à 810..820°C de la
plupart des couteliers et sites de vente spécialisés, je
me suis décidé pour 810°C plutôt que 800 avec
l'idée d'avoir un maximum de dureté (de carbone dissous)
puisque je suis en sélectif et que le reste de la lame devrait
donner assez de résilience. Au départ je voulais choisir
800°C pour le 100Cr6 mais comme les résultats trouvés
sur Knife Steel Nerds (leçon 4) indiquent à peine 0.63%
de carbone
mesuré pour une austénisation à 1550°F (alors
que le diagramme de Verhoeven prédit 0.80%; l'écart
venant sans doute de la cinétique), je me suis finalement
décidé pour les 845°C "classiques".
Pour les revenus, je descends à 195 au lieu
des 200°C habituels pour être bien sûr d'éviter
la zone où de la martensite "revenue" en excès (c'est la
martensite additionnelle formée par l'austénite
résiduelle revenue qui devient excessive; au delà de 0.6%
de carbone dissous,
la martensite se forme en plaques -moins solides- plutôt qu'en
lattes; la structure en plaques aux joints de grain favorise la
propagation de fissures) apparait
causant à la fois une baisse de dureté ET de
résilience (leçon 5 à la vue des courbes du
100Cr6).
Les températures indiquées ci-dessous
sont les températures réelles après corrections et
pas celles de l'afficheur. Par exemple pour les 843°C du 100Cr6, j'ai
réglé 841.6°C sur le contrôleur. Mes temps
d'austénisations habituels pour les carbones sont 1' par
millimètre d'épaisseur maxi au dos + le temps de
remontée du four. Ici avec le double ça ferait environ 6
min + la remontée que j'ai arrondi à 10 à cause des essais des crayons
et des deux lames en même temps pour le 100Cr6.
[Je me relis et je crois que je suis loin d'être le plus limpide
du monde; j'essaie de vous expliquer mes choix plutôt que de
livrer des recettes toutes faites; sachez cependant que toutes mes
décisons "thermiques" s'expliquent par un raisonnement logique
et basé sur des connaissances scientifiques publiques que je
n'arrive peut-être pas toujours à bien mettre par
écrit; ce qui selon Boileau vous fera soupçonner que je
ne maitrise pas parfaitement le sujet; et c'est sans doute pas faux;
quoi c'est "Boileau" que vous comprenez pas?]
C'est parti...
- chauffe du four à 810°C avec un temps de stabilisation. Je
trouve que la régulation oscille beaucoup plus que dans mes
souvenirs malgré le PID. Je referai un "auto tune" la prochaine fois.
- mise au four du "Kogaluc Jr." en 90MCV8
- vers 7' je le sors pour tester les crayons Thermomelt à 804 et
816°C. Difficile à voir mais après examen des
crayons, le 804 a bien fondu et pas le 816. Plutôt positif donc.
- sortie de la lame au bout de 10' à température et trempe
au goop jusqu'à ce que la lame soit entièrement noire
- vérification de la rectitude: OK malgré un tranchant très fin
- test à la lime demi-douce: ça patine bien sauf vers la
pointe je trouve, mais comme la lame est assez chaude encore, je ne suis
pas sûr que la martensite soit présente en masse partout
- hop au congélo à -18°C alors que la lame doit
encore être vers 40..50°C (comme cela je suis sûr de ne
pas avoir de palier vers 20°C)
- réglage du four à 843°C et attente de pseudo stabilisation
- mise au four des deux lames en 100Cr6
- vers 8' je sors le "Kogaluc Jr." pour tester les crayons 816 et 843°C: le 816 a fondu et pas le 843. Hmmm...
- vers 10' je sors le "Borel II" et trempe au goop jusqu'à ce que la lame soit entièrement noire
- vérification de la rectitude: OK mais une très très légère courbure bananesque
- test à la lime demi-douce: ça patine bien (mieux que sur le 90MCV8) mais un peu moins vers la pointe je trouve
- pose sur le dos en attendant la seconde lame
- vers 13' je sors le "Kogaluc Jr." et trempe au goop jusqu'à ce que la lame soit entièrement noire
- vérification de la rectitude: OK
- test à la lime demi-douce: ça patine mieux encore que
sur le précédent mais aussi un peu moins vers la pointe
je trouve
- congélo avec la première lame, le "Borel II" étant plus froid que le "Kogaluc Jr."
- allumage du four de cuisine à 195°C (surveillance avec un
thermomètre calibré dans le four qui oscillera entre 190
et presque 200°C)
- sortie des lames du congélo et pulvérisation d'un
spray réfrigérant à -50°C sur les tranchants
(2 pulvérisations par coté); le 90MCV8 a passé
environ 40' à -18°C et les 100Cr6 environ 20
- 1 h à 195°C
- refroidissement brutal en seau d'eau à 9°C
- retour congélo à -18°C pour 30'
- retour au four pour 1 h à 195°C
- refroidissement brutal en seau d'eau à 9°C
- retour congélo à -18°C pour 2 h 47 (30' auraient
suffit mais je suis simplement sorti m'aérer la tête en
centre ville marchand, marchant dans la foule et léchant les
vitrines: j'ai vu du lait crû à 2.15 EUR au marché
couvert, celui que j'achète avec mon contenant à la ferme
de mon village est à 40 cents et en plus je connais
personnellement la vache: c'est quoi qu'on fait faux?)
- sortie et mise à l'ambiante
10-FEV-2019
Ma fille n'arrive que ce soir, dehors le temps est
éxécrable, pas de vélo donc, mais coutellerie. En
matinée j'ai débarassé les lames de leur calamine
avec du papier abrasif P180 à la main (il y a comme des dessins
de cratères par endroits), puis j'ai repris les
émoutures au back jusqu'à P400 et un peu le plat des
manches. Mes lames sont vraiment trop fines. Dommage. Je crois que
je deviens de plus en plus mauvais. Petite révélation
flash au perchlo. Bof on ne voit pas grand chose. A l'oeil nu je vois
bien que le "Borel II" n'en est pas vraiment un: la pointe est trop
haute (la faute à mes essais de trempe avec le chauffage par
induction). C'est fou comme l'oeil est sensible au moindre
millimètre dans une forme quelconque.
L'après-midi j'ai repris les émoutures
à la main. Il reste de profondes stries, alors je suis
retourné au back pour en éliminer un maximum. Retour
à la main mais bien que moindre, il reste de trop nombreuses
stries. Ajoutées à la finesse des tranchants j'ai juste
envie de tout fiche à la poubelle. L'acier est trop dur, pas
envie de passer des heures à polir manuellement. J'arrête
et je passe les lames aux disques à polir sisal, coton et
flanelle avec respectivement des pâtes noire, verte et blanche.
Un miroir... Plein de rayures, on les voit encore mieux. Il serait sans
doute plus judicieux de revenir à une finition P400 à la
main, tirée en long.
Petit essai de dureté avec un couteau
essayant de couper une "tranche" de tranchant. Le 90MCV8 résiste
bien mais j'arrive à entamer le 100Cr6 en taillant de petits
copeaux avec un simple couteau pas spécialement
réputé.
C'est quoi la raison de ce fiasco? Réfléchissons...
- mauvaise température: peu probable, le 90MCV8 à
810°C a marché, le thermocouple a été
étalonné cette semaine, les crayons Thermomelt vont plus
ou moins de pair avec l'affichage
- le 100Cr6 n'est pas du 100Cr6: vu le petit roulement dont il
était issu j'ai du mal à croire à une pièce
cémentée. Le roulement venait de la poubelle de l'usine
et je sais que la maintenance n'achète que de la marque. Mais vu
les excellents résultats du recuit de globulisation et la
molesse résultante, y avait peut-être vraiment pas assez
de carbone dans ce truc?
- acier décarburé par les nombreux essais, recuits,
etc? Possible, pourtant je n'était qu'une fois à
915°C et une autre fois à 885°C, 6 minutes en tout.
- je ne refroidis pas assez vite? Le temps de sortir la lame du
four et d'aller jusqu'au bac de goop, les tranchants très fins
(pas assez de chaleur emmagasinnée) s'étaient
déjà assombris... Possible aussi. Sur tous les diagrammes
qu'on trouve, le 90MCV8 a toujours environ 10 s pour passer sous
les 600°C mais selon les sources, le 100Cr6 va de 3 à 10 s
en passant aussi par 5 s. Avec 3 secondes je dois déjà
être très limite.
==> avant de remerder sur du 100Cr6, il faudra
- tremper un échantillon pour garantir la trempabilité
- optimiser le milieu de trempe (huile de colza chaude plutôt que
du goop? Huile de trempe accélérée du commerce?
Adoucisseur de trempe polymère du commerce? Eau? Saumure?)
- laisser beaucoup de matière au tranchant
Bon j'ai déjà un stencil "1.2842" (oui
les chutes de 90MCV8 que je forge proviennent des restes d'un acier
livré à ma boite par une société allemande,
alors je mets la dénomination la plus proche possible de la
vérité), il me faut encore faire un "100Cr6".
Préparation d'un masque (collage à la cyano de deux
impressions sur film transparent superposés pour plus
d'opacité),
insolation UV de 2 min du stencil (lampe 9 W; côté rugueux vers la source de lumière),
révélation de 7 min, rinçage à l'eau et
séchage. Le stencil est venu super bien. Contours bien nets. Que
voulez-vous, on ne peut pas se planter tout le temps. Du coup j'ai
gravé les 3 lames avec d'abord la gravure à proprement
parler (courant continu), puis avec un peu de coloration en noir
(courant alternatif qui une fois sur deux redépose du
métal). Comme j'ai fait des émoutures
légèrement convexes, les bords des logos ne sont pas bien
nets (stencil pas parfaitement à plat). Si je reviens à
une finition tirée en long à P400, ça devrait
rentrer dans l'ordre.
Bon je vous avoue que je suis très
déçu limite dépressif de tout mon travail pas
très rigoureux, du projet induction qui débande dans les
grandes largeurs. D'un côté j'ai envie de tout envoyer
balader, de l'autre j'ai déjà envie de reprendre un bout
de 100Cr6 et de faire beaucoup mieux: laisser plein de matière
à la forge, tremper avec les bons milieux de trempe, enlever
toutes les rayures et pourtant avoir assez de matière au
tranchant, bien dur et pourquoi pas une belle ligne de trempe? Demain
est un autre jour. Ma fille n'est pas là. Elle a peut-être
la scarlatine et comme moi je ne l'ai jamais eu, il faut que je m'en
tienne éloigné le temps qu'on sache ce qu'elle a
vraiment. Elles commencent bien mes vacances d'hiver.
11-FEV-2019
Ma fille doit faire une prise de sang demain matin,
résultats mercredi sans doute et pas de Cassie avec Papa pendant
tout ce temps là. Ça me déprime.
Avec ma scie japonaise (côté denture
fine) j'ai découpé à la longueur et en deux, un
morceau de la branche d'olivier trouvée à Introdacqua,
pendant mes vacances italiennes dans les Abruzzes en août 2018
(voir journal en date du 08-AOU-2018). La branche a des trous un peu
partout. L'idée sera de les boucher, pourquoi pas avec une
résine colorée? Ou alors un mix époxy sciure. J'ai
poncé les deux faces à plat sur du P60 posé sur
mon morceau de miroir. Pas super veiné mais pas vraiment moche.
J'ai gardé la sciure dans un gobelet afin de parer à
toute éventualité. Le "Kogaluc Jr." en 90MCV8 aura des
plaquettes en Pertinax et pour
l'autre, il faut encore que je me décide.
Plus tard, dans mes chutes FTFI, j'ai choisi un
morceau de bois presque jaune pour le "Kogaluc Jr." en 100Cr6. Il me
fait penser à la couleur du citron. Il est bien dur mais pas
trop dense, au poids estimé dans ma main. Pourquoi finir
ces lames à la dureté tout aussi douteuse que celle
des derniers "Abbica " et "Madawaska"? Je ne sais pas. J'ai
coupé cette essence inconnue à la longueur et j'ai
poncé les faces à plat, toujours avec du P60, toujours
avec le miroir. Très peu de travail car la chute avait
déjà une face très plane.
12-FEV-2019
J'ai passé presque 3 heures au garage en
matinée à me geler les miches. Je rêve d'un endroit
comme la buanderie de mes parents, à la cave, avec deux
fenêtres, une arrivée d'eau et surtout siège d'un
chauffage central qui vous berce en hiver. Le seul avantage fut une
certaine productivité puisque j'ai travaillé sur 3
couteaux en parallèle. Bon bref voici la liste des
opérations effectuées
- découpe et ébavurage de la quincaillerie en laiton qui
sera matée à la fin: rivets de 3 mm et tubes de 6 mm (5 mm
intérieur)
- dégrossissage de l'épaisseur des plaquettes à la mini scie à ruban
- perçage des plaquettes à 3 et 6 mm en me servant des
semelles comme guide et en tenant souvent le tout à la main
faute de surface bien planes et perpendiculaires. Un trou sera
d'ailleurs "coulé" pour cause de plaquette "aspirée" par
le fôret. J'ai refait le trou ailleurs et je tacherai de boucher
le premier. On n'est plus à une catastrophe merdeuse près
sur mes derniers prochains (de merde; ah bon? Je l'avais
déjà dit...)
- les semelles n'étant pas vraiment planes et à cause du
retour élastique du bois, j'ai agrandi les trous à main
levée à 3.1 et 6.1 mm: le montage des rivets est plus
simple, il y a un peu de jeu annulaire pour la colle et les plaquettes
se conformeront un peu mieux aux semelles
- façonnage des parties avant des semelles au back
jusqu'à P400 (d'abord une, puis sa jumelle positionnée
par les rivets afin de copier et d'égaliser la forme): j'ai
fait les faces avant des "Kogaluc Jr." un poil trop en arrière,
l'équilibre et l'harmonie visuels en souffrent
- chanfreinage à 35° des parties avant des plaquettes
- polissage au disque et pâte 40 microns spéciale bois des
faces avant: je suis amoureux de l'olivier, même sans veinage
exceptionnel mon morceau de branche est magnifique une fois poli; le
bois jaune inconnu prend également un très beau poli.
- découpe des excès de matière au contour des plaquettes à la mini scie à ruban
- amorce de perçage à 3.6 mm au dos des plaquettes pour y faire des poches rétention de colle
Avec le recul, je crois qu'il eut été
plus efficace de ramener les demi "rondins" de bois à des
épaisseurs et formes de plaquettes
parallélépipédiques avec un rabot. Les faces
auraient été aussi plus parallèles et les
épaisseurs plus constantes, ce qui aurait à nouveau
facilité la précision et la perpendicularité toute
relative des perçages.

Voilà un bout de temps que je radine sur les photos. Voici les 3
lames, les plaquettes avant/arrière, les faces avant polies, la
quincaille et en prime,
les crayons thermiques Thermomelt et Tempilstik.
J'avais l'intention de finir les lames à P400
et de tout coller plus tard le même jour mais j'ai enfin pu aller
chercher ma fille et j'ai consacré ma soirée à
elle.
13-FEV-2019
Les plaquettes ne sont vraiment pas très
jointives aux semelles trop déformées. Je pourrai tout
mettre sous presses fortes au collage mais comme je compte mettre les
rivets plus tard une fois l'épaisseur finale atteinte, j'ai peur
qu'avec la chaleur et les manipulations les plaquettes ne se
décollent. Je vais donc les coller sous presses
légères en laissant les plaquettes garder leur forme,
sans contrainte. Malgré la surcote de +0.1 mm, il reste des
"coincements" dans le montage. J'ai donc agrandi les trous à 3.2
et 6.2 mm. J'en ai aussi profité pour égaliser encore un
peu mieux les hauteurs des plaquettes au niveau des chanfreins
près du ricasso.
L'après-midi j'ai plongé les
lames exactement 5 minutes dans le perchlo (froid du garage: 7°C).
Cela n'a pas révélé grand chose. Toutes les lames
sont très noires (bref y a bien du carbone), hormis quelques
tâches blanches. L'acier 90MCV8 semble le plus noir. Ensuite j'ai
tout poli à P400 à la main en prenant soin de faire des
stries bien parallèles. Las, on voit encore beaucoup trop les
imperfections. La finition "tirée en long" ne sera donc
même pas un cache-misère. Dégraissage
des lames et décirage des plaquettes.

Effet de perspective, les deux "Kogaluc Jr." ont exactement la même taille. Voyez la différence de couleur
noire
Beaucoup de colle époxy et collage des
plaquettes. Malgré mes projets, j'ai tout même
serré les plaquettes plus fort que prévu. Pourvu que
ça tienne au façonnage tant que les rivets ne sont pas
encore dedans. Essuyage des excès d'époxy au ricasso avec
coton-tige et acétone.
15-FEV-2019
La montre de ma fille ne marche plus. La pile sans
doute. J'ai fait levier avec quelque chose de fin sous l'encoche ultra
mince du couvercle: le "Madawaska". Pointe pliée! Voilà
donc toute la dureté de ce truc! Que du boulot de merde.
Ça m'a miné le moral! Il faut que je regarde les choses
en face cher Internet, je fais clairement de la dépression, sans
doute pas un truc grave mais ça m'attire vers le fond. Je fais
beaucoup de sport, j'essaie de sortir, de voir des gens, de lire, je
fais des choses de mes mains comme de la cuisine, de la
patisserie, même du pain et du fromage... Et des couteaux. Et
pourtant j'ai tant de mal à sortir la tête hors de l'eau
alors que je vis au paradis avec un toit sur la tête, de la
bouffe dans le frigo, un salaire, l'éducation dispensée
à ma fille, la même que celles des garçons et son
libre-arbitre de pouvoir faire ce qu'elle entend de sa propre vie. Quel
pourcentage de la population terrestre peut en dire autant? Elle fait
chier la condition humaine.
16-FEV-2019
Ch'ui vraiment pas bien. Je dois passer pour un
tocard aux yeux de ma fille et je m'en veux d'être ainsi. On
pense que ça devrait suffire à me rebooster, mais pas
moyen. Ne pas réfléchir et y aller, se relever, produire
des choses de ses mains pour occuper le corps et donc l'esprit. En
matinée, j'ai façonné les contours des manches
après sortie des presses. 1 heure environ.
L'après-midi, j'ai mis les plaquettes
à l'épaisseur d'environ 13 mm au cul et 12 mm au ricasso.
Puis j'ai cassé les angles avec un chanfrein à 45°
que j'ai fini par arrondir. Il y a de la colle dans les trous, il
faudra repercer. Il n'y a pas de colle partout au cul du "Borel II"
malgré l'excès que j'y avais mis. Il faudra en remettre.
J'ai bouché le trou dans la plaquette en bois jaune du "Kogaluc
Jr." en 100Cr6 avec un mélange de sciure et d'époxy.
Bizzaremment le mélange n'a pas la même couleur que le
bois... J'ai mis le rab de colle au fond du trou d'une des plaquettes
en olivier (que je veux encore sabler au boulot pour enlever
l'écorce; la branche est ainsi faite qu'il y a des trous
partout). 1 heure de travail environ. Résultats
intermédiaires
- "Kogaluc Jr." en 90MCV8 et plaquettes en "Pertinax", 13.22 derrière, 13.1 mm devant
- "Kogaluc Jr." en 100Cr6 et plaquettes en bois jaune inconnu, 14.68 derrière, 13.06 mm devant
- "Borel II" en 90MCV8 et plaquettes en olivier d'Introdacqua, 14.25 derrière, 12.52 mm devant
17-FEV-2019
Dites, si j'vous parle de mes dépressions,
c'est pas pour avoir du courier ou se faire plaindre. C'est un peu
comme si écrire ici avec quelqu'un qui me lit ou pas,
c'était parler à un psy qui s'en fout ou pas, ce sera de
toute façon le même résultat (sans payer 50 boules
à la sortie). Cela me permet de tenir un petit journal,
principalement au sujet de la coutellerie, de mes petits progrès
ou découvertes. Parfois je parle d'autres petites choses entre
les lignes, comme de petites capsules temporelles cachées par
ci, par là. Qui sait, un jour peut-être un de mes petits
enfants se tapera tout cela et apprendra à connaitre un peu son
grand-père.
J'ai inspecté de près les manches. Il
y a plein d'endroits sans colle époxy. Le chant du dos n'est
parfois pas du tout perpendiculaire aux grands côtés.
Bref, j'ai repris les profils au back et j'ai repercé tous les
trous d'abord à 3 et 6 mm de part en part puis à 3.2 et
6.2 mm dans chaque plaquette. Pour finir, j'ai essayé de boucher
tous les micro jours avec de l'époxy, y compris au ricasso avec
essuyage aux cotons-tiges et acétone. Je ne comprends pas
comment il y a pu avoir des jours au ricasso alors que ça
dégoulinait d'époxy dans cette zone au collage. Il faut
voir les quantités en excès que j'ai retiré avec
les cotons-tiges à cet endroit cette fois là.
18-FEV-2018
J'ai emmené le "Borel II" avec plaquettes en
olivier au boulot pour sabler la partie en creux encore pourvu
d'écorce. Entre temps je me suis dit "pourquoi pas un insert
plutôt qu'un remplissage au mélange époxy sciure
d'olivier?". J'ai mis à la taille et à main levée
un petit morceau de cocobolo du Mexique qu'il me restait. Le tout a
été "cimenté" au mélange résine
époxy et sciure d'olivier. Au ricasso, il reste encore des jours
alors que j'y ai déjà mis deux couches d'époxy. On
verra ça après un premier ponçage de l'insert. Je
suppose qu'il y aura aussi des trous à boucher par là.
20-FEV-2018
J'ai repris le manche en olivier du "Borel II",
l'époxy de l'insert est bien sèche. J'ai un peu
ajusté l'épaisseur d'une plaquette au back:
c'était aussi celle avec l'insert en cocobolo, ce qui m'a permis
de tout aplanir. Ensuite j'ai poursuivi à la main la finition
des angles au P80, 120, 180, 320 et 600. Il reste du boulot, mais
impatient j'ai mis un petit coup de disque à polir avec
pâte 40 microns spéciale bois pour voir l'état
final. Pour une simple petite branche, y a un peu de veinage pas
dégueux.
Quelques remarques
- bien que le manche soit peu épais, la fine semelle amincie
donne visuellement l'impression que le manche est un peu trop
épais
- il reste des jours à boucher entre lame et plaquettes
- le trou de passage dragonne est un peu trop près du cul du
manche pour avoir un collet battu du tube laiton bien plan: l'arrondi
au "cul" remonte jusqu'au trou
- le manque de matière est aussi siège d'une fissure
(déjà là avant ou pas?) qui risque de s'agrandir
avec l'effort radial au moment de battre le collet.
- il faut encore finir les chants
21-FEV-2019
J'ai pour la troisième fois tenté de
boucher les derniers jours entre plaquettes et semelle sur le "Borel
II" en 100Cr6 avec de la résine époxy. Essuyage des
excès au ricasso avec coton-tige et acétone.
22-FEV-2019
Bon faut s'accrocher, le weekend arrive, plein
d'espace temps pour que le cerveau puisse repartir à
pédaler et causer du mal être. Le soir, j'ai donc
vite monté le "Kogaluc Jr." en 90MCV8 sur mon support
spécial afin de finir à la main le manche: P80, 120, 180,
320 et 600. Masque, lunettes, vêtements de travail... C'est vrai
que le pertinax -gratuit en plus- fait plutôt une bonne
matière pour les manches, mais y a pas à dire, votre
instinct de survie vous dit que la poussière de ce truc est pas
glop pour la santé. Et il bouffe les abrasifs assez vite.
Environ 1h10 de travail.
23-FEV-2019
Bon je sens que le samedi instille le lent poison de
la solitude dans mon cerveau, mon âme et mon coeur. Je suis
allé courir mais cela ne suffit pas. Je suis allé au
garage peu après 9h00, ouverture de la porte qu'entre le soleil
et sa douce chaleur. J'ai façonné le manche du "Kogaluc
Jr." en 100Cr6 sur mon support
spécial afin de finir à la main le manche: P80, 120, 180,
320 et 600. Juste avant, au back, j'ai "descendu" à
hauteur du manche le bouchon fait dans l'essence inconnue à
couleur jaune.
Ensuite j'ai repris au back les chants des 3 lames
à P220 et 400 (enlèvement des traces de colle de bouchage
des jours et polissage des aciers). Evidemnment cela a fait de petits
plats dans les manches que j'ai encore repris à la main
à P400 et P600. Perçage de petits chanfreins à
45° dans tous les trous. Réduction à la bonne hauteur
des rivets et tubes, enduction de colle époxy, matage des
rivets, déformation des tubes avec des billes et l'étau
(faudrait que je trouve un truc plus efficace ou bien que je me procure
une troisième main; pas facile de coincer billes, tube et
couteau à l'horizontale tout en serrant l'étau). J'ai
fini le matage des tubes au marteau. Nettoyage à
l'acétone et séchage. Environ 2h35 de travail.
Je suis sorti hier en ville, me mélanger
à la foule, me rappeler qu'il
y a tant d'autres humains sur terre. J'ai pâtissé et je
suis allé au
ciné voir un bon vieux film comme je les aime, même si la
dimension
dramatique était moins intense que dans "Million Dollar Baby" et
"Gran Torino". Oui c'était le dernier Eastwood en VO, je l'adore
lui. Pas
trop de drame, c'était sans doute mieux pour moi. Pendant ces
films je
m'oublie. Qu'est ce que c'est bon.
24-FEV-2019
Les pensées parasites et noires m'assaillent encore
ce matin comme hier soir. Il fait encore grand soleil. J'ai
attaqué mon pain au levain et je suis allé au garage pour
continuer à travailler sur les couteaux. Mise "à
zéro" de la quincaillerie, reprises multiples à la main
P320, 400, 600 et encore P180, 320, 400, 600. Multiples
décirages, polissage au disque et pâte spéciale
bois. Le "Kogaluc Jr." en 90MCV8 avec plaquettes en Pertinax est plus
ou moins fini (sauf affûtage). Comme il ne boira pas d'huile, une
dernière couche de cire de carnauba. En voilà un de plus
pratiquemment sorti du bal. Environ 1 h de travail.
Aller on s'accroche ma couille, cassage de mottes
dans le futur gazon, renforcements, repas, vélo, pâte
à tartiner maison, faiselle maison et cuisson du pain.