Selon Paul Sellers il faut vider environ la moitié d'une burette
d'huile fine sur le tissu et attendre
24 heures avant de s'en servir. Le film doit être très
léger. En dessous, laiton, ébène, intercalaire
12-FEV-2017
J'ai percé la garde en laiton du "Gadois",
Dremel et lime. Malheureusement comme le reste de la lame a une section
triangulaire, on voit bien l'ouverture rectangulaire necessaire au
passage de la soie. Dois-je encore essayer avec de l'étain? Idem
j'ai percé le morceau d'ébène et le quillon d'if
pour autoriser le passage de la soie.
13-FEV-2017
J'ai un peu retravaillé à la lime la
lame du "Gadois" dans la zone milieu où la soie rencontre la
lame. L'acier se laisse très bien limer, je crois ne jamais
avoir réussi un aussi bon recuit d'adoucissement sur un acier
qui trempe quasiment à l'air. J'ai aussi fait des encoches sur
la soie avec la lime queue de rat afin d'augmenter l'ancrage de la soie
plus tard au collage. Il faut encore que j'ajuste l'ouverture dans la
garde et je devrai enfin pourvoir passer à la suite.
15-FEV-2017
Il faisait beau aujourd'hui sur la route de retour
du boulot, le long de la Moselle. Il y a des vignes partout. Alors pour
une fois je me suis arrêté pour me balader un peu,
histoire de voir si je trouverai un morceau de cep pour en faire un
manche de couteau. J'ai toujours le "Grignon" en souffrance qui attend
du bois d'un pied de vigne. Le conseil de l'ouvrier agricole qui
m'avait dit lors de l'expo artisanale en 2016 qu'il y avait toujours un
morceau en bord de vigne au rebut qui traine n'a pas menti: j'ai vite
trouvé deux morceaux, dont un avec la racine et une sorte de
noeud très dense.
Le soir j'ai peaufiné l'ajustement entre la
lame et le garde en laiton du "Gadois"
17-FEV-2017: comment foirer encore des
fôrets comme un chef...
Pour renforcer le montage de la soie du "Gadois", je
veux y mettre un rivet. Au lieu de 3 mm, je me suis
décidé pour 4. Je perce donc le manche seul à 4
mm. J'empile toutes les pièces et je les maintiens sous presse.
Je me sers du trou comme guide pour attaquer la soie. Cela se passe
très bien un court instant, de jolis copeaux sortent et paf!
Plus rien. Je crois que l'acier trempe très vite à cause
de la montée en température provoquée par le
perçage.
Bon bref 2 fôrets de foirer, une chauffe de la
soie presqu'au rouge pour finir par passer à travers... Ouf!

Photo antidatée post TTH. Le fôret est
"étagé". Dur le 100Cr6.
Noter les encoches pour améliorer l'ancrage dans le manche, une
fois collé.
C'est quoi ce phénomène? Dès
qu'un acier contient un peu de chrome, disons dès 0.4%, la
relative grosse taille des atomes de chrome empêche les
molécules d'acier de bouger aussi vite qu'elles le feraient en
l'absence de chrome. Les transformations y prennent plus de temps. En
gros le "nez perlitique" s'éloigne, ça veut dire qu'on a
plus de temps pour refroidir l'acier pour obtenir malgré tout
une dureté maximale. Le même phénomène se
passe aussi dans l'épaisseur. La présence de chrome
"augmente" la couche durcie en direction du coeur de la pièce.
On dit que le chrome augmente la trempabilité. Non pas qu'il va
permettre de durcir l'acier a des valeurs supérieures, mais on
aura plus de temps pour le faire. Dans l'industrie, c'est pratique
lorsqu'on traite des grosses pièces ou des lots importants.
C'est pour cela que de nombreux aciers un peu techniques contiennent du
chrome: outillage à main comme tournevis ou clé, les
limes etc.
A partir de 3,5..5%, l'acier est dit auto-trempant,
c'est-à-dire que sa vitesse de refroidissement lorsqu'il est
exposé à l'air suffit déjà à le
durcir. Le 100Cr6 avec 1.5% est déjà un bon candidat pour
ce genre de rigolitude. Il ne va pas atteindre une dureté
maximale à l'air mais il va prendre quelques points.
Voilà le phénomène qui se passe selon moi au
perçage. J'aurai dû percer très lentement, avec de
l'huile de coupe et sans pousser plus d'une seconde à la fois
avec de longs temps de refroidissement du fôret avant de
rattaquer.
18-FEV-2017
En matinée, j'ai collé l'empilage qui
constitue le manche du "Gadois" en me servant de la soie fixée
par un fôret de 3.9 mm comme guide: égrénage des
surfaces, nettoyage à l'acétone ou au décireur
selon le cas, enduction à la colle époxy à prise
progressive et mise sous presse.
En journée, j'ai racheté une burette
d'huile fine. Moi qui croyait en avoir jusqu'à la fin de mes
jours, les ponçages couteliers et le récent huileur
à la Paul Sellers m'ont fait ariver sur la réserve
environ 35 ans plus tôt que prévu (oui
j'espère atteindre 80 ans; culotté!). Les burettes de 125
ml sont partout à partir de 3.50 EUR (3 en 1 etc)
jusqu'à plus de 6. Sauf chez Leclerc avec 1.80 EUR pour la
marque Tech9. Il est à noter que le WD-40 en promo dans le
même magasin est encore moins cher au litre mais sachant qu'on
fiche la moitié à côté et que ce n'est pas
un lubrifiant mais un anti-humidité au premier chef (rappel: WD
= water dispersant et 40 parce que c'était la 40ème
formulation que le chimiste avait essayé), on le gardera pour
d'autres usages: endroits inaccesible par gravité etc. Moins je
veux 100% de mon lubrifiant sur les métaux que je ponce ou que
je protège.
En soirée je me suis occupé de la lame
avec un recuit de détente. Il s'agit d'enlever les
dernières contraintes résiduelles dans le métal
pouvant venir de l'émouture et du perçage. Cette fois
j'ai mis la lame de 58 g dans une papilotte inox dans un four froid.
- montée le plus vite possible à 625°C
- 1 h à 625°C
- descente lente à 600°C à la vitesse de 30°/h
- refroidissement à l'air
Sortie de papilotte et sans protection de la lame
contre la décarburation, je suis passé à la trempe
- austénisation 6' à 845°C (+ 26", le temps de
remontée en température due à l'ouverture de la
porte)
- trempe au goop sur 9 mm de hauteur de lame (~1/3 de la hauteur)
- lorsque le dos de lame et la soie sont redevenus noirs après
environ 35", deux immersions rapides dans un seau d'eau froide à
9°C
- lame encore chaude (100..200°C), vérification de la
rectitude pour correction éventuelle: léger voile selon
moi que j'ai pu améliorer aur l'enclume
- refroidissement à l'air quelques minutes jusqu'à ce que
la lame soit froide au toucher
- passage au congélateur à -18°C pour la nuit car il
était tard (22h16)
- après 1 h 03 de congélateur, 3 aspersions au spray
-50°C et retour au congélo jusqu'au lendemain 6h12
19-FEV-2017
Lame du "Gadois" sortie du congélo à
6h12
- petit coup de P400 pour voir la couleur du revenu: il y a très
peu de calamine
- test de dureté à la lime demi-douce: ça glisse
moyen surtout sur un côté du tranchant, le dos a durci
aussi mais beaucoup moins. Je pense que le premier diximème de
millimètre au tranchant est un peu décarburé, ce
qui explique souvent pourquoi ma lime ne patine pas "grave grave" et
que malgré cela, après second test de dureté
à la finition, l'acier est très dur. Le bon acier est un
peu dessous de la surface.
- 1 h à 200°C au four de cuisine (température
vérifiée par thermomètre indépendant
calibré)
- refroidissement brutal dans un seau d'eau froide à 9°C:
couleur jaune paille à peine perceptible
- retour à -18°C pour 12 h 28'
- 1 h à 200°C au four de cuisine (température
vérifiée par thermomètre indépendant
calibré)
- refroidissement brutal dans un seau d'eau froide à 8°C
- retour à -18°C jusqu'au lendemain.

La photo rend très mal, mais il y a un voile jaune très
léger.
20-FEV-2017
J'ai sorti le manche du "Gadois" des presses.
J'hésite encore sur la forme à donner dans
l'épaisseur du manche. Bouteille de Coca style bushcraft
anglais, double amincissement type Bark River? Celui qui épouse
le mieux ma main c'est celui que j'ai fait un jour avec une lame Lauri
Pt Skinner, il s'appelle le "Zebra3". Peut-être que je devrai
faire cela? Ultra arrondi de partout avec un renflement vers
l'arrière pour bien tenir dans le creux de la paume mais sans
s'élargir en toute fin (ce qui retient mieux le manche en main
lors de tractions.
Avec ma scie circulaire sur table, j'ai
débité les deux morceaux de cep de vigne afin
d'accélérer leur séchage et de voir "dedans".
Bizarrement la partie avec la racine très dense est toute claire
et unie tandis que le morceau mort qui semble moins dense est
très torturé (super chouette même!) et conteint des
vides par ci par là
21-FEV-2017
J'ai
sorti le "Gadois" du congélateur après un dernier
séjour de 34 h 29". Petit redressage au marteau sur billot en
bois. Montage à blanc et report du contour
"vertical" du projet, bien aligné avec le prolongement de la
lame.
Dégrossissage au back pour trouver/décider de l'endroit
précis où percer pour le tube de passage dragonne.
Reprise de l'émouture du "Gadois" au back
(P100) pour affiner un peu le tranchant en le "convexifiant" par la
même occase. Beaucoup de refroidissement pour éviter de
faire un revenu supplémentaire de la lame. Polissage des
émoutures au back à P220 et P400. Agrandissant de
l'encoche pour l'index à la Dremel.
Perçage du trou du tube de passage dragonne
à 6.1 mm car l'if, comme presque tous les bosi que je perce
ainsi, semble revenir un peu. Je préfère un peu de jeu
radial pour former un petit réservoir de colle plus tard.
Contour du manche dans l'épaisseur au back
(P40) pour dégrossir: me suis décidé pour une
forme comme le "Zebra3" dans la hauteur et un renflement central dans
l'épaisseur.
Le cep de vigne se présente
déjà mal après à peine une nuit de
séchage: fissure, vrillage, zones de densité très
diverse jusqu'au coeur.
22-FEV-2017
Transfert du logo en toner sur la "Gadois" et le
"Grignon" (1 et 3 essais respectifs avant de
réussir: bizarre je m'attendais à ce que le "Gadois" poli
accroche moins bien le toner que le "Grignon" encore sablé). Le
premier essai de gravure électro chimique n'a pas
fonctionné: on dirait que le courant ne passe pas. J'ai
essayé une seconde fois, 10 minutes plus tard, le temps
d'écrire ces lignes. Ça alors très bien
marché. Il y a un phénomène que je ne maitrise pas.
23-FEV-2017
Bon ça glandouille mais je suis en vacances
avec ma fille, les mecs! Alors j'ai juste collé le tube en
laiton 6/5 mm dans le manche du "Gadois" aujourd'hui. En prenant
l'encoche pour le doigt du ESEE-3 comme modèle, celle du Gadois
doit être encore un peu agrandie à 17,5..18 mm. Il fait
actuellement 17 mm. Il est étonnant comme l'oeil perçoit
des différences de l'orde du millimètre dans le dessin
d'un couteau.
26-FEV-2017
Enfin la reprise sur le "Gadois".
D'abord pour le congé de l'index
derrière la garde j'ai dû me fabriquer un petit cylindre
abrasif de 20 mm environ car entre les 13 mm de la Dremel et les 25 du
back, je n'avais rien d'adéquat. Le faire à main
levée à la Dremel aurait très certainement
créé une sorte de discontinuité dans l'arc de
cercle. J'ai donc coincé une douille 3/8" de 15 mm dans un
boulon M6 muni de deux larges rondelles. L'abrasif P120 a
été collé à la néoprène en
bombe. Ce n'était pas parfait mais cela a fonctionné dans
ma vieille perceuse à colonne chinoise.

Douille 3/8" de 15 mm avec abrasif collé (diamètre totale
~21 mm)
Au back j'ai voulu
bien dégrossir la garde en laiton. Au bout de quelques instants
celle-ci s'est décollée pour tomber dans le seau d'eau.
J'ai donc façonné le contour sans le support du manche.
J'ai poli aux disques la face avant: il faudra la reprendre, il reste
de profondes stries. J'ai gratté la vieille colle et j'ai fait
quelques entailles à la Dremel munie du disque à
tronçonner.
Toujours au back, j'ai ramené au niveau du
manche le tube passage dragonne et j'y ai fait un petit chanfrein
interne. J'ai façonné et dégrossi à l'oeil
le manche au mieux afin de le rendre symétrique. J'ai aussi
enlevé la colle sur la face avant de la ferule en
ébène avant de l'entailler à la Dremel.
J'ai poli aux disques sisal et coton la lame. Il
faut aussi la reprendre, trop de stries résiduelles.
Après nettoyage et dégraissage, je l'ai
révélée au perchlorure de fer. On voit bien la
zone trempée, le grain est bizarre dans la zone non
trempée, peut-être juste en surface. Cela ressemble
à un sol en terre désséchée. J'ai aussi
encore un peu agrandi l'encoche pour le doigt après le ricasso
(Dremel avec tambour abrasif) et fait des encoches
supplémentaires dans la soie (Dremel avec disque à
tronçonner).

La garde décollée (Chaleur? Ebène naturellement
huileux? Couche d'époxy trop fine?), façonnée,
polie et entaillée pour la seconde tentative de collage. La soie
également entaillée davantage.
Pour finir j'ai dégraissé garde et
face avant de ferule avant de tout recoller à l'époxy et
de mettre sous presse.
27-FEV-2017:
j'ai pas école
Joie, surprise, comme chaque lundi de carnaval, j'ai
pas école. Je l'oublie à chaque fois et chaque fois c'est
une bonne surprise. je vais pouvoir continuer un peu le "Gadois".
Il est temps de polir la lame à la main.
Comme j'ai un peu de temps, je me suis fabriqué de nouvelles
cales à poncer. J'en ai essayé différents
modèles, sans qu'aucun ne me satisfasse. Cette fois j'essaie la
variante proposée par Neels Van Der Berg (chercher sur YouTube).
Grande, on peut y exercer beaucoup de pression et y mettre toute une
feuille abrasive, ce qui limite beaucoup les pertes. Pour avoir un
support de qualité (solide et droir), j'avais acheté chez
Casto, il y a quelques temps, un carrelet de chêne raboté
sur les 4 faces de 27 X 27 [mm] et 2.40 m de long.

Je vous ai mis en prime la burette d'huile fine de chez Leclerc.
La cale est bien
pratique, c'est sans doute la meilleure que j'ai faite jusqu'à
présent. J'allais aussi écrire que le 100Cr6 est super
résistant à l'usure par abrasion. jusqu'à ce je
mette une feuille Norton P80 sur la dernière cale vue ma vitesse
d'escargot à faire disparaitre les stries. Faux! Avec l'achat du
touret à polir en kit en Angleterre j'avais fait le plein de
papier abrasif imperméable. Ben voilà c'est d'la merde
aussi! Je dois le répéter encore, seuls les abrasifs
Norton vendus au prix fort par lot de 3 feuilles trouvent grace
à mes yeux. Hormis des feuilles P320 avec un ours dessus que
j'avais achetées chez Brisa, tout ce que j'ai pu essayer d'autre
jusqu'à présent s'est révélé
à pleurer, pour rester poli.
Il me restait encore plein de stries quand je suis
retourné au polissoir. Mon but c'était de retenter une
révélation au perchlorure de fer. Un bain de 8 minutes
cette fois et rinçage à l'eau savonneuse. La ligne de
trempe n'est pas nette. Avec tout ce chrome qui augmente la
trempabilité, je suppose que la trempe remonte au dessus du
niveau du goop.
J'ai sorti le manche des presses et j'ai poli sur
une plaque de verre la face avant de la garde en laiton à P240,
400 et 600 (ici l'abrasif UK est exploitable).
Remontage à blanc: le manche n'est pas assez
symétrique mais surtout la face avant n'est pas perpendiculaire
à la ligne générale longitudinale du couteau. Il
faudrait que je redécolle la garde, que je corrige la face
avant, que je recolle la garde... Mais en enlevant de la
matière, les trous du rivet dans le manche et la soie ne seront
plus alignés. Mettre un intercalaire de plus?
01-MAR-2017
Sur la route de retour du boulot, j'ai vu des
morceaux de ceps sur les bas côtés de certains coteaux de
Moselle. J'en ai ramassé certains et je les mis à
sécher au garage.
02-MAR-2017
A la pause de midi, j'ai sablé la soie du
"Gadois" au boulot. Sur la route du retour, j'ai trouvé une
branche de pommier. Pas sûr qu'elle soit interessante, on verra
au sciage.
04-MAR-2017
J'ai débité en plaquettes, surtout
pour accélérer le séchage et "voir" le bois, ma
petite récolte de cep et la branche de pommier. Il faut que
j'arrête ce genre de cueillette. Pas le moindre morceau
exploitable, tous ont de grandes variations de densité
malgré quelques belles teintes. Ce n'est que bruit, temps,
efforts, dangers avec la scie, en vain.
05-MAR-2017
L'après-midi j'ai corrigé la forme du
manche du "Gadois" dans la limite de la matière restante
disponible. J'ai aussi commencé à arrondir la garde de
chaque côté, convexe côté lame, concave
côté index. Le plus choquant à l'oeil est bien la
non perpendicularité de la garde par rapport à l'axe
longitudinal général du couteau. La garde n'est pas non
plus tout à fait "au milieu" son bord droit est à 6 mm de
la lame, le gauche à 6.5. C'est peu mais un oeil voit
très bien cette différence. Il faut encore y travailler.
Il faut aussi et surtout bien reprendre le polissage de la lame.
06-MAR-2017
J'ai légèrement repris au back la
largeur de la garde du "Gadois" ainsi que la courbure des
congés. Dès le premier contact avec la bande, le manche
s'est cassé au milieu de l'intercalaire. Rien de grave, il est
cependant curieux de constater la faible résistatnce au
cisaillement du matériau. Il reste de la fibre à la fois
sur l'ébène et l'if. Ensuite j'ai amélioré
la continuité du congé de l'encoche pour l'index
derrière la garde avec la Dremel. Et ce sera tout pour
aujourd'hui. Je vais y aller petit à petit. Prochaine
étape, reprise du polissage de la lame.
11-MAR-2017
J'ai encore repris le contour du manche du "Gadois"
au back, puis à la main (ainsi que la garde). Le travail ne
pourra s'achever qu'une fois le manche collé et d'un seul
tenant. Un petit noeud d'environ 3 mm s'est détaché du
manche et me voilà avec un trou béant. Il faudra le
boucher. J'ai continué avec la lame en m'énervant au
sujet
de la qualité médiocre de mes derniers abrasifs
acheté par lot de 10 sur le Net en même temps que le
polissoir. De l'argent foutu par les fenêtres. Notez bien ce nom
d'abrasifs de merde: Silverline. De la merde on vous dit! Mes vieux
lambeaux
Norton étaient plus efficaces que les abrasifs neufs. Je n'ai
plus rien de valable. Il faut que j'en rachète assez vite pour
pouvoir continuer les travaux.
Abrasifs sortis et outils installés, j'ai
attaqué le polissage du "Grignon" après l'avoir encore un
plus redressé au marteau. Les deux lames sont
bourrées de rayures rémanentes, il reste beaucoup de
travail de polissage. Décourageant.
13-MAR-2017
J'ai repris le polissage de la lame du "Gadois". Une
face à P125, puis à 90° avec du P180. Arrêt.
22-MAR-2017
J'ai repris le polissage de la lame du "Gadois".
L'autre
face à P180, puis alternativement à 90° avec du P220,
320 et 400. Arrêt. C'est pas glop et pour cause. Heureusement que
je prends des notes sur cette page. J'aurai dû commencer par P120
et je n'ai pas fini la première face à 220, 320 et 400...
Faudra encore y retourner. Le polissage est vraiment l'opération
qui me fait vite me décourager, surtout avec mes abrasifs de
merde.
25-MAR-2017
Hier et aujourd'hui j'ai fait des achats d'abrasifs
imperméables dits "à l'eau" de qualité en P120,
180, 240, 320 et 400. J'ai pris le temps de tout monter sur mes cales
et j'ai repris les faces du "Gadois" et du "Grignon" en
recommançant depuis le début c'est-à-dire P120 et
en croisant les passes.
Ensuite au polissoir avec respectivement les disques
sisal, coton et flanelle, j'ai poli les lames à la pâte
noire, verte et blanche. Le résultat n'est pas miroir, surtout
pour le "Grignon" assez brut de forge mais pouvoir s'arrêter
à P400 au lieu de monter à P2500 ou 4000 grace au
polissoir c'est plutôt un sacré gain de temps.
26-MAR-2017
Encore une fois en hommage à Ed
Fowler lorsqu'il parle de revéler "the true nature of the
steel" bain au perchlorure de fer pour voir les grains et la
ligne de trempe. Puis polissage à la main avec ma pâte
pour les chromes de mes motos. On voit un peu les fibres de l'acier

J'ai eu beaucoup de mal à faire une photo acceptable. Dans le
tiers supérieur droit on voit bien des fibres orientées
longitudinalement.
Le tranchant trempé semble super "lisse" (sans doute la finesse
du grain). Au milieu on dirait juste de l'acier rayé.
Comme c'est
nettement moins joli, j'ai à nouveau poli les deux couteaux
(j'avais aussi révélé sans sucès le
"Grignon"). Sur un miroir avec de l'huile et des abrasifs P400, 600 et
800 j'ai poli la face avant de la garde. Le polissoir étant de
sortie, j'ai fini l'ensemble avec mon petit disque flannelle que je
garde pour le bois mais avec la pâte marron du kit anglais.
Ça a fini par bien briller sans être le miroir parfait
cependant.
J'ai protégé la garde et la lame et
j'ai collé l'ensemble après dégraissage. Pas de
mise sous presse, le rivet en laiton fait tout le boulot.
01-AVR-2017
J'ai ressorti le "Gadois" et un morceau de l'if
ayant servi à faire le manche. Ponçage du bois au P120
pour récupérer un peu de sciure afin de la
mélanger à de la résine époxy et de boucher
avec la pâte obtenue le trou dans le manche provoqué par
la chute d'un noeud. "Coffrage" au ruban adhésif et
séchage.
08-AVR-2017
Une dame du village est venue me voir. Parait que
c'est la septième fois et que les 6 autres fois, choux blanc.
Faut pas contarier les vocations. Je crois que c'est la
présidente de la seule association du village. Une femme pleine
d'entrain et d'énergie. Elle organise le premier marché
de Noel du village et m'a demandé de participer. Deux
après-midi, du mois de novembre, à la fraiche, sous des
gitounes et avec, si possible, back, enclume, four etc pour illustrer
la fabrication.
09-AVR-2017
J'ai enfin continué à travailler sur
le "Gadois". Polissage du manche et de la garde avec divers abrasifs
à partir de P180 jusqu'au disque avec de la pâte 40
microns. Le bois s'est fortement encrassé, surtout la partie
claire, l'if. J'ai pû presque tout nettoyé au
décireur sauf des les angles au cul. J'ai un peu
amélioré les choses mais sans que cela soit parfait
au P400, 600, 800, 1200 et 2500.
Plus tard j'ai mis 3 couches huile de tung
diluée à 50% avec de la térébenthine (et 1%
de siccatif pour accélérer le séchage) et 2
couches d'huile de tung pure (avec 1.5% de siccatif). L'if boit
beaucoup, l'ébène quasiment rien.
10-AVR-2017
Dernière couche d'huile de tung pure (avec
1.5% de siccatif).
16-AVR-2017
Dimanche de Pâques. Repas chez mes parents. De
l'atelier de feu mon père maternel, j'avais
récupéré deux marteaux, une enclume faite dans un
morceau de rail, une enclume de cordonnier et un bloc d'acier doux
marqué par plein d'impact. Ce dernier a une forme bizarre et
pèse 10 kg. Il m'a donné l'idée d'essayer d'en
faire une enclume en acier doux après avoir quelques videos du
jeune Anglais Alec Steele. Debout verticalement, il a une petite face
rectangulaire assez plane, assez grande pour y taper des lames et avec
des angles encore bien marqués. Pourquoi pas. Alors je l'ai
embarqué.
Plus tard, en cherchant pour ma mère une
pelle à tarte je suis retombé sur le premier canif que
j'ai acheté dans la quincaillerie du village. Ce devait
être en 1983 ou 84. Je me souviens du vieux quincailler, M Etter,
montant sur son échelle sur rail le long d'un meuble gigantesque
constituant tout un panneau de mur avec d'innombrables tiroirs. Il y
cherchait les canifs et finit par me sortitr celui-ci. Je me souviens
qu'il était plein de boue séchée, le village ayant
subit des crues exceptionnelles de la Moselle en avril et mai 1983. Je
crois que ces crues ont participé à ma
personnalité actuelle.
Les cotes sont en nacre pur plastique, une platine
zinguée est déformée depuis aussi longtemps que je
m'en souvienne, le talon de la grande lame porte les inscriptions
"Rostenit Germany" et "Rich. A. Herder Solingen", la petite lame porte
seulement le nom. Ce nom est celui des outils RAHSOL, dont je
possède d'ailleurs une clé polygonale
contre-coudée de 11 et 14 mm, en provenance de la même
quincaillerie.
Richard
Abraham
Herder
SOLingen.

Je n'ai pas trouvé de renseignements concernant l'acier dit
"Rostenit": un inox c'est sûr mais pourquoi le suffixe en "it"
(martensite?)
17-AVR-2017
En matinée j'ai passé deux couches
cire de carnauba sur le manche du "Gadois". Pendant que j'étais
dans le garage, porte ouverte, un voisin est venu m'apporter une
bêche cassé. Parait que je récupère les
métaux pour en faire des couteaux... Euh oui mais de l'acier
avec beaucoup de carbone, qu'on peut durcir. faut rester diplomate dans
la vie et ne pas contrarier les élans de
générosité solidaire et amicale. "Merci mais pas
sûr que ça marche. Il faut que je fasse un essai de trempe
avant. Si cela ne marche pas, je l'amènerai moi même la
déchetterie".
Avec la scie à ruban j'ai scindé en
deux un carrelet de cep de vigne (un des rares exemplaires à
peine exploitable) puis dégrossi les contours pour le manche du
"Grignon". Ponçage à plat de la face à encoller,
perçage des trous et façonnage de la zone près du
ricasso. Il y des trous dans le bois, des fissures, les faces du manche
du couteau ne sont pas parfaitement planes, les trous pas tout à
fait en face. Il faudra ruser, agrandir des trous, mettre de la colle
en excès, presser très fort, bref les filouteries
habituelles.
L'après-midi j'ai collé les plaquettes
du "Grignon", avec de la quincaillerie cuivre, une première.
Voilà quelques jours que j'ai envie de forger et cet
après-midi eut été idéale: voisins pas
là, temps de merde dehors... Mais d'un coup l'envie m'a
quitté. Il faut que j'écoute davantage mon corps. Alors
appelez cela comme vous voudrez, par exemple de la fainéantise,
mais les faits sont là: rien.

Avec le dernier tiers d'une lime Vigor Vigor de 100 X 30 X 7 [mm], j'ai
songé à me refaire un
"Checatica" mais sans les trous trop chiants à netoyer et avec
une soie courte. Mon petit Santoku de
10.5 cm de marque Yakitori est un peu court sur de nombreux fruits ou
légumes. Projet remis à plus tard.
18-AVR-2017
J'ai découpé dans une tôle une
ébauche de gabarit de "Chécatica", que j'ai
façonné au back. Ainsi s'il me prend de vouloir forger un
truc du genre, je suis paré. dans cette optique j'ai aussi
récupéré des cendres, pour d'éventuels
recuits simples. La cendre de bois me semble plus fine que celle de mon
poele à granulés. Las, il n'y avait pas assez de
cendres...
J'ai sorti le "Grignon" des presses et j'ai
façonné au back puis à la main le manche. Le
façonnage a fait remonté de nombreux trous dans le cep. A
l'heure où j'écris la plupart des trous ont
été bouchés avec de la résine époxy
90 secondes. Il faudra à nouveau poncer et peut-être
reboucher encore, et reponcer...
19-AVR-2017
J'ai tracé et découpé un patron
pour faire l'étui en cuir du "Gadois".
21-AVR-2017
J'ai commencé à découper le
cuir pour l'étui du "Gadois": découpe, martyr,
amincissement, abat-carre, teinture, collage et couture du passant de
ceinture. Comme toujours, une belle connerie, la face de
présentation de l'étui a une coupure, qui était
déjà dans la chute de cuir mais que je n'ai pas vu
à force de chercher le meilleur morceau à découper
sans me tromper de sens etc. C'est dur d'accepter d'être humain
et de toujours avoir le risque de se tromper, de ne pas être
parfait.
Le soir j'ai acheté chez Casto une tige
filetée M6. Il y a quelques temps j'ai trouvé une plaque
d'alu de 15 mm dans la poubelle du boulot. Elle a des perçages,
des taraudages et des boutonnières un peu partout. Je voudrai
m'en servir comme support de calage à angle constant pour ma
petite meule à eau.
22-AVR-2017
J'ai continué à travailler sur
l'étui du "Gadois". Collage du martyr, rainure pour la couture,
marquage des points, perçage, rainure de l'autre coté,
teinture, nouveau marquage des points, couture, mise à niveau du
martyr au back, abat-carre, teinture, formage avec le couteau
emballé dans un film plastique et séchage sous presse
légère.
Avec le back de sortie, j'ai enlevé les
excès de résine sur le manche du "Grignon". J'ai aussi
affiné un peu le manche près du ricasso.
23-AVR-2017
L'étui sous presse au niveau de la lame ne
sèche que très lentement. J'ai repris à la main le
manche du "Grignon". Bof. Et j'ai rebouché des trous à
l'époxy pour la seconde fois. Faut savoir être patient.
24-AVR-2017
Reprise à la main du manche du "Grignon". Il
reste encore de petites fissures, trous... Nouveau bouchage mais
à la cyanocrylate cette fois. Le cuir de l'étui du
"Gadois" commence à
être bien sec, la couleur s'est éclaircie, faudra
homogénéiser tout cela.
Au boulot, voyage dans la benne pour essayer
de trouver une petite barre transversale de support pour ledit support
de calage à angle d'affûtage constant. Pas eu besoin de
chercher longtemps. Y avait même une tige filetée M6,
c'est à se demander pourquoi je vais chez Casto moi. C'est
dommage de jeter autant de trucs.
25-AVR-2017
Reprise à la main du manche du "Grignon". La
cyanocrylate c'est vraiment la meilleure solution pour des bois avec de
petits pores ou de petites fissures. je continuerai la finition un
autre jour mais plus de bouchage en perspective.
J'ai sorti le "Gadois" de l'étui, avec
beaucoup de mal, l'ajustement au niveau de la garde est très
serré. Malgré l'emballage de la lame dans un film
plastique, de petits points de rouille très superficielle sont
apparus. C'est parti après un petit polissage
à la main avec une pâte pour les chromes. J'ai remis une
couche de teinture sur l'étui.
Quelques traits de scie et mon support
d'affûtage à angle constant a été fini. J'ai
simplement coincé les rondelles dans les traits de scie en bout
de tube support. Fini? Enfin je crois. On verra à l'usage.

La rondelle tient juste par coincement.
26-AVR-2017
Cirage lustrage aux produits pour articles en cuir
de l'étui du "Gadois". Petite astuce, ça
pénètre et ça se lustre plus vite si on utilise un
sèche-cheveux pour ramollir les diverses cires, surtout celles
à base de cire d'abeille.
29-AVR-2017
Ponçage (P180, 320 et 600) et polissage final
(disque + pâtes 6.5 et 2 microns) du manche du "Grignon" avec un
total de 9 couches: 3 de vernis tampon CCL, 3 d'huile de Tung
diluée à 50% à la térébenthine et
avec un peu de siccatif et 3 d'huile CCL. Les produits CCL commencent
à vieillir ce me semble, autant les utiliser même, si ce
n'est pas sur des bois haut de gamme.
01-MAI-2017
J'ai repris à la main au P400 puis 600 la
"tranche" du "Grignon". Cirage du manche à la cire de carnauba
(2 couches). Première utilisation du support fabriqué
récemment avec la petite meule à eau. J'ai mis environ
15° de demi-angle au sommet de chaque côté
jusqu'à la formation d'un morfil. A la loupe le tranchant
était très accidenté et un passage au cuir n'a pas
sufit à lisser l'ensemble. Il aura suffit de 10 passes
légères à la pierre Fallkniven DC4
(côté céramique, environ P600 je crois) pour lisser
l'ensemble. Un petit coup de cuir à la pâte 2 microns et
voilà un tranchant, non pas lisse, mais légèrement
agressif: je trouve que ça dure plus longtemps et si on ne rase
pas au couteau, c'est sans doute plus adapté à la plupart
des taches que doit rencontrer un couteau.

Le "Grignon" en plein dépucelage sur la petite meule à
eau avec l'aide du support.
Ensuite j'ai fait
pareil avec le "Gadois". Ici je veux un angle un peu plus robuste assez
convexe. J'ai donc mis un premier demi-angle à 23° environ
puis un second vers 17° environ. Le 100Cr6 était plus
épais (et sans doute plus dur). Pas de surchauffe grace à
l'eau mais la quantité de poudre retrouvée au fond du
réservoir d'eau me laisse à penser que la pierre n'est
pas la plus endurante (pas étonnant vu que la meule est une
chinoiserie et pas un Tormek à 700 EUR). Là aussi
à la loupe, une vraie micro scie que j'ai lissé à
la norton IB-134 (P400 selon Norton). Encore un coup de cuir et le
couteau est bon pour le service.
Quelques photos, des mesures, des tests de
dureté relative et je mettrai la galerie à jour.
02-MAI-2017
J'ai commencé à renseigner les
tableaux de la page galerie pour les deux derniers. Je suis
déçu des duretés. Le 100Cr6 du "Gadois" ressort
vers 60 HRc environ au tranchant. Alors pour cette taille de couteau,
c'est presque trop mais avec un revenu à 200°C, je tablais
plutôt sur 62 HRc. Est-ce bien du 100Cr6? Ou bien aurai-je trop
d'austénite résiduelle pour avoir austénisé
trop chaud? En remplissant le tableau, je m'aperçois que les
couteaux issus du même roulement (mais de la bague
extérieure) ont aussi "seulement" 60 HRc.
Pour le "Grignon" c'est la cata, peut être
53..55 HRc et encore. Bref l'acier des dents de faucheuse rotatives est
sans doute trop peu carburé (résistance aux chocs:
cailloux etc), ce qui indique aussi qu'il aurait sans doute fallu le
tremper à l'eau pour en espérer le maximum. Plus la peine
de perdre mon temps à forger les morceaux restants, sauf cas
très particulier.
06-MAI-2017
Photos faites,
galerie
mise à jour.
Mon projet était de forger dans
l'après-midi mais après la tonte de la pelouse ma
motivation (ou ma condition physique) s'est envolée. Je voulais
forger le dernier tiers de la lime Vigor-Vigor qu'il me reste pour un
Santoku de 13.5 cm environ. Pour l'instant chaque lime forgée a
conservé des traces des arètes de coupe d'origine dans le
couteau fini. Alors pour cette éventuelle prochaine
séance, j'ai retiré ces arètes avec ma meuleuse
d'angle et un disque abrasif Casto. Le disque neuf est efficace maisl
il faut tout de même un certain temps. Le moteur de ma petite
meuleuse de 115 mm a sacrément chauffé. C'est une
chinoiserie de marque Rhino qui a "au moins" 20 ans. Elle va peut
être bientôt me lâcher? Les charbons sont
déposables et je me souviens qu'elle fut vendue avec un jeu de
rechange (on voit toute la confiance du fabricant dans leur
durée de vie). Avec au moins 3 déménagements sur
le paletot, on imagine bien où se trouve lesdits charbons de
rechange: ad patres.
10-MAI-2017
Aujourd'hui y avait une tondeuse thermique de marque
"Viking" dans la
benne à métal de l'usine (???). A tout hasard, j'en ai
récupéré la lame.
13-MAI-2017
Tiens la lame de mon Alsacien de chez cahrles
Couttier est toute rouillée, une horreur. Pourtant je ne m'en
sers que pour ouvrir les sacs de garnulés pour mon poele. C'est
sec, par définition... A moins de l'eau ne se soit
condensée par endroit dans le sac...
14-MAI-2017
Vide-grenier du village. Je vais faire un tour
histoire de chiner un vieille lime ou un truc dans ce goût
là. Rien mais je croise la dame qui organise le marché de
Noel. Elle me présente Seb, un jeune quarantenaire qui s'est
découvert une passion pour la métallerie. Il veut aussi
forger et devrait vendre des objets en novembre. On papote. Il veut se
monter un atelier de forge dans le village, chez ses parents. Lui
habite un village à côté. Il me demande de
l'appeler la prochaine fois que je forge une lame. Il envisage une
reconversion. Ses amis lui ont offert un stage de forge en coutellerie
chez Vinh Le Cao.
16-MAI-2017
J'ai emmené le Couttier à l'usine pour
le sabler. Merde le logo "Charles Couttier Artisan" a disparu. Je pense
que je vais le polir et essayer de le patiner "gris" façon
économe le Castor.
Un peu d'inventaire au garage. J'ai pas mal de limes
moi dis donc, à force...
20-MAI-2017
J'ai arrondi les angles du manche en bois de rose du
Couttier (120, 180, 320 et 600). Il est plus agréable en main
mais peut sans doute plus facilement "tourner" dans la paume en cas
d'effort intensif. Un choix. Ensuite j'ai passé toutes les
parties métalliques au touret et disques à polir
(pâtes noire, verte et blanche). Ça brille pas mal sans
être un miroir, ça devrait ralentir la "rouille rouge" et
favoriser une patine plus mate et grise. Enfin c'est le but, on verra.
Nettoyage de l'ensemble et dernier polissage du manche au disque et
pâte 40 microns. Ensuite application habituelle de mes multiples
couches d'huile de tung et de siccatif en version diluée
à la térébenthine et huile CCL de finition.
21-MAI-2017
Trop de limes, écrivais-je il y a peu donc...
Il m'en faut encore plus. J'ai fait 3 brocantes ce matin. L'idée
de départ c'est de trouver un martreau assez gros pour que je
puisse y tailler un marteau de 1.3 kg de type "Uri Hofi" dedans.

Brocante 1: un maillet neuf n'ayant jamais servi de 2 kg dit
"Feustel" en teuton de l'étiquette DIN 6475
de marque Picard et 4 serre-joints de marque Wolfcraft.
Brocante 2: quedalle
Brocante 3: deux masses aux manches en très piteux état,
une de marque MOB de 2 kg et une inconnue
de 4 kg et 7 limes manches compris
- plate 400 X 38, marque Allar
- demi-ronde 400 X 38, marque Magot RSD
- plate 300 X 30, marque Magot RSD
- plate 250 X 25, marque Facom (exactement la même que celle que
je possède)
- plate 200 X 19, marque Talabot avec les lettres LTC entre deux
demi-lunes
- plate 200 X 22, sans indication de marque
- plate 150 X 21, marque Talabot avec les lettres LTC entre deux
demi-lunes
(Google: LTC Léon Talabot et Cie)
A droite, mon
père vu ce jour,qui a retrouvé mon très vieux
lance-pierre. Je l'ai fabriqué vers l'âge de 10..12 ans.
ce trux a donc plus de 33 ans au bas mot. Mon père m'avait
raconté comment enfant au sortir de la seconde guerre mondial il
fabriquait des lane-pierres: une branche, des morceaux de chambre
à air en guise d'élastique et la langue de leur chaussure
pour accueillir le projectile. Je me souviens avoir pris une chambre
à air percée de mon second vélo (un Messina belu
et plaint) et la langue d'une chaussure à mon père.
Vieilles chaussures sans doute car il n'y a jamais eu de plainte
à ce sujet par la suite. Chose étonnante le caoutchouc
n'est pas du tout fissuré! Sans doute une chambre à air
Michelin en vrai caoutchouc naturel et made in France en 1979, pas
comme la merde d'origine made in China que j'ai trouvé dans les
Schwalb de mon Lapierre Cross 300 à 600 EUR et aussi au rayon
pièces détachées chez Décathlon. C'est
simple y a plus que ça (et ça perd 0.5 bar sur 4 en 7
jours quand c'est neuf!)

Au fait voici le Couttier avant/après sorti de l'enduction
d'huile de tung. Le logo a hélàs disparu.
23-MAI-2017
J'ai démonté le marteau MOB de 2 kg
(de la brocante) de son manche plutôt pourri. il va falloir le
nettoyer un peu et voir comment au mieux y découper une forme
proche de celle d'un marteau Uri Hofi.
Le manche du Couttier sèche tranquillement,
du moins son huile. J'en avais déjà parlé il y a
longtemps ici: l'observation du fil à la loupe
révèle une structure que je n'ai jamais vue ailleurs que
me laisse supposé un traitement thermique plus que raté.
Cette fois avec l'oxydation enlevée par les disques à
polir, la surface est lunaire. Alors juste un effet de l'oxydation? On
verra lorsque je réaffuterai le couteau la gueule du
métal sur le fil.
25-MAI-2017
J'ai passé deux couches de cire de carnauba
sur le bois de rose du manche de l'Alsacien de chez Couttier. Ensuite
je l'ai affûté sur la meule à eau avec l'aide de
mon support maison, environ 16° de chaque côté.
L'observation à la loupe révèle la même
chose que lors de l'affûtage du "Gadois" en 100Cr6:
l'intersection des "deux flancs de montagne" qui forment un sommet - le
tranchant- est très accidenté, une véritable mini
scie. J'ai affiné cela avec ma vielle pierre des
Pyrénées qui traine au garage. Ça coupe
déjà mais ça accroche pas mal. Je suis alors
passé à la pierre Norton IB-134 avec la face fine (P400)
et j'ai poli un peu avec le cuir enduit de pâte 2 microns. Donc
les flancs ne sont pas polis miroir mais le tranchant est très
agressif et coupe très bien le papier à présent.
Les tranchants polis excellent dans la coupe en poussant: rasoir,
rabot, ciseau à bois et économe. Pour toutes les autres
taches, un tranchant fini à P320..400 et poli juste au bout du
bout est le meilleur compromis (selon moi). Bon on range le tout et on
le ressortira cet hiver pour couper des sacs de granulés pour
mon poele.
J'en ai aussi profité pour dérouiller
(juste la rouille orange) les deux masses de 2 et 4 kg trouvées
en brocante au disque rotatif (sur ma perceuse) à poils en
plastique. Une petite couche d'huile et stockage en attendant la suite.
05-JUN-2017
Pour une raison inconnue - mais en faut-il seulement
une? - je ne ressens aucune envie de forger ou faire des couteaux.
Troisième jour d'un long weekend et rien. Je me suis
forcé à aller au garage pour reproduire une forme de
marteau Uri Hofi de 1.3 kg sur le maillet MOB de 2 kg trouvé
récemment en brocante. J'ai sorti la meuleuse
équipée d'un disque à tronçonner et... J'ai
arrêté au bout de 5 minutes. Ça risque d'être
long. Remballage. Encore une journée qui va finir à faire
du sport, du Youtube, un ciné, du gras sur le canapé.
Mais quel mollusque!

Le maillet MOB de 2 kg a une section de 50 X 50 [mm].
Le Hofi fait 43 X 43 a la table, 65 de hauteur totale, a un manche plus
gros que le standard pour
un marteau de cette taille et pèse 1.3 kg.
11-JUN-2017
Comme je le disais, peu d'envie. Brocante et paf,
re-limes (au fou!)... Donc en sus d'une petite pince de forge, j'ai
encore enrichi le stock de limes de 4 pièces
supplémentaires
- plate 300 X 28, marquée TALABOT DUTEIL MADE IN FRANCE d'un
côté et SNCF avec un écusson au cheval cabré
sur l'autre
- plate 270 X 27, marque illisible, peut-être B30 ou P50...
(cette lime est plutôt fine pour cette taille)
- plate 250 X 23 aux chants arrondis, marque Goldenberg avec pour logo
deux yeux et des sourcils et
avec un "E" de l'autre côté (cette lime est plutôt
fine pour cette taille)
- plate 200 X 20, aucune marque.
12-JUN-2017
Allez on se motive! J'ai imaginé un petit
projet de couteau fixe dont la hauteur au niveau de l'encoche du pouce
derrière le ricasso serait d'environ 19..20 mm. La hauteur de
lame augmente vers l'avant et l'arrière. Que du classique. Le
truc c'est qu'en partant d'une lime de 20 mm de large, on peut affiner
de 20% vers la pointe et élargir pour sortir l'émouture
tout en affinant de 50% vers l'arrière sans toucher à la
partie du milieu. Sur le papier un truc rapide (ou de fainéant).
Pour obtenir une lame de 80..85 mm et un manche de
95..110 mm sur 3..3,5 mm d'épaisseur au dos, j'ai
selectionné dans mon lot de limes récentes une LTC
Talabot de 150 X 20 [mm] légèrement conique vers l'avant.
L'épaisseur proche de 6 mm devrait me laisser assez de
matière pour sortir un truc proche de l'idée de
départ (on verra...).
Bref, j'ai découpé un peti bout de
tôle pour y coller la forme du projet, lorsqu'il sera
défini. Ensuite j'ai fait un test de trempe sur la soie de la
lime: chauffe au rouge à la lampe à souder, trempe dans
un seau d'eau et casse dans l'étau. Sec et sans bavure, un grain
d'une finesse extrême. La lime est donc validée pour le
projet. La lampe étant sortie, j'ai bien chauffé toute la
lime pour la ramollir un peu et économiser le disque abrasif de
ma meuleuse d'angle.
L'opération suivante a consisté
à éliminer une grande parties des arètes de la
lime. L'expérience m'a montré qu'au lieu de partir en
oxyde à la forge, celles-ci sont en permanence frappées
dans la surface du couteau. Pour les sortir après, il faut
enlever beaucoup de matière. Les laisser pour montrer l'origine
n'est valable qu'en "stock removal", avec la forge le rendu final n'est
pas très esthétique.
Le brut de départ fait à
présent 154 X 20 X 5.6 [mm]. Sur les 7 derniers
centimètres la lame s'affine progressivement de 20 à 13.7
et de 5.6 à 4.7 mm. J'espère avoir moins de pertes au feu
que d'habitude.
13-JUN-2017
Le projet a été baptisé
"Harricana" (toujours issu de ma liste de cours d'eau du
Québec). J'ai collé le patron sur une tôle et j'ai
façonné le contour. Je n'en suis pas 100% satisfait. Mais
je vais sans doute le garder ainsi et comme toujours forger un peu plus
grand. Ainsi je pourrai jouer avec le contour dans une plage de 1
millimètre. Il est étonnant de constater à quel
point 1 mm de différence saute aux yeux en terme de
beauté ou d'harmonie dans le contour d'un couteau de 150
à 200 mm de long.
17-JUN-2017
Bon je garde le patron du "Harricana", le brut de
forge sera un peu plus grand et en y façonnant le contour, je
ferai des modifs selon l'inspiration du moment.
J'ai forgé le brut du "Harricana" en
matinée. Au moins deux heures et demi et contre toute attente,
sans tomber en panne de gaz. Bon je reste une bille en forge, faut se
faire une raison. Si je ne forge pas au moins une lame par semaine, ce
que j'apprends doit se diluer dans les périodes inter forge. Bref
- j'ai forgé la pointe
- j'ai courbé le brut
- j'ai marqué le départ de l'émouture et j'ai
affiné un peu la lame
- j'ai sorti l'émouture et la pointe n'est pas assez
remontée (en général elle remonte trop!)
- j'ai allongé et affiné la semelle
Cette liste qui semble courte et simple fut bien
plus laborieuse qu'il n'y parait. J'ai fait des chauffes pour ajuster
ici et là sans jamais vraiment y arriver. Au final
- la lame est trop fine (je voulais au maximum diminuer
l'épaisseur finale au ricasso de 3..3,5 mm de 20%)
- la semelle est trop grosse (je voulais au minimum diminuer
l'épaisseur finale de 50%)
- le contour en tôle ne rentre pas dans le brut: je vais devoir
mettre la pointe plus bas
Caramba encore raté! Avec un truc aussi mal
parti en terme de forme, je ne vais pas perdre une nuit de recuits
divers. Un peu à la Ed Fowler, j'ai fait 3 très courtes
trempe à l'eau (Ed c'est 35 s dans de l'huile à
Tambiante), puis 3 normalisations à l'air pulsé et un
recuit dans les cendres. Toutes les chauffes étant à
l'oeil et sans doute trop élevées en température.
Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai continué
l'après-midi. J'ai façonné un contour au back.
J'ai un peu redressé ci et là au marteau et j'ai aminici
lame et semelle au back. Pour finir, j'ai percé 3 trous. Le
métal est étonnament mou. J'ai bien fait de ne pas me
taper une nuit de cyclages thermiques pour cette bricole qui ne restera
pas dans les annales:
- il reste plein de défauts de planéité à
la semelle (les plaquettes ne seront pas parfaitement jointives)
- il reste des zones en creux sur la lame (on reconnait même un
peu la lime de départ)
- la semelle est déjà plus lourde que la lame alors qu'il
n'y a pas encore de plaquettes: je vais percer des trous
supplémentaires
- épaisseur maxi au milieu 2,92..3,15 mm
La semelle étant amincie, des trous
parfaitement perpendiculaires au plan médian sont difficiles
à obtenir. Je vais donc expérimenter un truc de Cy Swan
80 ans, que j'ai vu sur
Youtube: des
trous plus grands car de toute façon la résine
époxy remplira les vides. L'idée de départ,
c'était même de taper les trous à chaud, beaucoup
de temps de gagner. Las mes poinçons sont ailleurs.
19-JUN-2017
J'ai fait des trous supplémentaires dans la
semelle du "Harricana" et à la Dremel et la lime, j'y ai
taillé deux fenêtres. Tout cela dans un but
d'allègement.
24-JUN-2017
Voilà plusieurs semaines que je passe en
footing ou en vélo à côté d'une maison de
vieux village, en rénovation. Devant il y a de petites souches
d'arbres. Hier enfin j'y ai vu quelqu'un et je me suis
arrêté pour savoir si je pouvais en
récupérer une, parce que je fais des couteaux, avec des
manches, en bois. J'aurai pu toutes les avoir. Bref j'en ai
embraqué une.
25-JUN-2017
Petit coup de scie sur une racine de la souche. Je
crois que c'était un coup pour rien. Le bois est bien trop
léger. Sans doute pas un arbre fruitier.
J'ai repris le brut du "Harricana", principalement
au back, pour aplanir la semelle et un peu tailler l'émouture.
Au billot et au marteau, j'ai redressé au mieux, avant, pendant,
après mais le résultat n'est pas satisfaisant. Ça
va encore faire une belle merde à encombrer les tiroirs ce truc.
26-JUN-2017
Le soir j'ai repris à la main les
émoutures du "Harricana". J'ai effectué une grosse partie
du travail à la lime douce tenu transversalement (en anglais
drawfiling si c'est plus clair pour vous), c'est vous dire si je
partais de
loin. Je suis allé jusqu'à P240. En général
cela suffit avant une trempe pour éviter les fissures qui
pourraient naitre en surface. Le projet est à nouveau beaucoup
plus fin que prévu au départ. Que de bon acier
gâché! Je crains des déformations par dilatation
différentielle et manque de matière au tranchant si je
fais une trempe sélective. Je n'avais pas de chrono en
tête et j'ai pris mon temps ce soir. Bien que plus fastidieux, le
travail à la lime m'a presque détendu et en enlevant si
peu de matière à chaque passe, j'avais l'impression de
bien contrôler la forme que je donnais ça et là.
27-JUN-2017
J'ai encore repris un peu à la main la
seconde émouture du "Harricana". A la loupe, il reste pas mal de
rayures profondes en surface. Le tranchant est trop fin et surtout
très irrégulier en épaisseur. La trempe
sélective va sans doute déformer le fil. Le biniou n'est
pas plan et n'a pas d'épaisseur régulière. Tout ce
travail... Perdu pour perdu, je vais tremper 3 fois de suite en
sélectif, comme Ed Fowler. Peut-être apprendrai-je au
moins quelque chose.
29-JUN-2017
Ce soir, en vue d'une nouvelle tentative de forge ce
weekend, nouveau projet, nouveau dessin, "Iktotat" (sans
déconner, trouvez pas qu'y z'ont des noms bizarres les cours
d'eau du Québec?). J'ai collé et découpé un
patron sur de la tôle. Puis j'ai choisi une lime. Trop grosse
pour le projet, histoire d'avoir du rab après la forge: 250 X 25
X 6 [mm], pas de marque, récupéré dans un coin
à mon père il y a au moins 25 ans. Elle ne m'a jamais
servi car désaffûtée. Il a peut-être 2 ou 3
ans, je l'avais laissée refroidir au four pour la
"détremper". Et puis j'y avais forgé un début de
pointe il n'y a sans doute pas si longtemps.
Mais d'abord j'ai voulu tester sa
trempabilité. J'ai tenté en vain de chauffer la queue au
rouge avec ma lampe à souder. Pas moyen, juste un début
de rougoiement refroidi à l'eau mais aucune casse dans
l'étau, que de la flexion. Bref, STOP! Pas de travail perdu si
la trempabilité n'est pas assurée. Je n'ai donc pas sorti
les arètes de la lime au disque abrasif. Je testerai la
trempabilité avec la forge, samedi si tout va bien. On remballe.
30-JUN-2017
Vendredi soir, pas de fille à garder pendant
un mois, des routes en travaux partout et déjà
prêtes à recevoir le tour de France lundi et mardi
prochain (ça circule je vous raconte pas...), rien au
ciné: bref pas de courses, je reste chez moi et j'attaque la
forge.
D'abord un essai de trempe avec la lime: aucun
souci, belle casse nette après une chauffe à la forge
(gros grains par contre). Ensuite j'en enlevé le gros des
arètes de la lime à la meuleuse d'angle
équipée d'un disque abrasif grain 40. Puis j'ai
coupé à 45° au disque l'extrémité de la
lime que j'avais un peu forgé un jour pour m'exercer.
Ensuite le vrai boulot de forge du projet "Iktotat"
- Forge de la pointe
- Marquage du ricasso et affinage de la semelle (largeur)
- Allongement de la première moitié de la lame avec une
légère pente
- Sortie de l'émouture
- Coupe au disque de la lime côté semelle à la
moitié de la longueur de la semelle finie (au total il reste
environ 11 cm des 25 de la longueur initiale de la lime)
- Allongement de la semelle avec une grosse dimnution de
l'épaisseur
- 3 normalisations à la forge et à l'air pulsé
- 1 recuit dans les cendres
- toujours pas de panne de gaz, durée totale des travaux
(trempe, meuleuse, forge: 1h50)
Au bilan c'est mieux que d'habitude car il reste
plus de matière mais aussi des défauts
- le tranchant est un peu trop gros à mon avis
- l'émouture n'est pas assez marquée
- la lame est un peu trop grosse
- l'état de surface complet n'est pas très plan
==> Tout cela va obliger à enlever
beaucoup de matière au back, ce qui n'est pas
élégant en terme de productivité mais au moins pas
de questions sur une décarburation quelconque en surface "if
thou wilst a keen edge win, forge it thick and grind it thin".
01-JUL-2017:
c'est en forgeant...
Ce matin avec le morceau de lime restant, j'ai voulu
faire un second "Harricana" mais avec soie courte. et puis un instant
j'ai cru que ça suffirait à faire une plate semelle.
Bilan: comme d'habitude, un brut un peu trop fin, qui n'a pas la forme
du modèle et une semelle un poil trop courte. 3 normalisations
et un recuit dans les cendres. Je ferai peut-être une forme free
style à main levée. Je préfère forger sans
gant sur la main droite qui tient les marteaux et donc avec 2
séances proches dans le temps, ma petite main de citadin des
bureaux présente quelques traces de friction proches de
l'ampoule.
Cette fois, j'ai beaucoup aminci pour obtenir 20 cm
à partir de 10, j'ai souvent forgé alternativement
semelle et lame et je me suis trop éloigné de la forme
finale, ce qui gâche de la matière. J'ai pas encore
trouvé mon style. Séance d'environ 2 heures et toujours
pas de panne de gaz. Beaucoup de calamine autour de l'enclume cette
fois: le bruit plus fin monte vite en température vers la fin de
forge.
02-JUL-2017
Sortie des cendres du second brut de forge. A la
brosse rotative sur la perceuse, j'ai peu blanchi les faces. Au back
j'ai façonné le contour du "Harricana". Au passage je
note que l'épaisseur plus importante ralenti sacrément le
travail de détourage même avec une bonne bande de 36, bien
agressive. Ensuite j'ai cherché un profil parmi mes archives
pour le second brut. Rien de vraiment adéquat ou alors que des
choses trop petites. J'ai cru voir dans le brut une forme de
"Harricana" plus arrondi que j'ai essayé de détourer
à l'oeil. Mal m'en a pris: le manche est trop petit en hauteur
et la lame trop grande dans la même direction. J'ai fait au mieux
mais le "Freestyle" est moche je crois.
Ensuite avec l'aimant et la table vertical j'ai
rectifié les faces, pas trop. J'ai limé deux
casse-goutte. Je note que le "Harricana" pourtant issu de la même
lime que le "Freestyle" est un peu plus dur. J'ai ensuite limé
les lignes d'attaque des émoutures au niveau du ricasso en me
servant d'une petite bride plate comme guide pour avoir une bonne
symétrie. Là aussi, le "Harricana" se montre plus
résistant. Pour finir, j'ai cassé les angles des
tranchants au back en faisant une début d'émouture de 5
à 7 mm de hauteur. Ça suffira pour aujourd'hui, on est
2h30 plus tard...
03-JUL-2017
Aujourd'hui j'ai percé les semelles des
"Harricana" et "Freestyle": 3 trous de 6.5 mm pour y passer tout ce
qu'on veut (Cy Swan) et 4 trous de 10 mm pour alléger le tout.
Et un petit chanfrein devant derrière avec une fraise à
noyer.
Après j'ai repris la planéité
de la semelle du "Harricana" à la lime. Pourquoi pas au back.
Parce que l'autre jour le même exercice m'avait détendu.
ben oui faire des couteaux ou les affûter ça peut
être une thérapie.
Tiens au fait j'ai fait des frais: j'ai
racheté à mon collègue de boulot collectionneur de
lames une copie chinoise de marque LAND (un des nombreux avatars de San
Ren Mu je suppose) d'un Sebenza en 12C27, avec pivot sur roulements
à billes et thumb stud + passage dragonne anodisé bleu.
Un cadeau d'anniversaire pour son père qui craignant les foudres
(?) de sa femme l'a refusé.
04-JUL-2017
Ce soir j'ai taillé les émoutures du
"Harricana" au back à P60 et P100. Pour une émouture type
sabre haute de 15 mm sur une largeur totale de 25 au ricasso en
laissant 0.5 mm au tranchant, cela fait un demi angle au sommet
d'environ 4.6° (en étant conservateur). M'y suis encore pris
je ne sais comment, mais par endroit j'avais une largeur de tranchant
déjà à 0...
Ensuite j'ai repris les plats et les
émoutures aux limes demi-douce et douce sans finir la
dernière émouture cependant.
05-JUL-2017
Fin de la seconde émouture à la lime
douce. Polissage au P180 et 240. De grosses rayures sont apparues. Je
suis donc revenu en arrière parfois à la lime douce ou
bien au P120. A mon goût il reste des rayures mais j'ai
décidé d'arrêté là. Les gros
défauts
- le tranchant est à 0 mm de largeur sur presque toute la
longueur sauf à la pointe
- le tranchant n'est pas au milieu
- les lignes d'attaque des émoutures ne sont pas
symétriques
Dommage, c'était jusqu'à aujourd'hui
mon couteau le mieux forgé: assez plan, semelle bien fine
à 50%, pointe bien épaisse à 80%, suffisamment
épais au ricasso. C'est décourageant, j'ai parfois
l'impression de régresser.
06-JUL-2017
Ce soir j'ai taillé l'émouture du
"Freestyle". J'ai commencé par une sabre haute à 6°
mais rapidement je suis arrivé à un tranchant de 0 mm de
largeur... Alors j'ai poursuivi l'émouture à la main,
convexe: P60, 100, 220 et 400.
Après j'ai aussi fabriqué un second
chiffon gras "rag in a can" façon "Paul Sellers" mais dans un
petit tube de PVC de 20 mm environ, pour pouvoir atteindre des petits
endroits où le gros ne va pas. Depuis quelques semaines, j'ai
pris l'habitude de passer une fine couche d'huile sur tous les
métaux après mes séances de bricoles
coutellières: face de l'enclume, marteaux, tiges du back, pinces
de forge, support pour émouture. Le chiffon est
déjà très sale mais cela semble bien prevenir la
vilaine rouille orange.
07-JUL-2017:
trempes en séries
Ce soir j'ai trempé les 3 lames en attente
avec un revenu dans la foulée. En partant de limes que j'estime
plutôt proches d'un XC100 (même si j'aimerai un poil de
chrome dedans), il faudrait austéniser à 800°C et
tremper à l'eau. Les lames sont fines, je veux tremper en
sélectif et au goop, on va donc monter un peu dans la
fenêtre de température, à 820°C. A l'eau ce
serait optimal, mais sur des épaisseurs très faibles le
goop avec la grosse "pompe à chaleur" que représente la
chaleur latente de changement d'état (solide vers liquide),
ça devrait marcher. Bon faut bien se lancer pour essayer.
J'aurai aussi voulu faire 3 trempes de suite, comme
Ed Fowler, pour voir. Je vous résume les opérations
"Freestyle"
- 3 mm au ricasso, 3 min à 820°C avec 3 trempes
sélectives de suite au goop sur 8 mm
- (c'est trop chiant, je décide de trempes simples pour les deux
autres)
- essai à la lime demi douce: OK
- pas mal de déformation au dos
"Iktotat"
- 2 mm au ricasso, 2 min à 820°C avec 1 trempe
sélective au goop sur 8 mm
- essai à la lime demi douce: OK mais pas près du ricasso
- seconde austénisation, 2 min à 820°C avec 1
trempe sélective au goop sur 8 mm
- essai à la lime demi douce: OK
- pas beaucoup de déformation
"Harricana"
3 mm au ricasso, 3 min à 820°C avec 1 trempe
sélective au goop sur 8 mm
- essai à la lime demi douce: OK mais un poil plus tendre au
ricasso
- pas beaucoup de déformation
Comme je trempe toujours la pointe en premier, le
talon de lame noircit/se refroidit très vite et avec des aciers
simples sans chrome, on a souvent de l'ordre de la demi-seconde pour
passer sous la barre des 600°C (le "nez" perlitique). Bref sur mes
3 lames c'est loin d'être parfait au talon de lame je dirai.
Pour les 3
- passage à -18°C pendant 30 min
- petit coup de spray -50°C sur le "Harricana" seulement
- 1 h à 200°C
- refroidissement brusque en seau d'eau
- retour à -18°C jusqu'au lendemain
08-JUL-2017
Le matin, avec la scie circulaire sur table, j'ai
découpé des plaquettes de mirabellier, pommier et
prunier. Pas sûr que ces petits morceaux
récupérés localement donnent de quoi faire des
manches: fissures, duramen trop petit, essence uniforme et ennuyeuse
à l'oeil. Ce que j'ai coupé ne suffira pas de toute
façon pour les 3 couteaux.
J'ai sorti les lames du congélateur
après exactement 12 heures à -18°C.
- 1 h à 200°C
- refroidissement brusque en seau d'eau
- retour à -18°C jusqu'au lendemain
09-JUL-2017
J'ai sortie les lames du congélo après
24 h.
L'après-midi, j'ai tracé,
découpé grossièrement et percé les
plaquettes
- zebrano pour le "Freestyle" parce que mes essences locales
n'étaient pas assez nombreuses
- mirabellier de 2014 pour le "Harricana"
- prunier de 2015 pour l'"Iktotat"
3 mm percé à 3.1 pour les deux
premiers rivets laiton et 6 mm percé à 6.1 mm pour le
tube passage dragonne en laiton. La méthode du trou plus gros
dans la semelle de Cy Swan ne s'est pas révélée
optimale pour mes plates semelles: trop de risque de
désalignement: L'exemple que j'avais vu avait une garde contre
laquelle la plaquette est pressée. Dans ce cas ça va
bien. J'essairai de m'en souvenir.
J'ai eu du mal à avoir des plaquettes
parfaitement planes malgré le miroir et l'abrasif en feuille: il
y a toujours un très léger manque de matière
à l'avant et à l'arrière de la plaquette. J'avais
résolu ce problème par le passé en passant de
vieux abrasifs chinois à des Norton de premier choix.
Aujourd'hui le problème était encore là
malgré les abrasifs Norton.
Les semelles ne sont pas très planes. Je
ferai au mieux mais je crois qu'il faudra que je compense par un
excès de colle et un serrage modéré. Prochaines
étapes avant le collage: sablage, polissage des lames et gravure
du logo.
13-JUL-2017
J'ai nettoyé les 3 lames au disque abrasif
à poils en plastique. Cela devrait enlever suffisamment de
calamine et m'autoriser à utiliser la sableuse du boulot dont le
chef de l'atelier ne veut pas que je lui pollue son joli abrasif
"Edelkorund" qui lui sert surtout à transformer l'état de
surface de certains moules d'injection.
14-JUL-2017
Le chef d'atelier m'a dit d'accord et j'ai donc pu
sabler les 3 lames tranquillou bilou.
15-JUL-2017
Tentatives de logos. Le transfert du masque en toner
s'est fait du premier coup sur 2 lames mais sur le "Freestyle", il m'a
fallu 3 essais. La surface un convexe sans doute. Quant à la
garvure électro chimique, elle était bien partie sur
l'"Iktotat" mais arrêt soudain et plus rien. Rien non plus sur
les deux autres. Cela arrive bien trop souvent. Il va peut-être
falloir investir dans un vrai système? Car tout cela m'a
coûté une heure complète, sans résultat.
Avec un système à masque/resist, une application, une
trempette, un coup de jus et c'est torcher. Maxi 15 minutes pour les 3
lames et je pouvais passer à la suite. Gâchis. J'ai
découvert une fissure tarversante dans le manche de l'"Iktotat".
Fissure bizarre car loin de la zone trempée. Bon on saura que
ça arrive aussi.
16-JUL-2017
J'ai encore tenté à deux reprises de
faire la gravure électro-chimique et j'ai lamentablement
échoué. J'ai laissé les masques. A l'usine le
service qualité fait des coupes et des attaques chimiques de nos
sertissages électriques. Ils ont un electrolyte spécial
et une sorte de crayon sous tension: en fait exactement le même
montage que moi, mais pas en matos d'amateur. Je vais tacher de faire
un essai en présentant mon plus large sourire aux laborantines.
Du coup j'ai faconné les faces avant des
plaquettes avec chanfrein à 45° et polissage à la
pâte 40 microns. Une plaquette en prunier de l'"Iktotat" a fait
remonter une fissure. Je constate aussi que les plaquettes ne sont pas
très jointives, la faute à des semelles dont la
planéité est loin d'être parfaite, surtout sur le
"Freestyle". Je crois que mon niveau baisse parce que l'implication,
l'engagement ne suit plus.
17-JUL-2017
Je me suis dit que mon problème de gravure
c'était peut-être juste un courant ou une tension un peu
faible, avec l'oxydation des pinces croco, etc. Du coup j'ai ressorti
de la cave de mes parents un antédiluvien chargeur de batterie
complètement conventionnel avec 6 A max. Il possède un
ampèremètre et cela m'a permis de constater qu'en effet,
au début, il n'y a quasiment aucun courant qui circule, puis au
fur et mesure il augmente jusqu'à 1 A environ. Bref ça a
marché!
Devant tant de réussite, j'ai ressorti la
lime bâtarde et j'ai tenté d'améliorer la
planeité des semelles des 3 lames, lime de travers. J'ai ensuite
poli à la va-vite les lames Au P180, 240, 320 et 400. Le but
c'était de faire des révélations au perchlorure de
fer. Le bilan est mitigé: la ligne de trempe ne remonte que d'un
quart ou d'un cinquième de hauteur de lame mais en plus la
pointe de l'"Iktotat" n'est même pas trempée.
Cela prouve, à côté des recuits
hyper faciles, que ce sont deux aciers sans chrome qu'on a très
peu de temps pour tremper. L'eau serait sans doute plus
indiquée... Peut-être aussi austéniser à la
forge, histoire d'aller très vite au bac de trempe. L'ouverture
de la porte du four me fait perdre un temps précieux...
19-JUL-2017:
comment foutre en l'air au moins 10 heures de boulot...
Pas super content de la faible et assez
irrégulière zone trempée sur mes 3 lames, surtout
l'"Iktotat" avec une pointe sans trempe. J'ai essayé de faire
une chauffe locale du tranchant, à la Ed Fowler. Impossible avec
ma lampe à souder. Je vais chez le voisin, plombier, et je lui
emprunte son chalumeau oxy-acétilénique.
C'est parti pour 3 trempe avec un aimant pour
tâter le point de Curie (perte de magnétisme à
727°C pour le fer, cela indique qu'on s'approche des 800°C).
J'ai l'impression de bien avoir l'orange à obtenir et paf dans
le goop. A la troisième trempe je trouve le talon peu
marqué alors je décide faire une quatrième trempe.
La lame s'est vrillée un peu à la
façon d'un tire-bouchon. Qu'ai-je fait? Aucune certitude. Mais
peut-être ai-je trop chauffé et en arrivant au fond du bac
de goop, j'ai poussé de travers sur la lame encore trop "molle"?
Bref tout cela est bien chaud, pas de soucis, billot en bois et marteau
de 100 g, vas y que je redresse. Ça vient, ça vient et
sans même taper dessus, 1.5 cm de pointe se casse et le long de
deux fissures distinctes faisant un angle d'environ 135°. A la
loupe, le grain est plus fin dans la partie trempée à de
nombreuses reprises (sans être extraordinaire) mais les sommets
des plans de clivage sont brillants et non pas mats. J'en déduis
la surchauffe, peut-être étais-je même proche de la
fusion dans cette zone à la très faible épaisseur
(peu de matière = peu d'inertie thermique).
Bref après tout le travail de forge, les
heures de revenus, tout l'usinage au back, à la perceuse et
à la main, c'est très frustrant. Bon il me reste deux
lames mais la faible zone trempée et sa dureté assez
basse (peut-être 56 HRc selon mes petits essais par comparaison)
ne m'encourage guère à poursuivre sans refaire des
trempes plus hautes et/ou plus vite et/ou dans des milieux plus
drastiques. Je me souviens qu'hormis au chalumeau, le temps d'aller du
four au goop, la pointe noircie déjà et sans trace de
chrome pour ralentir les transformations, il est déjà
trop tard.
J'ai cependant passé l'"Iktotat" au
congélateur à -18°C pour 1 heure et 30 min à
180°C (avec mon poisson en papillote). Je pourrai essayer de tester
le tranchant (m'enfin vu le grain, cela ne sert sans doute à
rien).
20-JUL-2017
J'ai réfléchi... Beaucoup... Trop.
Faire des trempes sélectives à la flamme sur des couteaux
forgés dans des limes, de temps à autre me prendra
- beaucoup de temps pour maitriser la technique
- beaucoup de rebut, donc de temps pour tout ce que je vais rater
- beaucoup d'argent pour le poste oxyacétylénique
(surtout les recharges)
Il me faudrait une autre solution de chauffe locale,
plus facile, plus répétable, physiquement proche du
milieu de trempe. J'ai resongé à cette video du site de
Brisa sur la trempe sélective des Lauri. C'est fait par
induction. Voila quelque chose de faisable pour l'amateur. On trouve en
Chine pour 35 EUR un kit avec un serpentin en cuivre qui peut aller
jusqu'à 1000 W et 20 A. Par contre, il faut y adjoindre une
alimentation, entre 12 et 48 V pour le kit. Plus l'alim est puissante,
plus ça chauffe... Evident. Une alim 48V et 8.3 A coûte
sur ebay dans les 50..60 EUR. Le serpentin chauffant
énormément, il est aussi prévu de le refroidir par
circulation d'eau. Faudrait donc une petite pompe à eau. Et puis
selon les retours du Net, il pourrait être judicieux de fixer un
ventilo de PC sur l'ensemble de la platine. Nous voilà sans
doute sur une bonne centaine d'euros.
J'ai refait les trempes sélectives au goop
des "Harricana" et "Freestyle". Je ne vois pas pourquoi je devrai me
satisfaire d'un truc que je considère par trop inférieur.
Oui je risque encore de tout fiche en l'air, mais tant pis. Les
tranchants étant déjà archi fins, je me suis
contenté d'une trempe simple. Je ne veux pas décarburer
davantage l'acier. Je testerai des trempes triples sur des projets plus
épais.
Parmi mes reflexions du jour, je me suis dit que la
première fois, je n'avais peut-être pas laissé les
lames emmagasiner suffisamment de chaleur. Alors je suis passé
de 820 à 800°C pour la température
d'austénisation avec un temps plus long (et un four
préchauffé plus longtemps pour un peu plus de
stabilité thermique).
- 5 min d'austénisation pour le "Freestyle" plus fin
- 6 min pour le "Harricana" un peu plus épais
Pour faire vite, j'ai laissé la porte du four
ouverte et je suis passé pointe la première dans le goop
de 8 mm de profondeur, puis dans le goop de 12..15 mm. Pour la seconde
lame, le goop de 12..15 mm a pris feu. Rien de grave. Mon bac est une
vieille boîte métallique de douilles et cliquet 1/2" de
marque Stahlwille trouvée dans la benne de l'usine. Ouverte
à plat, le couvercle est moins profond que l'autre
moitié, ceci expliquant des hauteurs de goop différentes.
Ensuite j'ai essuyé les lames au chiffon en coton pour les
laisser doucement retomber en température. J'ai un peu
poncé grossièrement un tranchant pour y passer un peu de
perchlorure de fer. Difficile d'y voir clair mais les zones
trempées sont plus hautes, surtout sur le "Harricana". La lime
demi-douce patine bien. Après neutralisation du perchlo, j'ai
tout mis au congélateur à 19h45.
Le trempe par induction je vais la garder dans un
coin de ma tête.
22-JUL-2017
Profitant de la cuisson de 3 brioches (oui je fais
de grosses quantités à l'avance et je les congèle)
et pour ne pas allumer le four pour rien, j'ai sorti les 2 lames du
congél' à 9h51 pour 1 h à 200°C avec
refroidissement subséquent dans un seau d'eau froide et retour
au congél' à 11h08.
En faisant mon jogging j'ai repéré une
vieille tondeuse devant une maison du village: sans doute une offrande
au ferrailleur qui m'a déjà fauché à 2
minutes près de jolis morceaux de ferraille. Je suis donc
allé un peu plus tard sonner, je vous passe les
présentations
et je suis reparti avec la lame de la tondeuse: 51 cm de
diamètre et 2,5 à 2,7 mm d'épaisseur. Bon à
l'évidence, à cause des risques de chocs, ce ne sera pas
un hypereutectoïde mais je pourrai peut-être y forger un
projet ou deux.
Mes brioches ayant poussé bien moins vite que
prévu (sans déc, prenez de la levure fraiche, le cube de
42 g, pas la sèche!) je me suis retrouvé avec un four
chaud tard dans l'après-midi et j'ai donc enquillé le
second revenu en sortant les lames du congél à 15h57.
Encore 1 h à 200°C, refroidissement en seau d'eau froide et
dernier retour au congél à 17h34.
23-JUL-2017
J'ai sorti les lames du congél à
16h21, nettoyage au disque abrasif à poils en plastique puis aux
disques sisal et coton (pâte noire resp. verte).
Dégraissage et petit bain de perchlorure de fer. nettoyage
à la paile de fer et disque flanelle avec pâte blanche.
Bilan
- "Harricana" 3 mm de tranchant trempé au ricasso allant
progressivement jusqu'à 6 mm à la pointe
- "Freestyle" 3 mm de tranchant trempé au ricasso allant
progressivement jusqu'à 4 mm à la pointe
- les surfaces ont de petits cratères à force de
décarburer
- avec des largeurs de 25 mm et une trempe sur 1/3 je devrais
être à 8 mm. Aurait-il fallu tremper plus profond?
C-à-d dans le goop 12..15 mm au lieu de 8?
- le "Freestyle" s'est un peu déformé (en banane)
- je crois que je vais les monter et les brader au marché de
Noel prévu en novembre dans mon patelin
Et voilà, un peu plus tard, j'ai
nettoyé la semelle du "Harricana" au disque abrasif, un coup
d'acétone pour dégraisser (quincaillerie comprise), un
coup de décireur sur les plaquettes, préparation de pas
mal d'époxy et mise sous presse. Nettoyage au coton-tige
imbibé d'acétone des débordements d'époxy
au ricasso et à demain!
24-JUL-2017
J'ai sorti le "Haricana" des presses et j'ai
commencé à façonner le manche.au back. Les
plaquettes sont plus jointives que prévues. Je les ai
laissées assez ventrues dans la seconde moitié et
beaucoup affinées près du ricasso pour bien pouvoir
pincer le couteau entre pouce et index. Les veines du mirabellier sont
plus présentes que prévues aussi, une assez bonne
surprise.
25-JUL-2017
J'ai fini de façonner le manche du
"Harricana" à la main avec de nombreuses bandes d'abrasifs: P80,
120, 180, 320 et 600. J'ai repris les contours de la semelle au back
jusqu'à P400. Ensuite un polissage à la pâte 40
microns et pour finir un gros nettoyage au décireur. Une petite
couche de l'huile du kit CCL juste pour le plaisir de voir le grain
ressortir. Je passerai les diverses couches d'huile demain.
26-JUL-2017
J'ai corrigé deux bricoles au back sur le
"Harricana": des rayures restantes dans l'encoche du pouce et le petit
plateau sous le casse-goutte pas tout à fait perpendiculaire au
plan médian du couteau. Ensuite j'ai passé mes couches
d'huile de tung habituelles: 3 couches d'huile de tung diluée
à 49.25% avec de la térébenthine et 1.5% de
siccatif et 2 couches d'huile de tung pure avec 1.5% de siccatif. Grace
au siccatif, j'arrive à passer de nombreuses couches successives
en une soirée car elles sèchent très vite au
toucher. Je dois avouer que je trouve le "Harricana" très
à mon goût. Je crois que je vais le refaire.
27-JUL-2017
Le matin avant de partir au boulot j'ai mis la
dernière couche d'huile de tung pure avec 1.5% de siccatif.
29-JUL-2017
Le manche du "Harricana" semble bien sec. Je lui ai
passé deux couches de cire de carnauba au disque à polir.
Ensuite avec la meule à eau, j'ai mis un demi-angle au sommet au
tranchant de la pointe (les derniers 2 cm) de 20° pour plus de
robustesse et avec ma copie chinoise d'affuteur Lanski, j'ai mis
15° sur le reste avec la pierre 320 enduite d'huile. 320 pour de
l'agressivité. J'ai passé un petit coup de cuir enduit de
pâte 2 microns pour finir.
La finition de la lame est loin d'être
parfaite (profondes rayures) mais la forme est vraiment jolie et le
bois du mirabellier familial superbe. J'ai testé par comparaison
la dureté de la zone trempée: au moins 63 HRc car le
Lauri PT ne le raye absolument pas. Je ne pensais pas obtenir au final
une telle dureté au goop avec un acier qui semblait avoir un nez
perlitique à 600°C bien en dessous de la seconde. Une bonne
surprise. Mais j'aurai pu m'en douter un peu car le tranchant ayant
été réduit à zéro (demi-angle
~6°) lors des émoutures, le brut rasait déjà
tout en assurant une rigidité latérale étonnante
du fil, rigidité qu'on ne peut atteindre qu'avec une
dureté, synonyme de résistance mécanique,
très élevée. Le fameux test américain du
"edge flex" est passé haut la main: flexion du fil sur un
cylindre métallique de 6 mm (un tournevis par exemple): le fil
doit revenir -élasticité, résilience- et non pas
casser -trop dur par rapport à la géométrie.
Excusez moi, je suis presque fier, ce qui me met toujours mal à
l'aise.
07-AOU-2017
Je rentre de vacances des Landes, dans un mobile
home, tout proche de l'océan. Pour la cusine j'avais pris mon
couteau à pain (voir galerie en MAR-2015) et mon couteau
d'office (MAR-2016). Et le "Harricana" mais juste pour le montrer
à un pote.
- le bois de rose a beaucoup gonflé, un bon demi
millimètre je dirai. J'aurai dû le huiler avant de partir
(jamais fait depuis la fabrication)
- l'amourette a gonflé, mais très peu. Jamais
huilé depuis la création et il a vu beaucoup d'eau au
momenet des lavages
- le mirabellier a gonflé aussi, plus que l'amourette, beaucoup
moins que le bois de rose et malgré (ou à cause d') un
séjour permanent en étui en cuir, de nombreuses traces de
rouille sont apparues, surtout sur la partie trempée (en contact
avec le martyr de l'étui?)
11-AOU-2017
Aujourd'hui j'ai devancé le ferrailleur du
samedi dans le village (et pour cause, on est vendredi!): devant la
maison où j'ai vu trainer moultes ressorts, j'ai vu le proprio.
Je lui ai fait mon speech je suis du village, je forge des couteaux en
hobby, etc. J'ai pu repartir avec un grand ressort issu du train AR
d'une Golf I. Le diamètre
du fil est environ 10 mm, c'est un peu trop petit pour y faire une de
mes lames habituelles mais peut être que ça sufira pour un
outil un jour. J'ai juste oublié de lui demander de quelle
bagnole le ressort provient.
12-AOU-2017
Bon c'est encore les vacances alors le matin j'ai
pris mon courage à deux mains et je suis retourné au back
pour améliorer la finition du Harricana et aussi sortir les
points de rouille. J'ai commencé à la bande P220 à
1000 tr/min, puis la P400 à 900 tr/min et enfin la P800 aussi
à 900 tr/min. ensuite j'ai callé le manche dans un
chiffon avec des serre-joints et j'ai repris le tout à la main
au P400 et P600 huilés. J'ai bossé en tout deux heures
(merci Jean Claude Ameisen): il restait des rayures faibles et j'ai un
peu "niqué" la ligne entre émouture et plat de lame (le
shinogi si ça vous cause) à gauche mais plus de traces de
décarburation.
Ensuite gros passage au disques à polir (je
n'aime pas ça, surtout avec un couteau déjà
affûté: on perd vite un doigt amha): sisal et pâte
noire, coton et pate verte, flanelle et pâte blanche. Presque un
miroir dans la zone trempée mais plus de ligne de trempe
visible. Alors j'ai refait une révéltaion d'une minute au
perchlorure de fer, puis un polissage à la paille de fer et
comme la lame est restée mate j'ai mis de la pâte à
polir à trois reprises, sans succès. la lame est joliment
mate et on voit bien la ligne de trempe.
La manche étant un peu collant et sec depuis
le retour de vacances (comme si le mirabellier avait absorbé la
cire de carnauba), j'ai remis une couche de cire pour meubles (Formule
Bois de Generic SARL, un truc pour antiquaire, vieux meubles et marbre,
chance aux jeux, retour d'affection, etc). Pour finir un nouvel
affûtage à la Norton IB-134 P400 suivi d'un petit coup de
cuir enduit de pâte 2 microns. Le perchlo a fait ressortir des
faibles rayures longitudinales comme s'il avait "bouffé" des
parties moins dures.