Et encore, je vous ai mis le côté le moins moche... La
chaleur fait ressortir de l'huile de l'ébène.
01-NOV-2015
"Le professeur Tauchmann reprendra ses cours de
navigation". J'ai collé à la résine époxy
la lame du "Caplan" sur le manche
- un nouveau dégraissage à l'acétone suite
à la chauffe pour la brasure à l'étain de la garde
- mélange de 2.4 g de résine (1.2+1.2), c'était
déjà un peu trop pour le volume à remplir; la
résine étant un peu épaisse (date de
péremption?) je l'ai passée 10 s au micro-ondes sous 450
W. Ça marche, elle se liquéfie mais il me semble qu'elle
s'est mise à prendre bien plus vite (ce qui est sans doute
normal)
- sur cette variante je souhaite mater le rivet dans un trou
chanfreiné (jusqu'à présent j'ai toujours tout
collé et "raboté" les rivets à fleur de surface),
j'ai donc enlever le clou de 2 mm après la mise sous presse
- l'avantage avec la garde brasée c'est qu'il n'y a pas besoin
d'essuyer les excédents de résine à la base de la
lame
03-NOV-2015
Ce soir je me suis remis à la forge. Je crois
que je vais laisser tomber la bague de roulement dans laquelle je
voulais faire un "Franquelin". Il n'y simplement pas assez de
matière en épaisseur et en largeur. J'ai superposé
d'autres profils de lames mais bof bof, y a toujours un truc qui ne me
va pas. Du coup j'ai voulu faire des exercices.
J'ai aplati encore un peu le roulement avant de le
mettre à recuire dans mes cendres et j'ai pris une vieelle
râpe de brocante à section "demi-ronde" de 22 mm de large.
J'en avait déjà enlevé toutes les dents un jour
passé au back. Je voulais juste taper au sommet du dôme
pour essayer d'obtenir une largeur de 25 mm. D'un coup une main
à ma fenêtre (j'aère pendant la forge mais avec le
bruit je n'entends pas garnd chose), c'est celle de mon voisin directe.
sa femme m'entend et la petite Clara doit faire dodo. J'ai donc
arrêté aussitôt.
Le soucis c'est que ça fout en l'air tous mes
projets éventuels hivernaux de forge. Je pensais qu'avec au
moins 3+3+4=10 m minimum de distance et les murs, on ne m'entendrait
pas.
04-NOV-2015
Bon, pas de frappe ce soir. J'ai sorti la bague du
roulement et la râpe du seau de cendres.
- la bague peut "contenir" tout juste la forme du "Franquelin" mais je
crois l'épaisseur trop irrégulière
- la râpe a atteint difficilement 24 mm de largeur sur sa
moitié (j'ai dû arrêté hier avant d'attaquer
la seconde moitié). Mon but c'était d'atteindre 25..26 mm
ce qui "coûtera" encore de l'épaisseur
Sinon j'ai songé à travailler
ultérieurement un morceau de lime. Encore faut-il qu'elle soit
"pleine" de carbone à coeur et pas qu'en surface (on dit
cémentée). J'ai donc pris une des deux vieilles limes
(de marque Vigor-Vigor) appartenant au grand-père de la
épouse d'un collègue me les ayant
généreusement offertes et j'en ai chauffé la queue
à la forge. Pas facile de travailler à la couleur.
J'étais presque au jaune et selon mon petit document sans doute
plus proche des 1000 que des 800°C. Pschitt dans un seau d'eau
froide, étau et casse au marteau. Casse très facile.
Examen à la loupe: grossissement outrancier du grain mais tout
semble homogène, j'en conclus qu'elle est pleine de carbone
même à coeur et dans l'optique d'en couper un bout, j'ai
chauffé l'autre extrémité jusqu'à un orange
de peut-être 850..900°C avant de la plonger dans mon seau de
cendres. Elle a une section de 30 X 7 mm avec une pointe à 3 mm.
Je vais calculer
approximativement quelle longueur couper pour un projet donné
(pas encore choisi) et j'y souderai un bout de fer à
béton pour la manipulation.
05-NOV-2015
J'ai dessiné un couteau à plate
semelle, un peu plus grand que d'habitude (195 mm), avec une pointe
assez haute et un arrondi prononcé, un petit couteau de chasse
sans doute, le "Frichet". Son dessin "tient" dans un plat de 195 X 35
[mm].
J'ai donc scié 100 mm à la
pointe de la lime Vigor Vigor avant d'y souder une barre de 8 mm. Le
morceau à une section de 30 X 7 [mm] qui s'affine
régulièrement jusqu'à 3 mm. J'ai été
étonné par le peu de résistance au sciage de
l'acier, mais hormis le recuit d'hier soir, j'avais déjà
fait un recuit au four vers 690°C de cette lime par le passé
(si j'en crois ses inscriptions).
L'idée de la forge c'est de doubler la
longueur en diminuant la section vers 3..4 mm, puis de forger la
pointe, amincir la lame, courber la lame vers le bas, sortir
l'émouture (ce qui va redresser la lame) et affiner
progressivement le manche. C'est plus facile à écrire.
06-NOV-2015
Dans la benne du boulot j'ai trouvé la petite
soeur de la lime de l'autre jour, à la différence que
celle-ci semble demi-douce et non pas bâtarde. Une lime plate de
200 X 20 X 4.5 [mm] (0.5 mm d'épaisseur de plus que l'autre).
Pas de marque non plus. Plus vraiment terrible mais qui rendrait encore
de fiers services en Afrique par exemple, avant qu'on ne la benne ainsi.
J'ai observé les deux limes à la
loupe. On voit que les sommets des arètes tranchantes sont
émoussés. Je me demande si on n'a jamais
songé à réaffûter des limes. Pour finir j'ai
commencé à reporter le profil du "Frichet" dans
une tôle pour m'aider à la forge.
07-NOV-2015
Bon Dieu c'est pas facile la forge quand on y
connait rien côté pratique. Dans un premier temps j'ai
essayé d'allonger mon morceau de lime de 100 X 30 X (3..7) [mm]
à 200 mm en gardant la largeur et en tachant d'avoir une
épaisseur constante. Mon idée était de taper avec
la panne du marteau (de 800 g; c'est le seul que j'ai avec une panne)
comme un rouleau à patisserie qui abaisse une pâte dans
une seule direction.
Au début je ne n'ai pas chauffé assez
je crois et ce fut très dur. Ce pauvre et ridicule lopin m'a
filé en deux temps trois mouvements une belle ampoule à
la première phalange de l'index. Mais avec un beau jaune (au
alentour de 1000°C), cela reste difficile pour moi débutant.
- Les nombreuses chauffes m'on fait perdre beaucoup de matière.
- la tige soudée de 40 cm est trop courte et finit par
être très chaude aussi; à la moitié de la
séance elle a cassé de toute façon, retour
à la pince.
- malgré mes efforts le lopin s'est aussi élargi à
35 mm environ
- et ne fait que 185 mm pour le moment, avec à peine 2.5 mm
d'épaisseur aux points les plus épais.
- j'ai ensuite essayé d'y forger une pointe et d'affiner la lame
en largeur afin de pouvoir encore l'allonger mais le métal
était trop fin: il fallait le faire alternativement!
- une fissure de 1 cm de long est apparue à 5 cm du bout du
manche.
- j'ai aussi essayé de former un début de garde pour
l'index et de courber la lame afin affinage de l'émouture qui va
redresser le tout.
J'aurai dû essayé d'allonger le
métal en contre-forgeant de temps en temps pour garder 30 mm de
largeur. J'aurai dû faire la pointe plus tôt, lorsque le
lopin était encore assez épais pour ne pas trop se
tordre. Idem pour l'affinage légèrement conique de la
pointe. J'aurai dû prévoir un lopin de départ plus
grand.
J'ai forgé en fin d'après-midi
à des heures où le voisin peut encore difficielement se
plaindre. Le soir j'ai fignolé au back le contour du gabarit en
tôle du "Frichet" et j'ai façonné
grossièrement le tranchet en fer à béton avant
trempe (on verra bien).
08-NOV-2015
Je suis retourné à la forge, pardon au
garage.
- A la scie circulaire et au back j'ai dégrossi le manche du
"Caplan"
- j'ai continué à taper sur le plat issu de la lime Vigor
Vigor: émouture et finition au marteau de la suface très
accidentée et une petite normalisation à la fin.
L'ébauche fait au maximum 2 mm d'épaisseur au milieu
- j'ai trempé mon tranchet à base de fer à
béton: test de la lime quedalle, si ça a durci, ce n'est
marginalement. je l'ai malgré tout, affûté.
- j'ai repris au back une des tables de ma massette de chantier de 1.5
kg, histoire de la bomber un poil

De haut en bas: le gabarit en tôle du "Franquelin", le plat issu
de la bague extérieure d'un roulement, un peu trop petit pour
que j'arrive à y "loger" un
"Franquelin" digne de ce nom. Le morceau de la lime dont la tige
soudée a laché hier, transformé en plat juste au
dessous. Le tranchet trempé et affûté
mais qui est resté mou, faute de carbone. Le gabarit en
tôle du "Frichet" et une râpe à bois aplatie pour
essayer de lui donner 25.4 mm de largeur pour
y loger un couteau à la forme simple, comme un "Chukotat".
J'ai encore eu des pertes au feu et trop de matière qui a
flué vers les côtés sur le morceau de lime. Il y a
environ 1.3 mm d'épaisseur restante devant
et derrière pour environ 2 mm au milieu. La largeur varie de 30
à 40 mm (c'est trop). Dois-je encore tenter un Frichet
dans cette faible épaisseur
ou plutôt un Franquelin. Dans les 2 cas, 2 mm maxi c'est vraiment
"jeune" pour soit un couteau de chasse, soit un robuste petit EDC.
09-NOV-2015
Je me suis décidé à faire de
mon plat deux couteaux d'office "Coxipi". Impossible de scier le
morceau en deux! Hier j'avais fini la forge par une normalisation
à l'air que j'avais un peu forcée en tenant le plat
devant la sortie de mon aspirateur de chantier. Il faut croire que
l'acier de la lime contient un peu de chrome (connu pour augmenter
fortement la trempabilité = on a plus de temps entre la sortie
du four et le bain de trempe pour transformer l'austénite en
martensite) car réussir une pseudo trempe à l'air ainsi
ne peut se concevoir autrement.
J'ai donc refait un recuit rapide à la forge
à gaz avec enfouissement dans mes cendres de poele à
granulés. Je testerai avec la scie et si cela ne suffit pas on
recommencera et ainsi de suite.
Pour finir j'ai recoupé 10 cm de la lime
Vigor-Vigor pour la souder à nouveau à un fer à
béton, le plus long que j'avais (~50 cm) avec en plus cette fois
le manche d'une vieille lime au bout, qui j'espère m'isolera un
peu mieux de la chaleur. Ben oui je recommence l'exercice du "Frichet",
mais cette fois le lopin a une épaisseur constante de 7 mm.
10-NOV-2015
La scie attaque avec beaucoup de mal le plat de la
lime. Nouveau recuit à la forge à gaz avec
refroidissement lent dans les cendres. Peut-être plus de chance
demain.
J'ai enlevé un peu matière sur le
manche du "Caplan", pour changer, à la main avec une râpe
à bois. Le bois de rose et l'ébène sont des bois
durs, si, si.
11-NOV-2015
C'est encore pas top à la scie... Nouvelle
chauffe, nouveau recuit, comme je peux. Pour la prochaine je saurai
qu'il vaut mieux sortir le four pour descendre vraiment doucement en
température.
14-NOV-2015:
sale temps pour la démocratie
C'est une bien triste journée. Faut continuer
de vivre et faire un pied de nez. J'ai forgé.
- la râpe à bois dans laquelle j'espère tailler un
Chukotat avec une émouture Kata-Ha si ça le fait. Pas de
pointe mais j'ai sortie un peu l'émouture, le plat a pris
suffisamment de largeur au manche et à la lame.
- j'ai recommencé avec un nouveau morceau de lime. Cette fois
j'ai pu l'allonger à environ 20 cm sans que la largeur ne
dépasse 32 mm environ (30 mm au départ) J'ai
principalement utilisé la panne de mon marteau de mécano
Facom 200.A42 de 1 kg. Il a fallu de nombreuses chauffes. Le plat est
très marqué. J'ai essayé de l'aplatir au mieux
avec la table bombée de mon marteau allemand de 800 g. Mais
c'est loin d'être parfait. Pas de pointe non plus. J'aurai
dû la faire avant même d'allonger le lopin! Quand le lopin
est trop fin, plus moyen de la faire! Cette fois j'ai deux petites
ampoules au pouce et à l'index malgré le gant.
- avec les dernières chauffes j'ai essayé d'aplanir au
maximum les lopins avant de les plonger dans les cendres pour des
recuits.
Avec pas mal de difficulté j'ai fini par
scié en deux le lopin forgé samedi dernier. Au back j'ai
façonné le contour de deux couteaux d'office "Coxipi"
dans ce lopin. J'ai mis au four de trempe froid les 4 lames
travaillées aujourd'hui. J'ai monté le tout à
760°C en baissant regulièrement la temperature par paliers
de 25°C. jusqu'à 620°C. Puis j'ai éteint le four.
On sortira le tout demain. En espérant pouvoir percer et
redresser au maximum ces ébauches.
A main levée j'ai façonné le
contour du manche du "Caplan". Je crois qu'il est encore un peu
disproportionné (trop grand) par rapport à la taille de
la lame. Par contre, pris seul, il est très bien pour une main
de 9 à 10 cm de large.
15-NOV-2015
J'ai sorti du four les 4 lames que je voulais
recuire. Un petit rappel sur le ou les recuits. C'est une
opération de traitement thermique qui peut servir à
plusieurs choses comme ôter de la dureté pour faciliter un
usinage, ôter des contraintes internes dues à des
opérations (comme la forge) ou homogénéiser et
affiner une structure cristalline. Voici deux liens qui résument
bien tout cela.
Wikipedia
et une
page
perso.
Les recuits à la forge et dans les cendres
sont bien moins efficaces que mon four. J'ai pu scier sans
difficulté le plat forgé hier pour y découper
grossièrement le "Frichet" et la râpe forgée hier
pour faire de même pour un "Chukotat".
Au back j'ai façonné les contours des
"Frichet" et "Chukotat" et j'ai aplani les deux "Coxipi".
Ensuite, comme le fait Murray Carter dans son livre
de forge japonaise, j'ai un peu forgé à froid les 4 lames
et j'ai aussi essayé d'aplanir au mieux les deux plus grosses
lames. Je vais tacher de les sabler au boulot dans les prochains jours.
Pour finir j'ai repris le manche du "Caplan" pour en
diminuer le volume global. Le reste de la finition se fera à la
main.

De haut en bas,
un des deux"Coxipi" forgés la semaine dernière dont
l'épaisseur varie de 1.5 à 1.9 à 1.3 mm (pointe,
ricasso, cul),
un "Coxipi" dont l'épaisseur varie de 1.4 à 1.9 à
1.45 mm (pointe, ricasso, cul) et avec une fissure
le "Frichet" forgé ce weekend dans un lopin de 100 X 30X 7 mm de
lime, dont il reste environ 2.3 mm d'épaisseur,
le "Chukotat" forgé dans une râpe demi-ronde de 2.5
à 5 mm d'épaisseur; j'ai conservé la partie ronde
dans le manche
pour un droitier et la partie plate complète pour en faire une
émouture Kata-Ha (creuse+sabre) et
le "Caplan" proche de sa forme finale.
16-NOV-2015
J'ai sablé les 4 lames de la photo ci-dessus
et j'y ai percé des trous de fixation de rivets et
d'allègement.
19-NOV-2015
La boutique locale qui vend des machines-outils et
tout ce qui s'en suit de par chez vend aussi certains métaux. Je
m'y suis procuré une barre cylindrique de 18 mm de
diamètre de C45k (désignation en rayon), ce qui
correspond à peu près à de l'XC45. Cet acier
contient assez de carbone pour être trempable, peut-être
pas à coeur, internet ne pouvant me dire si cette nuance
contient un peu de chrome ou autre élément
améliorant la trempabilité. Pour un couteau c'est sans
doute limite, mais il s'agissait d'avoir un peu de matière
d'oeuvre pour des bricoles à la forge, comme un tranchet par
exemple. Le premier m'ayant servi d'exercice, s'est
révélé non trempable même à l'eau
(fer à béton). Côté tarif c'est 5 EUR pour
600 mm. Le seul acier valable en rayon pour faire des couteaux c'est du
115CrV3. Plus tard peut-être...
23-NOV-2015
Les jours passent et je n'avance pas sur mes
couteaux. Ce soir je me suis fait violence pour aller dans le garage
froid. J'ai continué pendant une heure à poncer à
la main le manche du "Caplan". J'ai encore et toujours des sauts dans
la jonction ébène (très dur) - bois de rose
(dur). De belles fissures sont aussi apparues dans le bois de rose, au
cul du manche.
25-NOV-2015
J'ai travaillé au back mes 4 lames du moment
pendant un peu plus de 2 heures. Je les ai aplani toutes les 4 puis
j'ai commencé par l'émouture Kata-Ha (convexe et
scandinave) du "Chukotat" avec l'aide d'un support guide maison. Par
contre pour le "Frichet", à cause de sa finesse, il aurait fallu
un angle trop aigu, ce dont se contente difficillement un support. Je
l'ai donc "émouturé" à main levée (comme
j'ai pu). A cause de la forge et des épaisseurs fines et trop
irrégulières, le fini ne sera pas au top. Ils auront
vraiment le cachet du "forgé".
28-NOV-2015
Coutellerie toute l'après-midi mais au bilan
ce sera plutôt de la formation que du résultat...
J'ai fini toutes les émoutures entre
retouches et boulot complet. Pas facile avec les angles si petits
à cause des faibles épaisseurs. Hormis le "Chukotat" et
un "Coxipi", le "Frichet" et l'autre "Coxipi" ont des tranchants trop
fins avant traitement thermique. Ça devrait se déformer...
Le fort taux de carbone estimé des
pièces issues de la lime, devrait faire "gonfler vers
l'intérieur" les trous des rivets. J'ai donc repercé tous
les trous à une surcôte de +0.1 mm (2.1 mm pour les trous
de 2 mm, 4.1 pour les 4 mm et 6.1 pour le 6 mm). Va falloir que je
remonte le sélecteur de vitesse de la Bosch PBD40, les vitesses
sautent toutes seules. La boîte est enfin rôdée
depuis mon montage sous contrainte/hyperstatique avec de nouveaux
roulements.
J'ai poursuivi avec des normalisations afin
d'affiner le grains. J'ai d'abord couvert les lames chauffées
d'acide borique afin de limiter la décarburation et la calamine
qui s'ensuit. Avec le "Chukotat" assimilé à de l'XC45,
j'en ai fait 3 successives à l'air pulsé à 880,
840 et 800°C pendant respectivement 4, 3 et 2 minutes (les temps
sont toujours mesurés après remontée à la
température de consigne). L'air pulsé est fourni par la
sortie de mon aspirateur de chantier.
Avec les 3 autres, tous issus de la même lime
Vigor-Vigor assimilé à du 125Cr3 ou approchant, j'en ai
fait 3 successives à l'air à 880, 840 et 800°C
pendant
respectivement 4, 3 et 2 minutes. Les 3 lames étaient en
même temps au four. Elles ont refroidi sur l'enclume.
J'ai austénisé le "Chukotat" à
820°C pendant 3 min avant de le plonger dans de l'eau à
10°C (seau dans le garage). La lame était plus froide que je
ne voulais lorsque j'ai voulu la redresser. Le profil
asymétrique Kata-Ha favorise la déformation d'un
côté. Au troisième coup de marteau malgré le
billot en bois, le manche a "explosé". Le grain était
plutôt fin pour cette râpe bas de gamme. Pouvant
réparer/sauver le tout j'ai mis l'ensemble au congélateur
à -18°C.
J'ai trempé les 3 autres à l'huile de
colza préchauffée à 60°C environ, chacune
séparément. J'ai austénisé à
802°C pendant 4 min pour les petites pièces et 6 pour le
"Frichet". J'ai tenté des redressements avec les lames encore
chaudes, sorties de l'huile.
- réussite totale sur un Coxipi (celui au tranchant le moins fin)
- l'autre je l'ai cassé à l'avant: je pense pouvoir en
faire un petit couteau à bec d'oiseau. Le grain est super fin!
Ça réchauffe mon coeur d'arpète...
- quant au "Frichet" sorti droit, la partie la plus fine de son
tranchant a voilé
Idem, tout ce beau monde à -18°C. Tous
les tests à la lime indiquent de bonnes duretés.
Revenu du Chukotat 45 min @ 150°C,
refroidissement dans un seau d'eau et retour à -18°C pour la
nuit
Revenu des 3 autres ensemble 60 min @ 200°C,
refroidissement dans un seau d'eau et retour à -18°C pour la
nuit.

La photo n'est pas top mais le grain du "Coxipi" (lime) est le plus fin
de tout ce que j'ai parmi mes échantillons jusqu'à
présent. Ça doit faire des
couteaux d'enfer! Je rappelle que la seule façon d'avoir de la
dureté et de la résilience (résistance aux chocs)
en même temps en coutellerie (ces deux
paramètres sont antinomiques) c'est de la martensite d'une part
pour la dureté et des grains aussi fins que possibles
(idéalement à 14 ou 15 selon la
norme ASTM). Le "Chukotat" a des grains plus gros mais ils sont
déjà très fins. "On ne doit pas les voir l'oeil
nu" est un bon critère quand on n'a
rien de mieux pour mesurer.
29-NOV-2015
Suite des traitements thermiques dès 7h00 du
matin (fichu vent).
Revenu du Chukotat 45 min @ 150°C,
refroidissement dans un seau d'eau et retour à -18°C pour
5h30
Revenu des 3 autres ensemble 60 min @ 200°C,
refroidissement dans un seau d'eau et retour à -18°C pour
4h15.
L'après-midi j'ai repris jusquà P600
le ponçage du manche du "Caplan" avant de le polir à la
pâte 40 microns. Le bois de rose a des fissures à coeur.
Le trou que j'y avais fait pour loger le manche a été
découvert par le ponçage. Du coup une petite partie de
résine arrive en surface. Si on y ajoute que toutes les veines
rouges ont disparu et que la garde est dégueulasse à
cause de la soudure à l'étain, le tableau est complet. Ah
oui j'ai aussi maté le clou servant de rivet. Comme il est sur
des surfaces arrondies, ben c'est pas bien non plus, niveau
résultat...
J'ai voulu nettoyer les lames mais la calamine et
les restes de l'acide borique semblent si collants que j'ai remis cela
à plus tard, disons avec une sableuse au boulot cette semaine.
J'ai aussi débité une plaquette dans
un morceau de prunier prometteur qu'un collègue (et presque
voisin) m'avait donné
- ponçage de la face principale à plat avec la
dégauchisseuse,
- débit d'une tranche d'environ 8 mm avec la scie circulaire et
- mise à l'épaisseur avec la raboteuse (partie basse de
la dégau): je voulais une épaisseur de 6.5 mm environ et
me voilà avec 5 mm parce que les graduations de la raboteuse
doivent être décalées... C'est un peu juste pour le
"Frichet". Pour les deux "Coxipi" c'est très bien.
30-NOV-2015
J'ai remis un coup de fer à souder sur laface
avant de la garde du "Caplan", histoire d'atténuer la
catastrophe visuelle. Bof...
J'ai en tête de vouloir tenter de souder
à la forge de l'inox avec un acier carbone pour en faire un
"sandwich" comme celui des couteaux de Murray Carter. J'ai
trouvé dans la poubelle de l'atelier un petit bout d'inox de 80
X 30 X 3 [mm]. L'aimant ne l'attire pas, c'est donc bien de l'inox
austénitique (qu'on ne peut tremper) contrairement à
l'inox martensitique qui sert dans les couteaux (durcissable et que
l'aimant attire). Faudrait que j'en trouve un second de la même
épaisseur. J'ai trouvé sur Facebook un coutelier forgeron
français qui m'a affirmé que cela se soude sans grosse
difficulté. Même pas besoin de borax, il faut juste faire
des soudures étanches sur tout le pourtour de la trousse. Je ne
demande qu'à le croire...
J'ai constaté une forte déformation de
mes deux "Coxipi" après revenu. Je suis sûr qu'ils
étaient bien plus plans en sortie de trempe.
01-DEC-2015
J'ai pu sabler mes lames au boulot entre midi et
deux. Le soir j'ai tenté de les redresser. Impossible. Je suis
allé jusqu'à chauffer les manches à la lampe
à souder. Rien à faire. Même avec le marteau de 800
g. J'ai juste réussi à casser un petit morceau du
tranchant du "Frichet", celui qui était déformé.
En
plus une fissure est née juste derrière...
Bref je ferai mieux de tout jeter et de ne
plus investir une seconde dans ces lames. Mais je pense que cela fait
parti de l'apprentissage en autodidacte. Je vais donc continuer
jusqu'au bout malgré tout. Cela me donnera du courage pour les
prochaines. J'ai poli grossièrement à la main les lames
à P180, 220, 320, 400 et 600 avant de les passer au disque
chargé de pâte 6.5 microns. Ça donne un genre avec
le côté forgé et une sorte de "gros" grain dans la
surface.
02-DEC-2015
J'ai gravé les logos des trois lames
forgées dans la lime. Tous ont un défaut, c'est voulu
afin de rester dans le côté forgé, à la
surface imparfaite.
03-DEC-2015
Le manche cassé du "Chukotat" a
été ressoudé. Faut encore limer les cordons et
essayer de redresser l'ensemble. J'ai aussi essayé de parfaire
la soudure à l'étain de la garde du "Frichet" avec moulte
flux décapant. C'est mieux mais loin de la perfection. Cerise
sur le gâteau la ferule en ébène s'est
fissurée... Ah c'est sûr cette première
série de couteaux forgés c'est pas la réussite
flamboyante.
06-DEC-2015
Je n'ai pas été très productif
ce weekend. J'ai essayé de remonter la moyenne ce soir. J'ai
découpé les ébauches des 6 plaquettes en prunier
pour le "Frichet" et les deux "Coxipi". J'ai percé les trous et
poncé les plaquettes à plat au P60. Le prunier n'est pas
le bois le dur du monde. Après essais de montabilité des
rivets et afin de ménager un espace radial d'accroche de la
colle j'ai repris certains perçages à une cote
majorée de 0.1 mm.
07-DEC-2015
Il faut croire que le bois a travaillé car
j'ai aussi dû reprendre à une cote majorée de 0.1
mm tous les autres trous qui n'en avaient pas été
l'objet. J'ai façonné au back une pointe sur le "Coxipi"
cassé: c'est à présent un couteau "bec d'oiseau".
J'ai façonné et fini les parties avant des 6 plaquettes
en prunier et en souffrance, rayé les surfaces des rivets,
nettoyé les faces au décireur (bois) et à
l'acétone (acier) avant de tout coller à l'époxy
avec mise sous presse et nettoyage des excès au ricasso. Temps
passé: plus de deux heures.
09-DEC-2015
J'ai redressé du mieux que j'ai pu le
"Chukotat" mais ce n'est pas parfait. Ensuite j'ai repris
l'émouture sur les deux faces au back pour affiner un lpeu le
tranchant qui était à environ 0,65 mm. Il est à
présent à 0,45..0,50 mm d'épaisseur. Tant que le
back était de sortie j'ai aussi repris le dos de lame et le cul
du manche du "Chukotat" puis je suis passé au
dégrossissage des manches des "Frichet" et "Coxipi":
- mise à zéro des rivets
- contour des plaquettes
- ponçage P100, 220 et 400 des dos et chants de lames
- planage des plaquettes sur la table verticale
- chanfreins sur les plaquettes pour accélérer le
façonnage final à la main
Comme prochain exercice de forge je retenterai bien
encore un "Franquelin" dans une lime mais cette fois dans une 200 X 20
X
5 [mm]. je crois qu'avec cette taille de départ ce sera plus
facile. Il n'y aura que la pointe à faire, courbé la
lame, sortir l'émouture et affiner vers l'avant et
l'arrière. Pas besoin d'en doubler la longueur avec n chauffes
toujours génératrices de beaucoup de perte. Dans cette
optique j'ai allumé la forge pour chauffer à l'orange la
queue d'une des deux limes afin de la tremper pour la casser et voir le
grain. Bilan: punaise c'est vraiment d'la balle les limes de
qualité! Une finesse de grain incroyable (encore mieux que ce
que j'avais vu sur la lame cassée d'un des "Coxipi"; pourtant
grains les plus fins déjà observés par moi
à ce jour) et homogène jusqu'à coeur. J'en
déduis donc qu'il y a du carbone à coeur et que la lime
est bonne pour le service.
10-DEC-2015
J'ai commencé le façonnage à la
main des 3 manches en prunier local. Il y a des zones ou il n'y a pas
de colle entre plaquettes et semelle. Etrange vue la quantité
que j'avais mise. Bref j'ai rebouché à l'époxy.
J'ai repris à la main le polissage du
"Chukotat" à P400.
J'ai scié une fente dans un morceau de fer
à béton. Avec un burin je l'ai écartée pour
y insérer la soie de la lime que je compte forger. Elle a
été soudée ainsi et j'en espère plus de
solidité que sur mes deux premières tentatives similaires.